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Situation sanitaire à l’Est et au centre-Est : Les populations s’impliquent dans la prise en charge médicale

Publié le mardi 23 juin 2009 à 02h09min

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Le ministre de la Santé, Seydou Bouda est allé évaluer, les 18 et 19 juin 2009 la mise en œuvre du Plan national de développement sanitaire (PNDS 2006-2010) dans les régions du Centre-Est et de l’Est du Burkina Faso. A l’occasion, il s’est livré à un jeu de questions- réponses avec les agents sur le terrain.

« Encourageant ». C’est le mot que le ministre de la Santé, Seydou Bouda a choisi pour qualifier la mise en œuvre du Plan national de développement sanitaire (PNDS 2001-2010) et le système sanitaire en général dans le Centre-Est et l’Est du Burkina, après un séjour de 48 heures dans ces régions du pays. Le ministre Bouda a préféré ce mot à « satisfaisant » qu’un journaliste a voulu lui faire dire parce que, a-t-il expliqué, la santé est une quête permanente et ne saurait donner lieu à une quelconque satisfaction. De sa tournée des 18 et 19 juin 2009 dans le grand Est, Seydou Bouda s’est laissé séduire par l’implication des populations dans la conduite de la politique de santé.

Dans le district sanitaire de Koupèla, qui a le premier reçu la visite du ministre, il existe un système bien huilé de partage des coûts de certaines prises en charge médicale. Outre les subventions accordées par l’Etat burkinabè pour certains soins, les populations elles-mêmes ont mis en place depuis 2002 un mécanisme suscitant la participation de tous à la santé de chacun. Ce mécanisme dénommé « Nayolsba » du nom de l’association qui l’a initié, a instauré une cotisation de chacun des 192 351 habitants du district sanitaire de Koupèla. Le montant de la cotisation individuelle ou par ménage varie d’une commune à une autre (le district comptant au total 6 communes). Le montant est fixé selon le nombre prévisionnel des cas de prise en charge et en fonction du nombre de contribuables, nous a fait savoir le vice-président de l’association Antoine Belemsobgo.

Avec les sommes ainsi mobilisées, la prise en charge de pathologies comme l’appendicite, les occlusions intestinales, est entièrement gratuite pour les patients. La césarienne, déjà subventionnée par l’Etat à hauteur de 80%, devient gratuite avec le « Nayolsba ». Cette initiative, « à saluer et à disséminer dans les autres districts sanitaires du Burkina », selon Seydou Bouda, souffre parfois de la réticence de certaines personnes à cotiser. Mais « nous ne leur tenons pas toujours rigueur », a confié le vice président Antoine Belemsobgo. C’est dire que même ceux qui « refusent » de cotiser, peuvent bénéficier du partage des coûts. Bien d’autres acquis s’affichent à travers les statistiques sanitaires de Koupèla. Il s’agit du renforcement du personnel médical, avec à la clé plusieurs spécialistes, s’est félicité le médecin-chef du district (MCD) Abdoul Karim Paré.

En effet, le district sanitaire de Koupèla est animé par 179 agents dont 4 médecins et 2 pharmaciens. Cela ne signifie pas que le problème de ressources humaines ne se pose pas dans le district, a tenu à préciser le MCD. Il a signalé également au ministre l’absence de service d’imagerie médicale dans la zone. Les populations sont donc obligées de se déplacer à Tenkodogo, à 45 km de Koupèla pour leurs radiographies. Certaines infrastructures sont dans un état de dégradation. C’est le cas du siège du district dont la toiture en tuiles est délabrée. Une partie du mur du Centre médical avec Antenne chirurgicale (CMA) de Koupèla a succombé sous la force des eaux de ruissellement depuis 2007. Cette ouverture, fermée avec des barrières de fortune (branches d’arbres ou seccos) laisse passer des animaux (porcs, chiens) qui disputent l’espace du CMA avec les patients, les accompagnants et le personnel de santé.

Un nouveau CHR en chantier à Tenkodogo

En route pour Tenkodogo, le cortège du ministre Seydou Bouda a marqué une halte au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Ligdimalguem à une quinzaine de kilomètres de Koupèla. Cette formation sanitaire qui couvre 16 villages et une population de plus de 13 000 âmes, est tenue par 7 agents dont 3 agents communautaires. A écouter le premier responsable du CSPS Paul Loagboko, les plaques solaires qui alimentent le dispensaire, datent de 2001 et ont faibli de puissance. A la maternité, patients et personnel médical doivent se débrouiller avec des lampes-torches. Comme solution à ce problème, le chef de poste propose au ministre la connexion du CSPS au réseau SONABEL, présent dans la localité il y a déjà un moment. Il estime à 750 000 F CFA la somme nécessaire pour réaliser le branchement (avec un achat de 3 poteaux électriques). Une autre difficulté du CSPS de Ligdimalguem brandie par son chef est l’absence de clôture.

A Tenkodogo, les centres d’intérêt de la délégation ministérielle ont porté essentiellement sur le nouveau chantier du Centre hospitalier régional (CHR) et l’Ecole nationale de santé publique (ENSP). Le nouveau CHR, situé au côté ouest de la ville de Tenkodogo a dépassé l’étape du terrassement. Les premiers bâtiments sont en train de sortir de terre, sur un espace de 13 474 m2. L’ouvrage qui devrait être livré en octobre 2010 compte une trentaine de composantes, avec des possibilités d’extension.
A l’ENSP/ Tenkodogo, le ministre a pu apprécier le déroulement de la formation de 144 futurs accoucheuses brevetées, filles et garçons de salle. Cette école, fonctionnelle seulement depuis janvier 2008, ne disposerait pas encore de matériels didactiques adéquats pour une bonne formation. Elle ne dispose pas non plus de locaux propres. Actuellement logée dans des classes du lycée Riâlé, l’ENSP/ Tenkodogo devrait connaître une délocalisation d’ici à décembre prochain, conformément aux clauses de l’emprunt de bâtiment avec ledit lycée. Le ministre Bouda a confié la question de la relocalisation de l’Ecole au Conseil régional du Centre-Est qui promet d’y trouver une solution. Et cela, en attendant la construction de locaux propres au voisinage du nouveau CHR.

En dépit de quelques difficultés, le système sanitaire dans le Centre-Est marche. C’est du moins la substance des échanges de plus de 2 heures que Seydou Bouda a eus avec les acteurs de la santé de la région, en compagnie du gouverneur Siméon Sawadogo. De 115 formations sanitaires publiques en 2005, la région est passée à 130 formations sanitaires en 2009. Au niveau du privé également, les infrastructures ont connu un bond qualitatif. Si certaines infrastructures sanitaires répondent aux normes, d’autres sont complètement dépassées ou nécessitent une réhabilitation lourde ou légère. Plus de 1 000 agents assurent les soins dans cette partie du Burkina. Des effectifs qui demandent à être renforcer, surtout en personnels spécialisés. Avec les intervenants à la rencontre, le ministre reconnaît que certains équipements font défaut dans des structures sanitaires du Centres-Est. Dans la région de l’Est qu’il a également sillonnée au cours de son périple, le ministre burkinabè de la Santé s’est vu poser les mêmes types de difficultés : insuffisance en ressources humaines, en infrastructures et en équipements.

Tout comme à Tenkodogo, le ministre de la Santé a organisé un face-à-face avec le monde sanitaire de la région. C’était à l’ENEP de Fada N’gourma. L’un des sujets récurrents de cette rencontre a été sans conteste le « projet » de construction d’un nouveau CHR à l’Est. En réponse à une série de questions à ce sujet, Seydou Bouda a simplement affirmé ne pas être au courant d’un projet imminent dans ce sens. Pour lui, l’urgence n’est pas la construction d’un nouveau CHR, mais bien le renforcement en équipements et en personnel de l’existant.

Avant le rendez-vous de l’ENEP de Fada le ministre s’est rendu à Gayéri, à 80 km au nord de Fada N’Gourma. Seydou Bouda a visité, dans le chef-lieu de la province de la Komandjari, les nouveaux bâtiments d’un CMA. De belles bâtisses qui attendent cependant du matériel pour être opérationnelles. A Natiaboani, à 45 km de Fada N’Gourma sur l’axe menant à Pama, c’est un CSPS qui a reçu la visite du ministre de la Santé. Il a mis cette visite à profit pour procéder au lancement, avec la représentante de l’UNICEF, des journées de survie de l’enfant. Il s’agit pendant ces journées, de donner aux enfants un supplément en vitamine A, de leur administrer aussi les vaccins de routine. Les présentes journées intègrent la campagne de vaccination anti-rougeoleuse, lancée il y a à peine une semaine au Burkina Faso. En somme, ces journées se caractérisent par la tenue d’un paquet d’activités à même d’améliorer les différents indicateurs de santé, notamment ceux relatifs à la santé de la mère et de l’enfant.

Koumia Alassane KARAMA

Sidwaya

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