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Une lettre pour Laye : Où est passé l’ordinateur du ministre ?

Publié le dimanche 27 février 2011 à 22h44min

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Cher Wambi,
Comme tous les deux ans, Ouagadougou, la capitale du pays des hommes intègres, s’est drapée de ses plus beaux atours pour célébrer la fête du 7e art, le FESPACO, qui s’ouvre ce samedi. Dans l’attente que tu te mêles à la danse, d’une seule et même voix, souhaitons la bienvenue à ces milliers de festivaliers qui, en dépit d’une conjoncture internationale des plus austères, ont osé braver tant de kilomètres pour marquer d’une pierre blanche la 22e édition de la fête du cinéma africain. Conjoncture austère, disais-je, oui, cher cousin, à l’analyse des drames qui frappent les pays du Maghreb depuis le début de l’année, et dont l’onde de choc résonne jusqu’à nos portes.

Sans négliger la parade macabre des vautours au-dessus de la capitale du Centre-Ouest, depuis le mardi 22 février, recouverte d’une coupole de fumée noire : depuis le début de la semaine, Koudougou est en effet en ébullition du fait du décès de l’élève Justin L. Zongo, survenu dans des conditions diversement interprétées. Si la thèse de la méningite est officiellement évoquée, du côté des parents et des camarades du disparu, il aurait rendu l’âme par suite des sévices infligés par la police. Quoi qu’il en soit, le résultat est là et le même, une personne est morte. Conséquence, la révolte populaire avec son corollaire de biens détruits et encore d’âmes disparues. Une situation des plus préoccupantes et qui devrait interpeller plus d’un, au premier rang les autorités et les fils de la région.

Car il y a urgence à trouver une solution si l’on ne veut pas qu’il y ait contagion au niveau national, l’histoire nous enseignant qu’il est plus facile de déclencher une guerre que d’y mettre un terme. C’est dans ce cadre que Me Hermann Yaméogo m’a rendu visite ce jeudi, aux environs de 10 heures, en compagnie du Conciliateur de l’UNDD, Noël Yaméogo. La rencontre visait non seulement à échanger autour du sujet, mais aussi à lever le voile sur ces fameux tracts qui circuleraient sous le manteau et dont on l’accuse d’être l’auteur .

A propos de la situation à Koudougou, Me Hermann se dit plus que préoccupé au regard de l’impact qu’ont ces mouvements sur l’évolution de la localité, même s’il reconnaît les difficultés qu’endurent les étudiants pour s’instruire ; il dit en avoir même parlé à des degrés divers aux autorités dans l’espoir de recherche de solutions. Il aurait par ailleurs été sollicité pour apaiser la situation dans la ville, si ce n’est dans toute la région, les manifestations s’étant poursuivies hier avec, dit-on, d’autres morts à Poa et à Kindi. Mais comment y parvenir sans porter un chapeau qui n’est pas le sien ? Dilemme !

Enfin, concernant le tract derrière lequel on verrait sa main et qui charge le président Blaise Compaoré dans la crise ivoirienne, le chantre du tékré se dit simplement effaré, lui qui a séjourné récemment en Côte d’Ivoire dans le cadre de la recherche de la paix, si chère entre les deux pays ! Comment, se demande-t-il, la main sur le cœur, il pourrait jouer à la fois au sapeur-pompier et au pyromane ? En attendant, conclut-il, l’heure est à la recherche de compromis entre les manifestants et les gouvernants. Et pour cela, aucune piste ne doit être négligée.

Cher Wambi, la lutte du Syndicat national autonome des enseignants-chercheurs (SYNADEC) n’aura pas été vaine, même si, au sortir de son conclave du mardi 22 février 2011 autour des questions brûlantes, certains s’estiment avoir été roulés dans la farine. En tous les cas, la bonne nouvelle était que le gouvernement a transmis au Syndicat les décrets instituant une nouvelle grille salariale pour les enseignants-chercheurs, les chercheurs et les hospitalo-universitaires. Cette grille, élaborée unilatéralement par le gouvernement, les place au point indiciaire 2220 et joue particulièrement sur les indemnités académiques et les indemnités d’encadrement.

La mauvaise nouvelle est que, d’après le bureau, le gouvernement a une fois de plus roulé les enseignants-chercheurs dans la farine. En effet, les négociations ont porté sur la grille Filiga, élaborée en 2000 pour rendre attrayante la fonction de l’enseignant-chercheur, pour sécuriser les assistants qui, jusqu’à présent, n’ont pas de corps, etc. Finalement, les impayés cumulés de la nouvelle grille devrait permettre de constater une évolution de 40% sur les anciens bulletins de paye pour compter de janvier 2011.

Toutefois, la grille sera applicable à partir de mars 2011. Paraphrasant Chinua Achébé, le secrétaire général du SYNADEC a alors lancé ces mots : le monde s’est effondré sur les enseignants-chercheurs du Burkina Faso qui, sur le plan international, sont parmi les meilleurs mais, sur le plan salarial, restent les misérables de la sous-région. Par exemple, le Professeur titulaire du Burkina Faso en fin de carrière touchera à peine le salaire d’un assistant ou d’un maître assistant du Niger ou du Bénin. Néanmoins, le syndicat a demandé à ses militants de suspendre « l’opération escargot » pour permettre les délibérations et la fin de l’année 2010-2011.

Il se réserve le droit de lancer en temps opportun d’autres mots d’ordre, concernant les questions de bureaux, l’opacité dans les voyages d’études et les dettes que l’on doit encore à quelques enseignants depuis 2007. Comment sera organisée la nouvelle année universitaire, qui accuse déjà un retard de 5 mois sur 10 ? Mystère. ! Il nous revient qu’on y avait déjà pensé : sous les manteaux, on voit des semestres de deux ou trois mois et chaque enseignant faire cours au moins 6 heures par jour (7h-13h ou 15h-21h). Nouveaux bacheliers, à vos marques !

Taux des indemnités académiques et d’encadrement

Indemnités académiquesIndemnités d’encadrement- Professeurs d’université,
- Professeurs hospitalo-universitaires et directeurs de recherche110 000 F80 000 F- Maîtres de conférences, professeurs agréés hospitalo-universitaires, Maîtres de recherche110 000 F65 000 F- Maîtres assistants, Maîtres assistants hospitalo-universitaires, Chargés de recherche85 000 F50 000F- Assistants, Assistants hospitalo-universitaires,
- Attachés de recherche60 000 F40 000F- Enseignants à temps plein, ingénieurs de recherche40 000FNéant Voilà, c’est sur cette note relativement bonne pour les nouveaux admis au temple du savoir, cher cousin, que je t’invite à feuilleter très rapidement le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

- Après le siège de la Coordination de la campagne du candidat Blaise Compaoré à la présidentielle du 21 novembre, c’est le tour à un de nos cabinets ministériels de subir les foudres des prédateurs des ordinateurs portables. A peine reconduit après le dernier remaniement, un des convives à la table du grand sachem vient d’être délesté de son appareil magique. Furieux, le ministre a fait auditionner tout son personnel en service le jour du cambriolage. Et même les agents de police qui ont été relevés par la suite, n’y ont pas échappé. Malgré tout, l’ordinateur du ministre reste introuvable. Que de rats dans la cité !

- Série noire à la police nationale ?
On est en tout cas tenté d’y répondre par l’affirmative. Après Tenkodogo en début d’année, le commissariat central de Ouagadougou en début de mois, c’est maintenant au palais de l’Assemblée nationale d’enregistrer le suicide, dans la nuit du mardi 22 février, du commissaire Boutié Paul Koho à son domicile. Comment est-il arrivé à cet acte extrême ? On apprend seulement que, chose rare, le jour du drame, il aurait passé tous les bureaux de l’Assemblée en revue avant de regagner son domicile aux environs de 22 h 00, où il se donna la mort à l’aide de son pistolet de service.

- A quelques heures de l’ouverture de la XXIIe édition du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), les disciples de Bacchus n’auront qu’une seule adresse : la maison du Peuple, où ils iront à la découverte d’un brasseur bien Burkinabè, Cyriaque Labdiodo, qui nous vient de Belgique avec sa trouvaille, la bière de sorgho ; bière que nos plus hautes autorités avaient déjà découverte à Paris en 2008 à la faveur des journées économiques du Burkina.

Bière “Métis pils”, et bière “Metis ambrée”, c’est le fruit des recherches de cet étudiant en biochimie, orienté dans l’agro-alimentaire, et plus précisément dans les brasseries. Son retour au pays natal, il le fait donc avec de grandes ambitions pour la transformation de ses produits locaux. Avant la première gorgée ce samedi, il donnera une conférence de presse ce matin à partir de 11 h 00 à la maison du Peuple.

- Les choses bougent pour le village de Loussa, situé dans la commune rurale de Toécé dans la province du Bazèga : en effet, l’association italienne AMICI DEL MONDO, qui a financé la réalisation d’un forage et d’un périmètre maraîcher pour les femmes de cette localité, va procéder à l’inauguration de ces ouvrages. Elle va également lancer son projet de création d’un centre d’accueil dans le village. Tous ces projets sont réalisés en partenariat avec l’Association Song Manege (ASM). Rendez-vous donc à Loussa le 26 février 2011 à 10 h 00.

- Décidément, les gens ne reculent devant rien pour se procurer leur pain quotidien. Tous les moyens sont bons pour engranger le nerf de la guerre. La fraude est l’un des exercices favoris de ces partisans du moindre effort. Leur dernière trouvaille, le trafic des huiles de moteur. Un véritable réseau qui s’y adonne à travers l’achat des emballages vides d’huiles de vidange qui servent au conditionnement d’huiles trafiquées. Avec la complicité de garagistes véreux, ils les écoulent ensuite auprès de personnes voulant faire la vidange de leurs engins.

Le pot aux roses a été dévoilé par la Coordination nationale de lutte contre la fraude après une série d’enquêtes à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Le circuit a été ainsi découvert, et des dizaines de bidons d’huile saisies. Des échantillons ont été prélevés pour une vérification au laboratoire afin d’attester que toutes les huiles saisies sont trafiquées. Les jours à venir nous en diront davantage.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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