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unités d’aménagement forestier : Empiètement et occupation illégale dans la zone de Sapouy-Biéha

Publié le jeudi 11 juin 2009 à 03h27min

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S’il y a un phénomène qui retient plus l’attention de l’administration forestière de la commune de Sapouy, c’est bien l’empiètement des Unités d’Aménagement Forestier (U.A.F.). Vendues frauduleusement ou occupées illégalement, les U.A.F font l’objet d’une forte pression humaine pour les productions agricoles et animales.

Depuis 1990, la commune de Sapouy, confrontée aux graves problèmes de dégradation de ses ressources naturelles, a fait œuvre pionnière en initiant un modèle d’aménagement participatif des forêts qui constitue même une référence positive pour la région du Centre Ouest.

Des acquis importants ont été engrangés dans le cadre de cet aménagement forestier, notamment en terme de préservation du potentiel forestier, d’amélioration des conditions de vie des populations à travers les revenus générés. Ainsi la communauté locale a en charge la gestion des U.A.F. et l’Etat demeure cependant le propriétaire. Tous les villages riverains des U.A.F. sont organisés en Groupements de Gestion Forestière (G.G.F.), puis en Union des Groupements de Gestion Forestière (U.G.G.F.). Dans le cahier de charge conféré à l’U.G.G.F., il est indiqué que les activités agricoles et autres défrichements sont formellement interdits dans les U.A.F. Seule l’exploitation du bois et autres produits forestiers est autorisée. C’est ainsi que tous les G.G.F ont été formés en techniques d’exploitation du bois et autres produits forestiers.

Aujourd’hui, ces massifs forestiers ou U.A.F. sont confrontés à des contraintes diverses. La forte pression humaine pour des productions agricoles et animales en particulier, menace de façon inquiétante la viabilité de ces massifs forestiers qui font l’objet d’empiètement et d’occupation illégale. Ce qui constitue une véritable préoccupation pour l’U.G.G.F. et les services forestiers.

Le contrôle conjoint des services forestiers et des responsables de l’U.G.G.F. auxquels nous nous sommes joints, le samedi 6 juin 2009, nous a permis de constater de visu l’ampleur du phénomène tant décrié par la direction provinciale de l’Environnement et du Cadre de vie du Ziro. Robert Bayala, directeur provincial de l’Environnement et du Cadre de Vie (D.P.E.C.V.) du Ziro décrit les stratèges des démarcheurs : « ces individus mal intentionnés, à la recherche de l’argent facile, vont à Ouagadougou et proposent à des clients des massifs forestiers à vendre.

D’autres attendent bonnement les clients à Sapouy pour leur faire des propositions alléchantes. Conduisant ces derniers dans la brousse, les démarcheurs leur bradent les massifs forestiers aménagés appartenant à l’Etat. Et sans chercher à contacter les services forestiers ou les responsables de l’U.G.G.F. ces clients imprudents concluent le marché avec les démarcheurs. Or en aucun cas, aucune U.A.F. ne peut être cédée ou vendue à qui que ce soit. Généralement, c’est suite au défrichement incontrôlé et à grande échelle de l’acquéreur que les responsables des G.G.F. des villages alertent les services forestiers qui procèdent à la saisie et au déguerpissement de ce dernier, avec tous les désagréments possibles.

L’arrivée massive des migrants

Au cœur de l’unité aménagée N°5 du village de Kation situé à une quinzaine de kilomètres de Sapouy, des migrants sont en plein travaux champêtres dans une des parcelles de l’unité aménagée. Pour le président de l’U.G.G.F., Nama Tamoin, ces migrants sont des récidivistes car sa structure les a sensibilisés et ils ont même pris des engagements devant les services forestiers pour déguerpir les lieux. En somme, a dit le D.P.E.C.V. Bayala, la vente frauduleuse et l’occupation illégale des parcelles des unités aménagées, touchent presque tout le chantier d’aménagement Sapouy-Biéha. Mais le phénomène est plus récurrent dans l’ U.A.F. N°5 où 524 ha sur 3110 ha ont été empiétés. Dans l’unité N°7, 527 ha sur 1975 ha ont été aussi empiétés.

Parmi d’autres raisons de cet état de fait, Monsieur Bayala cite l’important flux migratoire vers la zone de Sapouy et l’arrivée massive des nouveaux acteurs. Aussi, a-t-il souligné, le relâchement de certains responsables des G.G.F. dans leur rôle de surveillance, de gestion et de protection des U.A.F. Ce faisant, sur le terrain, c’est un jeu de cache-cache que livrent les démarcheurs et autres migrants aux services forestiers et à l’U.G.G.F.
Pour le président de l’U.G.G.F. Tamoin Nama, l’envahissement total des U.A.F provoquerait de graves conséquences pour les populations. Il est à signaler que hors mis les U.A.F, il n’y plus de forêts naturelles dans la commune de Sapouy. C’est dans les U.A.F que toute la communauté locale tire ses sources de revenus.

Il faut citer également le cas des fameux « wambdado » chargés de bois pour la capitale, qui viennent généralement des U.A.F. de Sapouy-Biéha. Pour ce faire, les populations de Ouagadougou ressentiront aussi les effets néfastes de la disparition des U.A.F.
Pour pallier cet état de fait, le D.P.E.C.V. Bayala et ses hommes intensifient les opérations de surveillance et de contrôle dans toutes les U.A.F afin de les sécuriser. Tous les contrevenants seront sanctionnés à la hauteur des dégâts causés dans une U.A.F donnée, indique le D.P.E.C.V. Quant au président de l’U.G.G.F., il interpelle les éventuels acheteurs de terrains de production dans la commune de Sapouy, à bien vouloir contacter les services forestiers pour une vérification sur le terrain afin d’éviter d’éventuels désagréments. A la population, il leur dit qu’ « il faudrait surtout et avant tout, penser à ce que l’on veut laisser en héritage à ceux et à celles qui viendront demain. Penser à l’avenir, tel doit être le souci premier de tout adulte ».

Yassine SIENOU

Sidwaya

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