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Banfora : Pénurie d’essence frauduleuse

Publié le mercredi 29 avril 2009 à 02h16min

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Depuis quelques jours, certains vendeurs d’essence au détail installés aux coins des rues de Banfora ne savent plus où donner de la tête. Une pénurie s’est installée et ils sont nombreux, ces détaillants qui ont fermé leurs étales. Ceux qui disposent encore du « circuit » ont simplement augmenter leurs prix « parce qu’on ne gagne plus l’essence ». Les raisons d’une telle situation restent encore un mystère, c’est là que le bât blesse.

Se servir au niveau des petits étals au bord des rues est une habitude qui, depuis quelques années, était entrée dans les meurs des Banforalais. Plus besoin encore, pour une panne sèche, de faire une distance pour se ravitailler en carburant. Plus question non plus pour beaucoup d’aller débourser gros dans les grandes stations, car dans ces petits commerces, l’essence est moins coûteuse : là-bas, le litre se négocie à 600 F, peut importe les conditions de stockage.

Dans un contexte de vie chère, avec au moins 50 francs de différence avec le prix pratiqué à la pompe, cela n’est pas à négliger. Tout ces facteurs ont concouru à la prolifération de ces petits points de vente à travers la ville. Certains vendeurs se côtoient à moins de 20 mètres, pourvu que chacun y trouve son compte.

Mais, depuis quelques jours, le constat est triste : plusieurs de ces petites tables montées pour l’occasion sont vides à l’image de celle de ce gérant installé au secteur n°7 de Banfora, côté est du collège Sainte-Thérèse, qui explique que là où il se ravitaillait, on lui a fait comprendre qu’il n’y a plus d’essence. « Je suis mécanicien, donc je me suis rabattu sur cette profession, puisque la vente de l’essence était une activité accessoire pour moi », a poursuivi ce dernier.

Cette dame au secteur n°5, contrairement au premier, avait toujours de l’essence chez elle ce 25 avril. Le problème, c’est qu’elle a dû ajouter 50 F sur le prix. Devant notre curiosité, elle explique qu’on ne trouve plus l’essence. « Je suis allée trouver cela chez quelqu’un au secteur n°8 de la ville, et il me l’a vendu cher ». Pour entrer dans ses fonds, et faire des bénéfices surtout, elle aussi a revu ses prix à la hausse. C’est aussi cela, les réalités du commerce.

Les raisons d’une telle pénurie subite donnent lieu à la spéculation : d’aucuns disent que leurs grossistes n’arrivent plus à les ravitailler. Quels sont ces grossistes quand on sait que les stations d’essence ne sont pas frappées par cette situation ? Sur la question, à la station Total, on est sans équivoque, on soutient fermement que ces détaillants ne s’approvisionnent pas à leur niveau.

La raison de leur fermeture ce week-end était due à la grève décrétée dans l’ensemble des stations TOTAL à travers le Burkina. Cependant, les autres stations de la ville fonctionnent normalement, et la SONABHY non plus n’est pas en rupture ; certains lient cette situation à la saisine d’un stock illégal d’essence par la gendarmerie de Sya chez un transporteur de Banfora, accusé de jouer au grossiste.

Ce dernier a « nié » ravitailler les détaillants de la ville, et son stock saisi serait destiné à la consommation de ses propres véhicules, une dizaine, qui font la liaison Banfora - Côte d’Ivoire. Tout en se réservant d’en donner la quantité, il semble que ce carburant aurait été ramené à la SONABHY ; d’autres indexent la douane, qui aurait fait une décente et opéré des saisines chez des grossistes d’où la pénurie qui affecte sérieusement tout le monde. Un de ces détaillants a regretté de ne plus pouvoir vendre en moyenne 15 litres par jour.

S’il est hésitant à donner des chiffres, on comprend aisément qu’il a un manque à gagner. Chez Salam Ouédraogo, où se ravitaillent plusieurs détaillants de la ville, la situation n’est pas enviable avec ses nombreux bidons vides. Selon ses dires, il pouvait vendre 300 à 500 litres par jour, ce qui lui permettait de s’occuper de sa famille. « Ces deux jours, je ne comprends pas le problème de l’essence ».

Qui sont le ou les principaux fournisseurs de ce jus ? D’où vient ce carburant qui inonde ainsi les rues de Banfora, et partant la région des Cascades au détriment même des grandes stations eu égard à son accessibilité ? Si sa provenance n’est pas un secret, (elle vient de la Côte d’Ivoire), le problème, c’est que les langues ont du mal à se délier sur les fournisseurs, du fait de l’illégalité de l’activité.

Des « grossistes » comme Salam Ouédraogo soutiennent qu’ils sont ravitaillés par des cyclistes et des motocyclistes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce « marché noir » du carburant est juteux. Mais, du côté de la brigade mobile de douane de Banfora, l’on crie à l’activité illégale. En effet, comme l’explique Tiaho B. Antoine, chef de la brigade mobile de douane de Banfora, au Burkina, la SONABHY a le monopole sur les hydrocarbures. Le souhait de cette brigade est que cette activité disparaisse.

C’est pourquoi les fournisseurs sont traqués, et certains tombent très souvent dans leurs filets comme ce fut le cas tout récemment, poursuit M. Tiaho, de cyclistes et de motocyclistes appréhendés alors qu’ils transportaient ce carburant frauduleux. Ce qui est loin de décourager les plus téméraires, faire rentrer le carburant de la Côte d’Ivoire et le vendre moins cher étant une source de revenue.

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga

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