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Xe Sommet de la Francophonie : pour la première fois, la société civile va se mobiliser

Publié le mardi 13 juillet 2004 à 08h25min

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Dans le cadre du Xème sommet de la francophonie, Ouagadougou abritera du 20 au 22 octobre 2004, le Forum de la Société Civile Francophone sur le thème « Francophonie, espace solidaire pour un développement durable : rôle et contribution de la Société Civile ».

Le président de la commission du forum , Son Excellence M. Jean-Baptiste Ilboudo nous en parle à travers cet entretien avec Lefaso.net.

Lefaso.net :A l’occasion du 10èsommet de la francophonie, le Burkina Faso va abriter une rencontre de la société civile francophone . Quelles sont les motivations et les objectifs de cette rencontre ?

S.E.M JEAN -BAPTISTE ILBOUDO : le forum de la société civile francophone préconisé et voulu par le président du FASO et le secrétaire général de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) , est une réponse aux soucis des chefs d’état et de gouvernement de partager et/ou de faire partager par les composantes de la société civile des pays membres , les idéaux de la Francophonie et aussi ses projets et programmes. C’est la première fois dans l’histoire de la Francophonie qu’un tel forum se tient et il sera la traduction du souci de faire en sorte que les populations à la base s’approprient et ses idéaux et ses projets de la Francophonie .

Il va sans dire qu’il s’agisse de diversité culturelle , de nouvelles technologies de l’information et de la communication, de développement durable , d’éducation, si les organisations actives de la société civile ne se sentent pas concernées, il n’y aura manifestement pas de mise en oeuvre sur le terrain des meilleures intentions édictées et exprimées au niveau des chefs d’état . Donc, c’est un constat tardif mais un constat heureux . Il faut absolument impliquer la société civile si l’on veut réellement voir se développer ce bel idéal de partage, de solidarité que professe la Francophonie.

Que peut-on entendre par Société Civile francophone ?

J.B.I :Le terme de société civile francophone peut se décliner par rapport à la société civile des pays membres de la francophonie . En tant que telle, elle peut se définir comme le rassemblement des différentes composantes actives de la société civile dans l’espace francophone.

Qui sont précisément les participants à ce rendez-vous de Ouagadougou ?

J.B .I :Le forum de Ouagadougou a l’ambition de recevoir les représentants de toutes les société civiles des pays membres à savoir les 51 pays et y compris les pays observateurs . C’est au bas mot 56 pays concernés . Et la question qui se pose est : comment pourra-t-on accueillir tout ce monde ? Comme c’est une première , il y a bien sûr des précautions à prendre au point de vue logistique et financier en particulier. Ce genre de rencontre coûte cher et il faut s’assurer que non seulement on atteigne les objectifs tout en restant modeste dans les moyens que l’on doit déployer. En tout état de cause, chaque pays membre de la francophonie sera représenté par des délégués de la société civile .

Il y aura également une autre composante qui sera représentée, à savoir certaines organisations internationales non gouvernementales qui ont déjà des partenariats avec l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie ( AIF), des personnes ressources , voire des observateurs. L’idéal de solidarité professé par la francophonie ne nous bouche pas du tout les horizons de l’ouverture vers les autres pays anglophones notamment si nous avions les moyens. Nous escomptons entre 300 et 350 participants pour tenir compte des contraintes financières et logistiques . Je suis sûr qu’il y aura de la demande mais c’est aux instances au sommet de décider des directives à appliquer.

Justement où en êtes -vous pour ce qui est des préparatifs ?

J.B.I : Nous venons de tenir une rencontre préparatoire avec les organisations de la société civile burkinabé (samedi 26 juin 2004) . A cet effet nous avons réuni plus de deux cents personnes représentant 150 à 160 organisations. Cette rencontre nous a permis non seulement de mettre nos interlocuteurs , nos partenaires au même niveau d’information sur les préparatifs actuels, mais surtout de remettre la chose dans les mains de son propriétaire, parce qu’en dernier ressort, c’est la société civile burkinabé qui est en dernier ressort, l’hôte de la rencontre.

Donc, la commission du forum que je préside a travaillé pour permettre le lancement des préparatifs dudit forum. Nous avons mis en place le comité technique d’organisation qui va comprendre des représentants de la société civile burkinabé , étant entendu que la Commission d’organisation du forum qui est une des quatorze (14 ) commissions d’organisation du Xè Sommet de la francophonie, va s’appuyer sur les différentes autres commissions d’organisation : sécurité , accueil/hébergement, communication / presse, relations publiques, restauration, santé , etc. Le noyau qui sera sur le terrain autour de nous va nous aider à impulser la traduction sur le terrain de l’organisation pratique, matérielle et intellectuelle.

Qu’en est-il de la présence de la Société Civile francophone au Burkina Faso ?

J.B.I : A part les Samo qui parlent san et les mossi qui parlent moore, la société civile francophone du Burkina Faso est celle-là que vous connaissez . Que ce soient les mouvements de la jeunesse, des femmes, les associations de développement, les mouvements de défense des droits de l’Homme, etc. ; aux onze composantes de la société civile burkinabé. Elles étaient toute représentées à la rencontre préparatoire. Nous avons été heureux de constater qu’elles en ont fait leur affaire et tout le monde se sent concerné.

Sur quoi va porter la rencontre de Ouagadougou ?

J.B.I : Le thème du forum est une déclinaison du thème central du Xème Sommet qui je le rappelle est : « Francophonie, espace solidaire pour un développement durable ». Pour ce qui est du forum, à l’intitulé du thème central , nous avons ajouter : « Rôle et contribution de la société civile ».

En début juin s’est tenu à l’université de Ouagadougou le colloque international de l’AUF sur le développement durable : leçons et perspectives. Vous comprenez que nous n’allons pas répéter les trouvailles de ces éminentes personnalités du monde universitaire et scientifique. Les thèmes qu’elles ont pu traiter intéressent la société civile. Il s’agit pour nous le plus que nous pourrons, d’orienter les délibérations du forum sur des axes et des pistes d’actions concrètes, la traduction en programmes d’activités à mettre en œuvre par les acteurs de la société civile avec le concours des gouvernants .

Parce qu’il faut que soient traduits au niveau des politiques nationales, les actes et les actions souhaités et souhaitables pour réellement aboutir à un développement durable dans la solidarité. Cela est en interne. A l’externe, il faut que la société civile, avec le concours des autres (il y en a qui viendront du NORD , d’autres du SUD) puisse saisir cette occasion pour créer des voies de partenariats beaucoup plus actifs et que ceci puisse influer sur les politiques de leur gouvernement en matière de coopération, de dette, d’équité commerciale, de barrières au niveau intellectuel( mobilité des étudiants et des cadres).

Ce sont là les objectifs que devra poursuivre le forum ; il ne faudrait pas qu’il soit juste une déclinaison théorique et académique mais que les acteurs de la société civile prennent l’engagement d’être des acteurs auprès des gouvernements pour changer ce qui doit l’être et bâtir un monde qui donne les chances à un développement durable. Voilà ce à quoi l’on peut s’attendre du forum qui se profile à l’horizon .

Quelle est la date précise de la tenue du forum ?

J.B.I : Le forum se tiendra les 20,21,22 octobre 2004 à Ouagadougou .

D’autres précisions ?

J.B.I : Il y a un facteur qui nous est très défavorable, c’est le facteur temps. Un projet comme celui du forum n’a pas son équivalent et il nous a fallu tout inventé. A cela s’ajoute le fait que le Xème Sommet est conjointement placé sous la responsabilité du gouvernement du Burkina Faso, pays hôte, mais aussi de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Pour ce qui est du forum , il nous a donc fallu nous entendre avec notre partenaire qu’est l’AIF(Agence Intergouvernementale de la Francophonie) sur la compréhension même du forum tel qu’il a été explicité et aussi l’énonciation des moyens à mettre en œuvre .

Le gouvernement burkinabé en recevant l’organisation du Sommet, est soumis à un cahier de charges. Par contre dans ce cahier de charges, il n’est pas fait obligation pour le pays hôte de tenir un forum. Ce qui fait que les obligations contractuelles du gouvernement pèsent du côté de la satisfaction de ce cahier des charges.

Malgré tout, le Président du Faso et son gouvernement ont estimé que quoiqu’il en coûtera, ce forum de la Société Civile est un plus dans la démarche de la Francophonie et qu’il faut avec le concours des pays amis, réussir à le tenir. Certains pays se sont déjà manifestés tel le Canada. D’autres comme la France, la Belgique, le Luxembourg ont été sollicités pour nous aider à boucler le budget qui demeure pour nous un souci. Nous espérons que les moyens nous serons donnés pour que le forum soit un succès. Je peux d’ores et déjà dire que ce qui nous réconforte, c’est de savoir que la Société Civile burkinabé est partante.

Vous savez, dans le milieu, il y a souvent des préjugés. Nous n’avons pas connu cela et toutes les composantes ont été unanimes pour faire de cette rencontre, un succès au bénéfice de nos pays respectifs et bien sûr de la Francophonie. Nous sommes à jour J-120 . Il faut que le comité scientifique et d’organisation arrête son chronogramme pour que le compte à rebours puisse commencer afin d’utiliser le peu de temps qui nous reste à bon escient.

Entretien réalisé par Ismaël Bicaba
Lefaso.net

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