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LOTISSEMENT A BANFORA : Des attributaires mécontents battent le pavé

Publié le mercredi 31 mars 2010 à 05h18min

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Le mercredi 24 mars 2010, des attributaires de parcelles du récent lotissement à Banfora, mécontents parce que contraints de quitter une zone où ils sont établis depuis plusieurs années, ont marché en direction de la mairie où ils ont rencontré l’édile de la commune, Souleymane Soulama. Ces manifestants voulaient savoir les raisons qui les obligent à quitter Korona au secteur 8 pour Tangora qui est au secteur 14.

La récente attribution de parcelles à usage d’habitation dans la commune de Banfora ne fait pas que des heureux. Au secteur 8 tout comme au 6, plusieurs personnes pensent avoir été lésées. Elles sont, à l’issue des attributions, contraintes de quitter les zones qu’elles occupent depuis des années alors que lesdites zones n’étaient que des « non-lotis » pour s’établir au secteur 14 à Tangora. Il faut signaler au passage que Tangora, érigé récemment en secteur, présente les caractéristiques d’un village et abrite le cimetière de Banfora.

Ce secteur est à environ 7 kilomètres du centre ville et pour beaucoup, sa viabilisation prendra énormément du temps. A Korona, ce sont près de 250 personnes qui sont concernées. Mécontentes de ce qui leur arrive, elles se sont mobilisées le mercredi 24 mars dernier pour marcher en direction de la mairie. Avant la mairie, les mécontents, parmi lesquels on compte des femmes, des enfants et des hommes, se sont rendus chez le chef de village de Korona à qui ils ont expliqué les raisons de leur démarche. Lorsqu’ils sont arrivés à la mairie, ils ont trouvé à l’entrée de cet établissement et face à eux des éléments de la police nationale et municipale. Ceux-ci leur ont intimé l’ordre de constituer une délégation qui sera reçue par le maire. La police a également exigé et obtenu que les autres marcheurs regagnent leur base à Korona.

Reconsidérer l’attribution des parcelles

Arouna Sako, agent de liaison à SOFITEX, était de la délégation qui a rencontré le maire. Il précise que lui et sa famille vivent dans la zone nouvellement lotie de Korona au secteur 8 depuis une douzaine d’années. « Vu qu’il m’était devenu difficile de payer un loyer décent en centre ville, j’ai, tout comme la plupart des habitants de ma zone, acheté un espace dans la zone non lotie avec les propriétaires terriens », a-t-il expliqué. Il poursuit en disant que les autres et lui ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas attributaires dans cette même zone. « Nous comprenons que si un domaine est pris par la route ou par toute autre infrastructure administrative, son occupant est contraint de se déplacer. Mais pour le cas présent, c’est tout le monde qui se déplace ; c’est plus fort que nous », précise-t-il, amer.

Les marcheurs disent avoir appris que c’est aux propriétaires terriens, c’est-à-dire ceux qui leur ont pourtant vendu les lopins de terre qu’ils occupent, que la mairie a attribué les parcelles. Pour eux, à partir du moment où les propriétaires terriens ont vendu leurs terres, ils ne peuvent plus être considérés comme tels. Par conséquent, disent-ils, c’est à eux (les marcheurs) que doivent revenir en premier les parcelles. C’est pourquoi, a-t-il conclu « nous sommes venus rencontrer le maire afin de lui dire notre mécontentement et l’inviter à reconsidérer l’attribution des parcelles dans notre zone » surtout que, dit-il, « le maire nous a renvoyés aux propriétaires terriens en disant que si nous parvenons à régler la question avec ceux-ci, il ne s’y opposerait pas ».

Les explications du maire

Sur la question, nous avons rencontré le maire de la commune. Souleymane Soulama qui, selon ses propres dires, avait préparé la salle des fêtes de la mairie pour accueillir les marcheurs et a fait remarquer que tous les occupants spontanés ne sont pas concernés par la délocalisation. Parmi eux, dit-il, environ 260 sont pas attributaires de parcelles à Korona. L’édile de Banfora dit avoir conduit l’attribution des parcelles selon les recommandations de la Cour des comptes et de l’inspection du Ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD).

« Les recommandations de la Cour des comptes et du MATD nous disent de recenser les propriétaires terriens, les rapatriés de Côte d’Ivoire de concert avec les services de l’Action sociale. Elles ne font pas cas des occupants spontanés », fait savoir d’emblée le maire avant d’ajouter ceci : « Bien que n’étant pas obligé, j’ai trouvé une parcelle à tous les occupants spontanés et, mieux, plus de la moitié des parcelles à Korona leur ont été attribuées. La Cour des comptes ne m’a pas parlé d’habitants spontanés qui sont au nombre de 776. » « D’ailleurs, de par leur position, ils sont dans l’irrégularité parce que nous ne sommes pas au village ; nous sommes en ville où il est irrégulier d’être un occupant spontané », a martelé Souleymane Soulama.

En termes de statistiques, le bourgmestre de Banfora dit n’avoir dégagé que 590 parcelles à Korona. Pendant que les occupants spontanés sont au nombre de 776, les propriétaires terriens, rendus prioritaires par les recommandations de la Cour des comptes au même titre que les rapatriés de la Côte d’Ivoire, sont estimés à 230. « Du coup, je me retrouve avec près de 1 000 personnes pour 590 parcelles. C’est pourquoi j’ai demandé aux marcheurs ce qu’ils allaient faire s’ils étaient à ma place », a conclu le maire. Souleymane Soulama pense que les attributaires de parcelles devraient plutôt se hâter de s’acquitter des taxes de jouissance au lieu de se plaindre de leur positionnement. Pour lui, la viabilisation de ce secteur ne saurait tarder d’autant plus qu’il est traversé par la route Banfora – Mangodara que le Millenium challenge account (MCA) projette de bitumer.

Par Mamoudou TRAORE

Le Pays

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