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MARCHE DE PROTESTATION CONTRE LA TAXE DE DEVELOPPEMENT COMMUNAL : Plus de 10 000 manifestants à Koudougou

Publié le jeudi 25 février 2010 à 01h29min

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Les organisations syndicales du Boulkiémdé à l’instar de celles des autres localités du pays ont organisé le mercredi 24 février 2010, une journée de protestation contre l’application de la taxe de développement communal (TDC). Elèves, étudiants, travailleurs des secteurs public et privé ont massivement pris part à cette journée de protestation dont l’essentiel a porté sur la marche, la lecture des messages et la remise de la lettre de protestation au conseiller technique, Maxime B. Ouédraogo, représentant le gouverneur de la région du Centre-Ouest, Baworo Seydou Sanou.

Ils étaient plus de 10 000 manifestants selon les organisateurs à battre le pavé à travers quelques artères de la ville pour exprimer leur ferme rejet de l’application de la taxe de développement communal (TDC). Des slogans, ils en ont scandés. Sur les pancartes, on pouvait lire "non à la TDC !", "non à l’impunité !", etc. Après avoir parcouru une certaine distance, la marée humaine longue de plus de 300 mètres s’est rendue au gouvernorat pour la remise de la lettre de protestation. La missive a été d’abord lue par le responsable régional du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), Kisito Dakio, avant d’être remise au conseiller technique, Maxime B. Ouédraogo, représentant le gouverneur de la région, Baworo Seydou Sanou. Ce dernier a rassuré les organisateurs de la transmission de leur lettre à qui de droit. Après avoir pris congé de leur interlocuteur, les manifestants ont mis le cap sur le Théâtre populaire d’où est partie la marche pour écouter les différents messages.

Le premier message a été livré par Mathurin Bouda, secrétaire général de l’Association des scolaires de Koudougou (ASK). Aussi déterminé que ses camarades, ce dernier a soutenu que le gouvernement veut, à travers l’application de la TDC, appauvrir davantage les populations. ‘’L’avenir de la nation dépend de notre dynamisme’’, a-t-il lancé à ses camarades. Pour l’élève Bouda, la TDC vise à alimenter des budgets bancaires, à développer des budgets de certaines familles. Aussi a-t-il invité les uns et les autres à dire non à la TDC. Yacouba Ouédraogo de la CGT-B et Madi Bonkoungou du SYNATEB, ont, quant à eux, donné des explications sur la TDC et la TPP (Taxe sur les produits pétroliers). Pour Madi Bonkougou qui a lu le message national, l’application de la TDC est une double imposition que les contribuables ne peuvent accepter.

Selon lui, la perte des recettes liées à la suppression des plaques et vignettes au lendemain de la dévaluation en 1994 dans le souci d’alléger le fardeau financier des ménages a été largement compensée par l’institution de la TPP. Une taxe qui, a-t-il fait savoir, coûte au consommateur et rapporte plus de 45 000 F CFA à l’Etat par an pour celui qui alimente un engin à deux roues avec seulement 1 litre de super 91 par jour, car cette TPP est de 125 F CFA/litre et de 50 F CFA/litre de gasoil. Les raisons qui amènent les organisations à rejeter la TDC sont, entre autres, l’absence d’équité en matière de taxe et impôt, les détournements des deniers publics en toute impunité, le contexte de vie chère, etc., a confié M. Bonkoungou. Selon Marcel Lingani du SNEAB, qui a livré le contenu de la lettre de protestation à l’assistance, la plupart des réformes opérées ces dernières années en matière de fiscalité l’ont été uniquement au profit des détenteurs de gros capitaux.

Il en a voulu pour preuve la législation de l’expropriation des terres cultivables au profit de ceux qui possèdent les moyens et le pouvoir, au détriment des masses paysannes, surtout celles du Ziro et de la Sissili. Il a exprimé la ferme détermination des consommateurs à rejeter la TDC qu’ils paient de façon indirecte depuis des années. Marcel Lingani a aussi confié que les organisations exigent qu’un bilan de toutes les taxes perçues depuis des années soit fait et que 50% des sommes encaissées soient reversés aux collectivités territoriales. ‘’Nous espérons que le pouvoir en place prendra au sérieux nos revendications. Si l‘on tente de nous imposer cette double taxe, nos organisations se réservent le droit d’envisager d’autres formes de lutte’’, a t-il déclaré.

Le responsable du MBDP local, Kisito Dakio, s’est dit satisfait de la mobilisation, car plus de 10 000 personnes, selon ses estimations, ont pris part à la marche. Pour lui, cette mobilisation signifie que la jeunesse a pris conscience que toutes les manifestations ne concernent pas seulement les adultes mais aussi la jeunesse, car elle constitue l’avenir de la nation. Le message des jeunes montre que ceux-ci prennent de plus en plus conscience et refusent l’arbitraire. Cela est un signal fort et le pouvoir doit comprendre que rien ne sera plus comme avant, a-t-il ajouté. A l’en croire, des actions seront menées dans les jours à venir pour le renforcement de la mobilisation populaire, car des manifestations de ce genre sont des manifestations citoyennes, a-t-il fait savoir. M. Dakio a signifié aux populations qu’elles doivent comprendre que ceux qui revendiquent ne le font pas pour eux seuls mais dans l’intérêt de tous et chacun devrait s’y intéresser.

Par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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