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Commune de Niangoloko : Les fils et filles se réconcilient après plus de 5 ans de déchirures

Publié le lundi 4 mai 2009 à 00h00min

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Les filles et fils de Niangoloko, après près de six ans de division et de mésententes dues à des divergences politiques, ont désormais décidé de renouer les fils du dialogue pour le rayonnement de leur cité commune. La cérémonie consacrant cette réconciliation a eu lieu samedi 2 mai 2009 sur la place de la mairie de Niangoloko, sous la présidence de la ministre de la Promotion des droits humains, Salamata Sawadogo et le parrainage de El Hadj Djanguinaba Barro, président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Bobo-Dioulasso.

La réconciliation des filles et fils de la cité du Santa a été voulue, selon l’initiateur Bissiri Joseph Sirima, par les plus hautes autorités du pays, en témoigne le patronage assuré par le président du Faso, Blaise Compaoré. Cette cérémonie de réconciliation fait suite aux évènements douloureux qu’à connu la ville le 12 décembre 2003. Tout est parti d’un projet de lotissement au cours duquel des affrontements ont eu lieu entre les partisans du maire sortant d’alors, Dominique Héma et ceux de l’actuel maire Abraham Soulama. A l’occasion, des biens publics et privés ont été endommagés ou détruits. L’actuel maire a payé le plus lourd tribut avec son domicile et ses biens saccagés. Jugés coupables de destruction de biens, le maire sortant et ses partisans ont été transférés à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso (MACB).

Il s’en est suivi une exacerbation de la crise avec des positions tranchées de part et d’autre, à tel point que les partisans de Dominique Héma et ceux de Abraham Soulama étaient à couteaux tirés. La discorde était ainsi installée et les filles et les fils du Santa ne pouvaient s’asseoir ensemble pour parler du développement socioéconomique de leur cité. Cette situation délétère où les populations s’étaient tournées le dos a amené un des fils de la localité, Bissiri Joseph Sirima à initier cette journée de réconciliation avec le soutien des plus hautes autorités du pays.

Un long processus pour réconcilier les frères ennemis a été donc entamé depuis 2007.
C’est ce processus qui a abouti le samedi 2 mai 2009 à la cérémonie de réconciliation entre les filles et les fils de Niangoloko. Pour la circonstance, toute la ville s’est mobilisée. Dès 8 heures du matin, les populations “assoiffées” de pardon et de réconciliation ont pris d’assaut la place de la mairie, bien décorée pour la circonstance. Un peu partout, on pouvait lire sur des banderoles, des slogans tels que : “pas de développement sans cohésion”, “la division est source de ruine” ou encore “ pardonner n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un regard vers le futur”. Toutes les troupes de la commune ont tenu à être de la fête.

Se donner la main pour bâtir la cité du Santa

C’est au son de la musique de ces troupes traditionnelles que les populations patientaient en attendant l’arrivée des officiels dont le ministre de la Promotion des Droits humains, présidente de la cérémonie, le gouverneur de la région des Cascades, Fatimata Legma et le parrain de la cérémonie, El hadj Djanguinaba Barro.
Ces derniers et la forte délégation qui les accompagnait ont été accueillis à l’entrée de la ville par les autorités communales et l’initiateur de la cérémonie. Leur arrivée sur le lieu de la cérémonie a été saluée par des cris de joie, des pas de danse de masques et de la musique.

C’est sous un soleil de plomb que les habitants du Santa se sont dit pardon. Tour à tour, le chef de village Baba Frédéric Héma, le maire Abraham Soulama, le président du comité de réconciliation, l’abbé Thomas Héma et de nombreuses autres personnes ressources des Cascades, ont pris la parole pour remercier le chef de l’Etat, le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale pour leur implication personnelle dans la résolution de cette crise. Ils ont aussi salué le courage et la détermination de M. Sirima quand on sait que la déchirure entre les frères était profonde. Pour eux, il était vraiment temps d’enterrer la hache de guerre et de regarder désormais dans la même direction, afin que Niangoloko puisse connaître un meilleur sort. Les intervenants ont souhaité que le pardon accordé soit traduit en actes dans les temps à venir. A leur suite, ce sont les deux principaux protagonistes de la crise, à savoir l’ancien maire Dominique Héma et l’actuel maire Abraham Soulama, qui se sont exprimés.

Ils ont chacun rappelé le passé douloureux avec le passage à la MACB pour le premier et la destruction de ses biens pour le second. Après ce rappel, ils ont chacun déclaré : “du fond du cœur, je demande pardon et je pardonne pour tout”. Ce fut ensuite au tour de Bissiri Joseph Sirima, de demander publiquement au nom de tous, pardon pour tous ces évènements douloureux, à l’image du président du Faso le 30 mars 2001 au stade du 4-Août à Ouagadougou. “Comme l’a fait le président Blaise Compaoré, nous devons nous aussi demander pardon et nous pardonner mutuellement suite aux évènements douloureux de 2003, nous donner la main pour le développement de Niangoloko, de la Comoé, des Cascades et du Burkina-entier”,
a déclaré M. Sirima.

La bonne foi des protagonistes appelée de tous les vœux

Il les a invités à prendre l’engagement d’œuvrer à consolider le dialogue entre tous les fils de la cité aux fins de résorber le déficit de dialogue et de communication. “Si nous voulons avancer, il faut arriver à surmonter avec détermination et courage ces souvenirs douloureux”.

Après ce discours de pardon, place a été faite aux rites de cérémonie traditionnelle de réconciliation. Pour cela, ont été appelé devant le public les deux protagonistes, un représentant de chacune des 5 plus fortes communautés de la localité (Gouin, Dioula, Mossi, Peul et Lobi). Il s’agissait pour eux de boire de l’eau fraîche servie dans des verres (pour calmer leur cœur) et de verser une partie de l’eau sur de la braise allumée pour la circonstance (pour éteindre le feu de la discorde). Mais avant cela, ils ont renouvelé leur demande de pardon et accordé leur pardon à toutes et tous. Un bélier et deux coqs blancs ont été offerts au chef de village pour implorer les mânes des ancêtres.

Après cela, le parrain de la cérémonie, Djanguinaba Barro, le gouverneur des Cascades, Fatimata Legma et le ministre de la Promotion des Droits humains, Salamata Sawadogo, ont exprimé leur joie et leur satisfaction. Ils ont dit croire à la bonne foi des filles et fils de Niangoloko afin que cette réconciliation soit désormais effective dans leurs faits et gestes de tous les jours. Ils ont aussi salué l’initiative de Bissiri Joseph Sirima, qui pour eux, ne peut que contribuer au développement socioéconomique de la ville de Niangoloko. Pour montrer sa détermination à les accompagner sur la voie du dialogue et de la cohésion sociale, Mme Sawadogo a promis aux populations de venir célébrer avec elles la prochaine Journée du souvenir, le 30 mars 2010 ou le 2 mai 2010 en différé. Pour clore la cérémonie, l’évêque du diocèse et le grand Imam de Banfora ont donné leur bénédiction pour une réconciliation effective et durable des fils de Niangoloko.

D’autres activités étaient au programme de cette journée de réconciliation. Il s’agit d’une assemblée générale des ressortissants de la cité du Santa, de la finale de la coupe de l’Espoir et d’un concert musical avec Rovane du Burkina Faso et Daouda Koné de la Côte d’Ivoire.
De nombreux fils de la région des Cascades, notamment ceux de la diaspora ont fait le déplacement pour marquer leur adhésion à cette importante cérémonie de réconciliation.

Clarisse HEMA (Rafik_amos@yahoo.fr)

Sidwaya

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