Un excédent budgétaire ! C’est ce qui est ressorti en substance de la session budgétaire organisée par le conseil municipal de Safané le vendredi 24 juin 2011 à la Maison des jeunes de Safané. Dans une salle archicomble, ont répondu présents 69 conseillers municipaux sur les 79 que compte la commune rurale, dont deux malades. Etait également présent aux côtés du maire Paton Séré et son staff, le haut-commissaire de la province du Mouhoun, Halidou Ouédraogo. Pendant plus de deux heures, le contrôleur financier de la province, Anombanébio Somé, a présenté de façon suivie et minutieuse le plan d’exécution du budget communal de Safané devant un conseil municipal visiblement averti.

Pour l’essentiel, on retiendra que Safané, même en tant que commune rurale, fait la pige à certaines communes urbaines du pays, en témoigne son bilan financier positif assorti d’un excédent. En effet, sur un total de recettes de 68 084 064 F CFA, en 2010, la commune a consenti des dépenses annuelles de 48 293 291 F CFA ; soit un excédent budgétaire de 19 790 773 F CFA réalisé grâce à l’appui financier de la Société d’exploitation minière de Mana Fobiri (SEMAFO). Selon le haut-commissaire du Mouhoun, Halidou Ouédraogo qui joue le rôle d’appui-conseil, la commune rurale de Safané est l’une des rares communes sous sa tutelle, qui arrivent à réaliser un excédent financier et qui n’est pas couverte de dettes.

Le premier responsable de la province s’est dit satisfait et a félicité le conseil municipal pour sa gestion transparente et parcimonieuse. Sitôt la présentation du bilan terminée, la quasi-totalité des conseillers ont exprimé leur satisfaction et se disent disposés à travailler avec le maire Paton Séré pour le développement de Safané. Car, se sont indignés certains, pourquoi chercher des noises à une équipe qui gagne. A ce propos, il faut rappeler que des élus du même conseil municipal de Safané, dans une missive publiée dans notre édition du 13 juin 2011, sous la rubrique "Confidences du week-end", avaient dénoncé la gestion du maire.

Selon les auteurs de cette correspondance, non seulement la gestion du maire ne répond à aucune norme mais aussi celui-ci serait à l’origine de la disparition d’un don de 20 000 euros obtenus dans le cadre d’un jumelage, et de 21 millions encaissés au titre du lotissement de la commune. Autant dire que cette session budgétaire du conseil municipal, s’est tenue dans un contexte où le casus belli était manifeste.

Déjà, le dimanche 19 juin dernier, la quasi-totalité des membres du conseil municipal, s’était réunie en urgence pour se démarquer de l’écrit paru dans le journal. Et, comme le maire Paton Séré en avait gros sur le coeur, il a saisi l’occasion pour rabattre le caquet à ses détracteurs à travers ce bilan public positif. Pour ce faire, il a présenté au conseil une correspondance du président du comité de jumelage de Montmorillon, qui dément catégoriquement lui avoir remis 20 000 euros. Selon cette correspondance dont nous avons reçu une copie (voir encadré), les paiements de toutes les sommes consacrées au financement se faisaient par virement bancaire auprès des entreprises ou du comité de jumelage de Safané pour le parrainage des enfants.

Toutefois, le maire reconnaît avoir pris une somme de 4 330 euros qu’il a remise à son 2e adjoint, comme frais d’équipement du centre de formation des jeunes filles de la commune. Mais à en croire le bourgmestre et les femmes bénéficiaires, le 2e adjoint ne se serait pas exécuté comme il se doit. En effet, depuis 2009, elles disent n’avoir reçu que de vieilles machines inadaptées. Dépitées, elles exigent maintenant l’intégralité de la somme en question pour pouvoir s’équiper.

Quant aux 21 millions encaissés au titre du lotissement de la commune, le maire Paton Séré avoue être surpris. Selon lui, s’il y a des comptes à rendre, c’est à son 2e adjoint de le faire puisque c’est lui qui est le président de la commission d’attribution des parcelles. Mais l’édile Paton Séré se dit malgré tout ouvert à tous et ne doute pas de la bonne foi de son 2e adjoint. Comment un maire qui réalise un excédent financier peut-il se rendre coupable de détournement d’un fonds alloué dans le cadre d’un jumelage, s’est émue Awa Sanogo, présidente du groupement des femmes de Safané, qui a tenu à nous exprimer son opinion, à l’issue des débats.

A vrai dire, cette session budgétaire avait l’allure d’une véritable plaidoirie. C’est donc après tous ces débats qu’il nous a été présenté quelques infrastructures réalisées par la mairie en collaboration avec ses partenaires. On y dénombre une gare routière et un marché en construction. Aussi, grâce à ses amis espagnols, le conseil municipal a construit entre autres, une clôture, une maternité et des logements au profit du CSPS de Safané.

Le démenti venu de Montmorillon

Ceci est la correspondance signée du président du comité de jumelage de Montmorillon en France.

Je tiens à démentir formellement les informations qui circulent à Safané, selon lesquelles une somme de 20 000 euros vous aurait été remise par le Comité de Jumelage de Montmorillon. Toutes les sommes dont je dispose sont consacrées à financer les programmes définis pour 3 années et tous les paiements sont effectués par virement bancaire auprès des entreprises ou auprès du Comité de jumelage de Safané, pour le parrainage des enfants. Je vous prie de croire, Monsieur le Maire, en l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Le Président du Comité de jumelage, Bernard Garnier

Boundi OUOBA

Le Pays