Grand banditisme dans la région de l’Est : Le policier Valmédé meurt les armes à la main
Dans la matinée du jeudi 26 août 2010 sur la nationale n°4, entre Fada et Pama, des bandits ont pris d’assaut un car de transport en commun de la Compagnie de transport Singbéogo (CTS). Un bilan provisoire fait état de 7 blessés et deux morts dont l’assistant de police Wind-Nonga Augustin Valmédé. Tombé sous les balles meurtrières, il a été conduit ce vendredi 27 août 2010, à sa dernière demeure au cimetière de Toudbwéogo à Ouagadougou.
Vendredi 27 août 2010, il est 14h à la morgue de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. Sous un soleil de plomb, une assistance composée des forces de sécurité et de défense, de forces paramilitaires et de civils attendent depuis un bon moment. Sur les visages se lisait la consternation. Assis sur un tronc d’arbre, une septuagénaire en larmes, ne se lassait d’égrener son chapelet. Toutes ces personnes réunies partageaient le triste sort d’avoir perdu un être cher.
L’assemblée était venue lever le corps de feu Wind-Nonga Augustin Valmédé, tombé jeudi dernier entre Fada et Pama sous les balles de bandits de grand chemin. Une haie d’honneur de 12 policiers joignait l’une des chambres froides à un corbillard affrété pour la circonstance.
De l’intérieur de la chambre, parvenaient des litanies et des prières mortuaires. Aux environs de 14h 30mn, en présence du ministre de la Sécurité, Emile Ouédraogo, du directeur général de la police nationale, Rasmané Ouangrawa et des directeurs régionaux de la police du Centre et de l’Est, le cercueil de l’infortuné, revêtu des couleurs nationales est transféré de la salle au corbillard pour le cimetière de Toudbwéogo.
C’est un cortège interminable qui a conduit le regretté à sa dernière demeure. Sur les lieux, on apercevait une veuve encore sous l’effet du choc, la main constamment sur le menton et qui vient rappeler l’adage selon lequel : "les grandes douleurs sont muettes". A ses côtés, se trouvaient ses 3 rejetons dont la benjamine.
Avant de s’endormir pour le repos éternel, Wind-Nonga Augustin Valmédé a été fait à titre posthume, chevalier de l’Ordre du mérite burkinabè et médaillé d’honneur de la police. Comme il est d’usage dans les us et coutumes, en ce genre de décès, en attendant les funérailles, les condoléances devaient être présentées séance tenante. Ce que firent les autorités et le public. Augustin Valmédé vient rallonger la liste déjà longue des agents de sécurité tombés dans l’exercice de leur métier.
Alassane KERE et Tilado Apollinaire ABGA (Stagaire)
Biographie express de Valmédé
L’assistant de police Wind-Nonga Augustin Valmédé portait le matricule 31789E et est né le 5 mai 1965 à Ouagadougou. En 1990 : il réussit au concours des agents de police 6 mars 1991 : agent de police en position de stage 6 mars 1992 : titularisation 1990-1991 : école nationale de police 1991-1993 : CCP Ouagadougou 1993 1996 : CP arrondissement Baskuy 1996-1999 : CCP Diapaga 1999-2002 : CCP Ouagadougou 2002-2005 : CP Ouaga 2000 2005-2007 : ENP/Concours d’assistant de police 2007-2009 : cabinet de la direction générale de la police et de la sécurité Depuis 2009 : CCP Fada Il a comptabilisé 19 ans 5 mois 20 jours de service. Il laisse derrière lui une veuve et 3 enfants inconsolables.
Le DRPE Louis Pierre Ki témoigne
Selon le Directeur régional de la police de l’Est (DRPE), Louis Pierre Ki, il est maintenant d’usage que ses éléments escortent les compagnies de transport qui le désirent. C’est dans ce cadre que deux policiers ont quitté le commissariat de Fada le jeudi 26 août vers 8h, afin d’escorter un car de la Compagnie de transport Singbéogo et frères (CTS) en direction de Pama.
Après une trentaine de km, entre 9h et 9h 30, au détour d’un virage, le car est tombé dans une embuscade. Des délinquants qui dans un premier temps avaient dépouillé les passagers de deux mini-cars s’en étaient servi pour barrer la voie. Le regretté Valmédé qui aurait pratiquement été le premier à flairer le danger, aurait intimé le conducteur de s’arrêter.
Mais à cause de la vive allure, celui-ci n’a réussi à immobiliser le véhicule qu’après quelques mètres avant de tenter la marche arrière. Les bandits voyant que le car allait leur échapper n’ont pas hésiter à ouvrir le feu. A en croire monsieur Ki, Augustin Valmédé posté à l’avant aurait tenté de riposter. Mais malheureusement une défaillance de son arme ne lui a pas permis de réagir promptement.
Il sera mortellement atteint. Pendant ce temps, son collègue à l’arrière réplique et se lance vers les assaillants, le doigt toujours appuyé sur la détente. C’est ce sursaut d’orgueil qui a mis en déroute les braqueurs aux dires de M. Ki. Sur le champ, on dénombre 7 blessés et un mort. Un autre passager rendra l’âme plus tard vers 14h à l’hôpital de Fada. Certains blessés auraient toujours des balles dans le corps.
Mais la réaction des forces de sécurité ne s’est pas arrêtée là. Très vite, un groupe d’assaut est dépêché sur les traces des bandits, ces ignobles individus ayant l’habitude d’emprunter une piste rurale reliant le village de Kouaré. Dans cette course-poursuite, à un moment donné, les policiers ont dû abandonner leur véhicule à cause de la forêt et des hautes herbes. Les villageois sont venus à leur secours en mettant à leur disposition des motos et 4 pisteurs.
Les 6 braqueurs acculés, dans leur fuite, se sont déchargés de leur butin et de leurs 3 motos à forte puissance. Pour Louis Pierre Ki, un pistolet CZ99 récupéré, appartiendrait soit à la police, soit à la gendarmerie. Compte tenu des pièces à conviction existantes, l’arrestation des coupeurs de route ne saurait tarder a rassuré le DRPE. Par ailleurs, il n’a pas tari d’éloges à l’endroit du Syndicat national des transporteurs de l’Est qui a été le premier à les avertir de l’attaque. Il a aussi remercié les villageois pour leur précieuse aide. Il souhaite que cette collaboration perdure.
T.A.A.
Sidwaya