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PLUIE TORRENTIELLE : Deux morts à Dédougou

Publié le vendredi 17 septembre 2010 à 04h17min

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La ville de Dédougou a enregistré dans la nuit du 8 septembre 2010 une pluie diluvienne qui a causé des dégâts. Le bilan provisoire fait état de 2 morts, 1 blessé grave, 8 ménages sinistrés et de nombreux dégâts matériels.

Emoi, pitié et peine. Voilà quelques uns des sentiments éprouvés par des habitants du secteur n° 5 de Dédougou (Marabatiguè gare) dans la matinée du 9 septembre 2010 devant les corps sans vie de Belem Adjaratou et Belem Habibou, âgées respectivement de 8 mois et 14 ans, victimes de l’effondrement de leur maison d’habitation. Aux dires des témoins, la première a été retirée déjà morte des décombres et la seconde, qui avait été admise à l’hôpital, a succombé à ses blessures.

Leur mère, qui a également été gravement blessée, est actuellement hors de danger, à en croire les médecins traitant du centre hospitalier régional. A l’origine de cette situation déplorable, une pluie de 113,2 mm tombée dans la nuit du 8 au 9 septembre 2010. Adama Traoré, logeur des victimes et témoin du sort fatal, explique : « Le drame s’est produit dans la nuit du 8 au 9 septembre. Les victimes sont les enfants de mon cousin (NDLR : un malade mental qui suit actuellement un traitement dans un village du Passoré) qui habitaient un "entrer-coucher" de la même maison que ma femme et ses enfants. Durant la pluie tombée entre 23 h et minuit, un bruit s’est fait entendre et la maman des victimes a averti mon épouse que la maison risque de s’effondrer d’un moment à l’autre. Ne sachant pas que la solution de fuir allait être fatale, elle tente alors de se sauver.

Cette tentative de sauvetage a coïncidé avec l’effondrement de la maison. Malheureusement, elles se sont retrouvées toutes sous les décombres. Les autres habitants de la maison ont eu la vie sauve parce qu’ils ont accusé un petit retard dans leur sortie et aussi parce que la maison s’est effondré de par l’extérieur ». Certaines femmes venues apporter leur soutien à la famille n’ont pas pu retenir leurs larmes face à ce récit très émouvant. Informé, le maire de Dédougou, Gnami Valentin Konaté, est allé constater les faits en compagnie du préfet. Au-delà du soutien moral, Gnami Valentin Konaté a insisté sur la nécessité de l’effort à faire par les uns et les autres à construire de plus en plus solide et de rafistoler les demeures lézardées à l’approche de la saison des pluies.

Une flotte inédite de 6 heures

Pour l’une des rares fois, la situation est préoccupante car c’est la première fois que Dédougou enregistre une aussi grande quantité d’eau de pluie tombée en l’espace de 6 heures d’horloge, avec des pertes en vies humaines et de nombreux dégâts matériels. « C’est du jamais vu ! », s’est exclamé Yembeni Dayo. Cet octogénaire explique qu’il y a eu des fortes pluies certes, mais une aussi grande quantité d’eau, c’est la première fois qu’il la voit, alors qu’il dit être né et avoir grandi à Dédougou.

Ces propos sont confirmés par Daniel Ouédraogo, chef de la station météorologique de Dédougou. Selon ce technicien, c’est la deuxième fois que la station météo de Dédougou, depuis son ouverture en février 1982, enregistre une aussi forte hauteur d’eau. « En 1982, nous avons enregistré 107 mm d’eau en 9 heures », a-t-il fait savoir avant de révéler que le cumul saisonnier à la date du 9 septembre 2010 est de 815,4 mm en 63 jours de pluie contre 761,3 mm en 82 jours de pluie pour la même période l’année dernière. La pluie de la nuit du 8 au 9 septembre a fait d’énormes dégâts dans Dédougou, la cité de Bankuy. Il n’y a certes pas d’inondation partout, mais des dégâts ont été enregistrés dans les 7 secteurs que compte la commune. Au secteur n°3, les riverains de la rue qui les séparent du secteur 1 et qui va du Loba à la station Shell route de Tougan ont particulièrement été affectés par les eaux. La cour de Robert Sawadogo et celles de ses voisins ont été littéralement inondées.

De même que l’intérieur des maisons, entraînant d’énormes dégâts matériels. Non loin de là et toujours dans le même secteur, ce sont deux maisons qui se sont effondrées. Certains habitants de ce secteur n’ont pas hésité à accuser les travaux de la voirie effectués par la mairie au mois de janvier-février 2010. « Ces travaux effectués sur les routes ne répondent à aucune norme. Sans être techniciens, nous leur avons fait comprendre que sans canalisation, les matériaux utilisés vont à coup sûr bloquer le passage des eaux. Conséquences : ces eaux seront déviées dans les concessions. Ils ont fait la sourde oreille et voici comment nous sommes maintenant exposés. Si ce n’est pas parce que nous sommes des croyants, nous allions réclamer réparation du préjudice. Nous sommes conscients que nous sommes dans un petit bas-fond, mais l’histoire retient aussi que nous n’avons jamais été envahis par les eaux. Actuellement, certaines latrines sont inondées.

Ce que nous craignons, ce sont les maladies hydriques surtout chez les tout-petits et le risque de choléra, une épidémie qui se répand facilement pendant la saison des pluies. », a déclaré GT habitant du secteur 3 non loin de la mosquée des sunnites, avant de préciser qu’il s’agit bel et bien d’une zone lotie. Le constat est également désolant dans les secteurs 1, 2, 4 et 6 où certaines maisons n’ont pu résister à la furie des eaux. Fort heureusement il y a eu plus de peur que de mal. Le service de la solidarité de l’Action sociale a enregistré 8 ménages sinistrés dont 5 dans la journée du 9 septembre. Selon Abdoulaye Sanogo qui nous a reçus en l’absence du directeur provincial de l’Action sociale et de la Solidarité nationale du Mouhoun, en dehors du constat et du soutien moral et psychologique, les sinistrés sont laissés à eux-même en attendant la réaction du Comité national de secours d’urgence. Toutefois, il en appelle à la culture de la solidarité, cette vertu qui, autrefois était sacrée, mais est en train de s’effriter au fil du temps.

Des victimes collatérales, il y en a également eues. La quasi-totalité des clients de l’agence Ecobank de Dédougou en ont fait les frais. Ils ont été privés de toute opération bancaire pour cause de dégâts matériels informatiques ; la banque ne disposant d’aucun autre moyen pour offrir des prestations. La mort dans l’âme, certains clients, qui étaient venus chercher de l’argent pour la fête du ramadan, ne pouvaient que se remettre au Bon Dieu. Face aux inondations qui sont de plus en plus répétitives, la réalisation de caniveaux dans la ville de Dédougou s’impose avec acuité.

Serge COULIBALY

Le Pays

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