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GARANGO : On a frôlé un affrontement entre gendarmes et population

Publié le vendredi 10 avril 2009 à 02h02min

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Deux véhicules de marque Toyota, immatriculés au Togo, arrêtés et conduits à la gendarmerie de Garango, le 5 avril dernier, ont été à l’origine de graves incidents qui ont failli dégénérer.

Dans la politique de lutte contre la fraude, la contrebande et autres formes de délinquance, engagée par les autorités du Burkina, la gendarmerie nationale est davantage sollicitée. C’est ainsi que les brigades de gendarmerie des différentes régions du pays, surtout celles des zones d’insécurité, de contrebande ou de transit de contrebandiers, comme Garango, sévissent. Toutefois, les choses ne se passent pas sans accroc quelquefois avec la population. En effet, le dimanche 5 avril 2009, les gendarmes de la brigade de gendarmerie de Garango ont eu maille à partir avec la population de ladite ville.

Un accident rocambolesque a été provoqué par l’un des deux véhicules, précisément un minicar. Informés vers 14h de la présence de véhicules en provenance de Cinkancé transportant des produits de contrebande à la station d’essence au centre-ville, les gendarmes interceptent les deux véhicules qu’ils conduisent à la brigade de gendarmerie. Là, les chauffeurs reçurent l’ordre de bien positionner leur véhicule pour pouvoir débarquer le contenu. C’est à ce moment-là que le chauffeur de l’autre véhicule a préféré prendre la poudre d’escampette. Une folle course poursuite s’engage donc entre pandores perchés sur leur moto et le chauffeur contrebandier accroché au volant de sa Toyota vétuste, le pied bien solidement posé sur l’accélérateur. "On se croirait, dit un témoin, à un Paris-Dakar." En voulant négocier un virage au niveau du rond-point de la ville, les pneus arrière explosent. Déséquilibré, à cause de la surcharge pondérale, le véhicule fait tonneau puis s’immobilise sur le flanc gauche, totalement cabossé.

Pour la population, très remontée, qui n’a pas apprécié la manière dont les gendarmes ont pourchassé le chauffeur sur l’axe principal de la ville, ce serait l’un des gendarmes qui aurait tiré sur les pneus arrière du véhicule, provoquant l’accident. Dans la foule qui s’est massée tout autour du véhicule, une certaine rumeur fait également cas d’un enfant blessé par balle. Mais il s’agissait plutôt d’une petite fille qui aurait reçu à la tête des éclats de vitres cassées qui ont provoqué des égratignures. Admise à l’hôpital où elle a reçu des soins, elle a regagné la maison avec sa mère quelque temps après. La tension entre la population et les forces de l’ordre était tellement vive que le maire de la commune, André Zouré, accompagné du préfet René Nana, s’est déporté sur les lieux.

Un renfort venu de Tenkodogo

Appelant la population, très excitée, à la retenue, le maire n’a pas été écouté. Il a été purement et simplement rabroué par la foule. "Ici, ce n’est pas la mairie", lui a lancé quelqu’un dans la foule. Pour désamorcer la tension qui ne cessait de monter dans la foule, le CB (Commandant de brigade) de Garango a fait appel à un renfort venu de Tenkodogo, précisément la brigade de prévention routière dirigée par le commandant Mamadou Sawadogo. C’est l’équipe de ce dernier qui a procédé au constat d’usage. Les policiers du commissariat central ont également renforcé le dispositif sécuritaire. Un pandore a-t-il réellement tiré sur les pneus arrière du véhicule au niveau du rond-point comme l’affirmait la foule ? Pour le CB qui avait à ses côtés le CBA (commandant de brigade adjoint), aucun de ses éléments n’a fait usage de son arme.

Le chauffeur, selon lui, a mal négocié le virage au niveau du rond-point, et c’est ce qui a provoqué l’explosion d’un des pneus et ensuite l’autre à cause de la surcharge. Selon l’explication du CB, le véhicule ainsi déséquilibré par la charge a fait tonneau pour finir par s’isoler sur un flanc. Selon les dires du CB, l’accident n’a pas fait de victime. Mais le chauffeur, lui, a pu s’échapper. On ignore donc sa nationalité. Mais tout porte à croire que les deux chauffeurs ne sont pas burkinabè. Le patron des pandores de Garango dit être déçu du comportement de la population qui croit que ses éléments ont tiré sur le véhicule. Pour lui, tout cela est faux. "Nous, nous avons fait notre travail dans la légalité", a-t-il dit.

Tout en déplorant le manque de collaboration de la population, il invite tout de même celle-ci à plus de collaboration avec les forces de l’ordre. "Nous sommes là pour la population", a-t-il ajouté. Une enquête est ouverte, selon le CB, pour déceler les complices dans cette activité de contrebande. Le montant des produits saisis par la brigade de gendarmerie de Garango est estimé à 2 millions de F CFA. Dans la région du Centre-Est, une grande partie des produits de contrebande échappe aux forces de l’ordre. Toute chose qui tire l’économie du pays vers le bas. Une véritable collaboration entre les populations et les forces de l’ordre s’avère donc nécessaire.

Par Welman GUINGANI (Collaborateur)

Le Pays

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