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Une Lettre pour Laye : Salif Diallo "contrôlé" par le CDP

Publié le vendredi 17 juillet 2009 à 13h53min

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S’agirait-il d’un miracle ? En tout cas, je ne saurais répondre, mais il pleut aussi à Manga en ces temps où les acteurs du monde rural ont le moral aux talons. De quoi semer quelques grains d’espoir dans les cours de Naaba Kiiba et des ses sujets qui devraient leur salut au Cathwel si jamais les champs demeuraient tristement nus. Qu’attendent-ils donc pour immoler le taureau gras, solidement attaché au seuil du palais nabal de la capitale du Zoundwéogo, en guise de remerciements aux mânes des ancêtres ? Pour sûr, si rien n’est fait avant le retour des éperviers prédateurs, le ciel avisera.

Puisse donc l’épée de Damoclès qui pend sur ces éternels sorciers être clémente envers tes oncles de l’autre rive, qui n’ont d’interlocuteurs que leurs champs après les pluies bienfaisantes de ces derniers jours, dont voici d’ailleurs les statistiques régionales, relevées par nos amis de l’ASECNA dans la semaine du 09 au 16 juillet : Dori = 0,1 mm ; Ouahigouya = 33,4 mm ; Ouagadougou-aéro = 60,0 mm ; Dédougou = 63,6 mm ; Fada-N’Gourma = 58,5 mm ; Bobo-Dioulasso = 34,4 mm ; Boromo = 50,6 mm ; Pô = 78,4 mm ; Gaoua = 35,6 mm ; Bogandé = 24,3 mm. Maintenant, cher cousin, tu me demandes de quoi l’actualité nationale est faite dans le lanterneau politique. En tout cas, avant même que la campagne pour la présidentielle 2010 ait été lancée, le mercure a commencé à monter.

Cher Wambi, dans ma lettre de vendredi dernier, je te disais que l’interview accordée par Salif Diallo à l’Observateur dans son édition du mercredi 9 juillet 2009 ne manquerait pas de faire des vagues. Comme tu le sais en effet, l’ambassadeur du Burkina Faso en Autriche y propose notamment la dissolution de l’Assemblée nationale et l’instauration d’un régime parlementaire.

Il n’en fallait pas plus pour susciter l’émoi au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) à quelques jours de son congrès des 23, 24 et 25 juillet prochains. Déjà, dans ma lettre de la semaine dernière, je t’apprenais que certains de ses camarades voulaient qu’on adresse à Gorba une demande d’explication mais, te disais-je, je ne savais pas si une telle décision avait finalement été prise. Eh bien, cher cousin, elle l’a bel et bien été.

Et ce n’est pas tout, car, de sources proches du siège du parti de l’avenue Kwame N’Krumah, j’apprends, cher cousin, que “l’indiscipliné” Salif a été entendu mercredi 15 juillet dans la soirée par la Commission de contrôle du CDP, que préside Domba Jean-Marc Palm. Manifestement, on veut montrer que tout premier vice-président qu’il est, Salif Diallo est un militant comme les autres et qu’on peut lui remonter les bretelles si besoin est. Ira-t-on jusqu’à la sanction (un blâme ou pire ?) pour cette sortie jugée “inopportune”, ou même au rappel de l’ambassadeur, comme le réclament certains ?

Et dans ce cas, quelle sera la réaction du réprimandé ? En tout cas, cher Wambi, il n’est pas jusqu’au ministère des Affaires étrangères qui n’ait pas rappelé à Salif le devoir de réserve auquel il serait, dit-on, astreint, quand bien même ce ne serait pas la première fois qu’un ambassadeur accorde un entretien depuis son poste. Mais il est vrai que, selon que l’interview ressasse des lieux communs ou pas, on peut fermer les yeux sur la non-observation de ce sacro-saint principe.

Cher Wambi, c’est donc peu dire que, dans le méga-parti, qui a, comme chacun le sait, plus de clients que de militants qui craignent donc de perdre les prébendes dont ils jouissent, briser le tabou de l’alternance (et des questions qui la sous-tendent), ce qu’a fait l’enfant terrible du Yatenga risque de polluer l’atmosphère du congrès, même si on peut compter sur Roch pour allumer un pare-feu politique et se contenter du bla-bla-bla initialement prévu.

Voilà donc, cher cousin, et en attendant les prochains développements, ce que je peux te dire sur ce sujet, qui semble devenu une affaire d’Etat, puisque le régime a déployé davantage ses grandes oreilles et ses limiers, interrogeant l’une ou l’autre de ses sources pour connaître les tenants et les aboutissants de cette histoire. Que de remue-ménage pour si peu !

Le bras de fer qui oppose depuis deux longues années maintenant GPL Service de l’entrepreneur burkinabè Paul Sawadogo à la Coalition Total Burkina-SONABHY connaîtra-t-il enfin son dénouement ? Rendez-vous, en tout cas, le 12 août 2009 devant le Tribunal de Grande instance de Ouagadougou, sollicité pour dire le droit. Mais, en attendant, l’on se pose toujours la question de savoir comment une autorisation ministérielle motivée et justifiée d’exploitation des bouteilles de gaz importées a pu être remise en cause par le fameux tandem susmentionné ? Voilà de quoi, cher Wambi, décourager l’investissement privé au “Pays dit des hommes intègres”.

A en croire certaines confidences, après l’échec du règlement amiable de cet énième dossier sale de la république, GPL service aurait décidé d’attaquer en justice pour exiger de Total Burkina et de la SONABHY un dédommagement conséquent pour le préjudice subi depuis 2007. Mais, pour l’heure, cher cousin, quel que soit le verdict qui y sera donné, le duo infernal en sera une fois encore fragilisé.

Doit-on seulement se rappeler la grève qui a secoué il n’y a pas longtemps l’édifice Total au Faso et les odeurs nauséabondes de la patrimonialisation de la nationale des hydrocarbures pour s’en convaincre ? Si seulement le ministère du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat avait été suivi dès le début de ce que d’aucuns considèrent comme une conspiration, nous n’en serions pas là. Quelle affaire !

Bref, cher cousin, demain, certainement, nous en saurons davantage, puisque Tipoko l’Intrigante, dont je t’ouvre ci- après le carnet secret, y veille.

- “Les œuvres d’un pandore”. Ainsi pourrait-on intituler le film tourné sur la vie de cet officier de gendarmerie ces dernières années, depuis son séjour kayalais jusqu’à son poste actuel, à la frontière du Togo. Une œuvre qui n’aurait pas manqué d’indigner plus d’un, pour les raisons suivantes :

Acte 1 : alors qu’une jeune fille, pour des raisons scolaires, lui est confiée, il la drogue une nuit et la dépucèle. L’affaire est réglée à l’amiable grâce à l’intervention de sages personnes.

Acte 2 : loin de désarmer, le monsieur revient à la charge quelques années plus tard, en achetant une moto à la demoiselle malgré le refus de celle-ci, qui range l’engin dans un coin de sa maison.

Acte 3 : en dépit de son hostilité, il va demander la main de la fille à sa famille qui, à son tour, refuse le mariage forcé, lui enjoignant alors de se référer à l’intéressée.

Acte 4 : persuadé que la bataille est perdue, il débarque à Ouaga avec deux subalternes, appelle sa convoitée sous prétexte de lui remettre une commission et l’embarque à un poste de gendarmerie. Là, elle est accusée de vol de moto, celle-là même qu’il lui a donnée malgré elle. Saisi, l’oncle de la séquestrée, un officier de l’armée, débarque sur les lieux et la libère.

Acte final : une plainte est déposée devant le Tribunal militaire contre non seulement le gendarme, mais aussi ses deux acolytes. On attend de voir l’épilogue, surtout que les deux éléments jurent de faire des révélations, eux qui s’estiment victimes, n’ayant jamais été informés, toujours selon eux, des intentions réelles de leur chef.

- L’année 2010 s’annonce décisive pour la ville de Sya, qui abritera deux événements majeurs d’envergure nationale : il y a d’abord la Semaine nationale de la culture , une manifestation qui a connu, au cours de ces dernières éditions, d’importantes innovations, faisant de cette biennale un rendez-vous à ne pas manquer. Pour une fois, les Samos ont démontré qu’ils n’ont pas seulement que les muscles pour se faire valoir dans la société, mais aussi de la matière grise pour participer à l’épanouissement culturel de notre pays.

C’est l’occasion pour moi, cher cousin, de tirer mon chapeau au secrétaire permanent de la Semaine nationale de la culture, qui est aussi le directeur régional du ministère de la Communication et de la Culture. Un Samo bon teint qui mérite franchement qu’on lui tisse des lauriers pour ses multiples actions, qui ont grandement contribué à rehausser l’image de la SNC et à lui donner un caractère populaire.

Dansa Bitchibali, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne manque pas d’initiative ni de créativité et, à ce qu’on dit, cette seizième édition pourrait battre le record de participation avec, en sus, des spectacles en qualité et en quantité. Mais, en attendant, l’on est en train de réfléchir, au siège de la SNC, sur le lieu qui sera désigné pour abriter le top de départ de cette 16e édition. Car, comme tu le sais, le grand rond-point de Dafra, qui a toujours servi de cadre à la cérémonie d’ouverture de cette biennale, s’est transformé en un chantier de construction du futur palais de la Culture de Bobo.

Les regards sont tournés vers le stade Omnisports, qui pourrait être le théâtre de cette cérémonie d’ouverture, laquelle se veut grandiose. Après la SNC, les Bobolais se préparent à accueillir la célébration de l’indépendance de notre pays, prévue pour décembre 2010. Et, comme je te le disais dans une mes lettres, ce cinquantenaire ne sera pas une mince affaire au regard du programme d’activités et du nombre important d’illustres invités du Burkina et d’ailleurs qui prendront part aux différentes manifestations. Une fête qui devra permettre à la ville de Sya de se relooker pour être à la hauteur de l’événement.

Outre les différents projets à réaliser dans le cadre de cette célébration, on annonce déjà une série d’inaugurations à l’orée de ce cinquantenaire, qui va concerner le palais de la Culture, le port sec et bien d’autres infrastructures. Entre ces deux événements majeurs, il y aura aussi le scrutin présidentiel, qui va encore mobiliser les populations de la région. Bref, l’année 2010 ne sera pas de tout repos dans les Hauts-Bassins, et particulièrement à Sya. Cette ville qui n’a cessé de sombrer au fil des années pourrait alors amorcer un nouveau décollage avec ces nombreuses manifestations et surtout ces projets en vue.

- Cher cousin, nous sommes déjà à la mi-juillet et la situation pluviométrique dans le Grand-Ouest n’est toujours pas reluisante. Comparativement à l’année derrière, les quantités d’eau recueillie jusqu’à nos jours y sont inférieures à celles de la campagne précédente. La situation est si inquiétante que le Groupement des transformateurs de produits oléagineux (GTPOB) a tiré la sonnette d’alarme, en invitant, vendredi dernier, les fidèles musulmans de la ville de Sya à prier pour une bonne campagne agricole.

Puisse Dieu exaucer nos vœux et nous faciliter la tâche en cette période de vie chère qui, comme tu le sais, a entraîné une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Aucune denrée n’est épargnée par ce phénomène. Même les chenilles se vendaient, il y a encore quelques jours, à 1 500 F CFA la boîte de tomate. Mais, comme Dieu n’abandonne jamais les siens, les mares commencent à être inondées de “chitoumous”, ce qui a ainsi mis fin à la spéculation.

- Cher cousin, je ne peux m’empêcher de revenir sur l’installation officielle, samedi dernier à Bobo-Dioulasso, de la coordination des femmes du Houet. Une cérémonie qui consacre la fin d’une longue série de crises entre les femmes de la province. Ce dénouement heureux après plusieurs mois de bataille rangée est le fait des autorités au plus haut niveau. Car il m’est revenu que la première dame, Chantal Compaoré, avait mis à profit son séjour à Bobo-Dioulasso dans le cadre du lancement de l’opération de visite médicale gratuite des pensionnés de la CNSS, en mai dernier, pour accorder des audiences aux différentes protagonistes.

Et à ce qu’on dit, l’épouse du chef de l’Etat n’aurait pas été tendre avec certaines d’entre elles, des radicales qui ont été sermonnées et sommées de mettre de l’eau dans leur vin. Ce n’est donc pas pour rien que certaines, qui avaient opposé un niet catégorique aux propositions de la ministre Céline Yoda pour une sortie de crise ont fini par se ranger ; ce qui a permis d’aboutir à cette cérémonie d’installation, qui s’est d’ailleurs déroulée dans une ambiance bon enfant. Cette implication, jugée salutaire de Chantal pour la résolution de cette crise n’est pas seulement due à son rang de première dame du Faso, mais aussi à son appartenance à la ville de Bobo.

Chantal Compaoré, qui a toujours clamé son appartenance à ladite cité, aurait en effet des origines bobolaises par ses grands-parents, qui s’y étaient installés pendant plusieurs années. Elle ne manque d’ailleurs pas de visiter la cour familiale, au quartier Koko, à chaque passage à Bobo. Pour clore ce chapitre, je t’informe qu’une délégation de la nouvelle coordination des femmes du Houet devait, en principe, rendre visite à Assita Ouattara, qui avait été victime d’un accident de la circulation. Une visite de courtoisie qui vaut son pesant d’or, puisque se passant entre les sœurs ennemies d’hier.

- Qui en veut à Soungalo ? Cette question ne serait pas de trop pour ceux qui ont suivi la cérémonie d’ouverture des premières assises de l’Union provinciale des jeunes du CDP/Houet. Le discours du ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, parrain de la cérémonie, invité à prendre la parole, a connu quelques perturbations au tout début, avec une note discordante au fond de la salle. Ce bruitage, émis par des jeunes, n’était pas de nature à favoriser l’écoute du message du parrain. Et, contrairement à ses deux prédécesseurs, Ibrahim Sanou et Salia Sanou, dont les discours ont été prononcés dans de meilleures conditions d’écoute et entrecoupés par des slogans à l’aide d’un mégaphone, Soungalo Ouattara n’a pas eu droit à cette animation durant tout son speech. Faute organisationnelle ou tentative de sabotage ? L’avenir nous le dira.

- Gloire et décadence. Ainsi pourrait se résumer la vie de ce club qui a longtemps fait la fierté de la ville de Sya avant de sombrer au cours de la saison sportive 2008-2009. Désormais contrainte à faire valoir ses droits en D2, l’ASFB n’est toujours pas au bout de ses peines. Selon certaines indiscrétions, le club serait financièrement redevable à certaines structures. Des créanciers qui, nous dit-on, ne savent plus à quel saint, plutôt à quels dirigeants se vouer. Chassé du local qui lui servait de siège pour, cause d’arriérés de loyer, le club serait sous la menace d’une saisie. Et tout cela, sous le regard désintéressé de ces prétendus dirigeants, qui ont passé le temps à se marcher sur les pieds pour des intérêts égoïstes, pour ensuite précipiter l’équipe en division inférieure. Ainsi va le football à Sya.

- Depuis quelques jours, les habitués de Boensyaaré et les riverains de l’archevêché de Ouagadougou sont témoins d’une scène peu ordinaire dans l’enceinte de l’aéroport international. L’aéronef, un Looked, de Faso Airway, qui constituait un monument historique de la capitale burkinabè, est en état de canibalisation avancé, donnant l’impression d’un bateau en plein désert. Que s’est-il donc passé, M. Zougnooma ? En tout cas, selon certaines voix autorisées, c’est la preuve que Faso Airway a vécu.

- Un vent nouveau souffle sur le secteur 16 de Ouagadougou, depuis que, ce 15 juillet, l’injonction faite aux résidants du ghetto jouxtant le boulevard France-Afrique par l’édile de la capitale de déguerpir a été mise à exécution, en toute responsabilité. Bien sûr l’amertume des uns et la résignation des autres se lisaient sur les visages au moment de la séparation, mais l’on explique difficilement pourquoi certains, après avoir décoiffé les maisons qui les ont vus naître, se sont aussi senti le devoir d’abattre les arbres qui, pourtant, ne portent aucune responsabilité dans la fatwa municipale de mettre de l’ordre dans la cité. Après moi, le déluge ? Plus jamais ça en tout cas !

- Suite à l’intérêt manifesté par les lecteurs pour la revue “Cahier philosophique d’Afrique” à travers les colonnes de l’Observateur paalga du vendredi 10 juillet 2009, l’Association “Cahier philosophique d’Afrique” porte à la connaissance du public que la diffusion de la revue philosophique se fait à travers les librairies ci-après, où elle est disponible :
- La librairie Jeunesse d’Afrique ;.
- La Librairie Pages ;
- La Librairie Universitaire.

Il est également possible de se procurer l’ouvrage auprès des personnes suivantes à l’Université de Ouagadougou :
- Claver Bationo, tél. : 70 65 26 22 ;
- Martial Drabo, tél. : 78 04 74 41 ;
- Georges Zongo,tél. : 70 26 59 80..

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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