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GENEVIEVE GOETZINGER, DIRECTRICE DELEGUEE DE RFI : “RFI n’est pas la voix du gouvernement français”

Publié le jeudi 5 mars 2009 à 01h22min

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Généviève Goetzinger, directrice déléguée de RFI.

Présente à Ouagadougou dans le cadre du 21e FESPACO, Mme Géneviève Goetzinger, directrice déléguée de Radio France internationale (RFI) depuis 8 mois a rendu visite aux Editions "Le Pays", le mercredi 4 mars, en fin de matinée. Avant d’occuper ce poste, Mme Goetzinger a été journaliste politique et directrice de l’information sur RFI. La rédaction en a profité pour lui poser quelques questions. Avec elle, il est question, dans les lignes qui suivent, du FESPACO 2009, des réformes à RFI, des absences de certaines voix de l’antenne, de Moussa Kaka, etc.

"Le Pays" : Quel est l’objet de votre visite à Ouagadougou ?

Géneviève Goetzinger : Je suis là pour représenter RFI au FESPACO. C’est un évènement qui compte beaucoup pour nous car, comme vous le savez, nous sommes très présents dans le soutien du cinéma africain à travers le FESPACO et, au-delà, dans plusieurs manifestations. En même temps, nous assurons la promotion du FESPACO, puisqu’on est partenaire.

Pouvez-vous justement nous dire un mot sur ce partenariat entre RFI et le FESPACO ?

C’est un partenariat qui est très ancien. Il existe depuis 1972 quand le FESPACO est devenu compétitif. Et depuis lors, RFI n’a jamais cessé d’accompagner ce festival. Et certains de nos journalistes ont quelques fois été membres de jury du FESPACO. Et c’est aussi pour nous l’occasion d’en rendre compte sur les antennes d’une manière extrêmement forte dans les éditions du journal comme Afrique midi et un certain nombre d’émissions phares de RFI, puisqu’on a ici à Ouaga en ce moment, Juan Gomez et Claudy Siar qui ont recueilli d’ailleurs un beau succès avec le public à la place de la Nation.

Vous accordez habituellement un prix spécial au FESPACO…

Oui, et nous l’accordons encore cette année. Il sera remis par Cathérine Ruelle à la clôture du festival. Cette année, la différence est qu’on appelle nos auditeurs cinéphiles à se prononcer par texto (ndlr, SMS) avec notre partenaire Zain (société de téléphone mobile, ndlr). C’est important, cette logique de réappropriation par le public du FESPACO, en lui donnant l’occasion de se prononcer par le vote.

Comment trouvez-vous le FESPACO qui a 40 ans d’âge cette année ?

Alors, là, je ne vais pas me risquer, je ne suis pas un spécialiste du cinéma. Ce n’est pas du tout mon métier et je ne vais donc pas me permettre de raconter n’importe quoi. Mais Cathérine Ruelle qui, est une vraie connaisseuse du cinéma d’une manière générale et du cinéma africain en particulier, m’a dit que c’est une très belle sélection de films en compétition.

A quoi répond le projet de pôle audiovisuel extérieur qui a été récemment adopté et qui regroupe notamment France 24 ?

A un moment donné, la République française a décidé de réunir, dans une structure commune, une holding avec des filiales, tout ce qui relève de l’audiovisuel extérieur de la France. Pour RFI, cela ne changera rien à la ligne éditoriale. RFI reste une radio internationale, une radio qui donne un regard français sur l’actualité internationale ; une radio qui a des correspondants qui permettent de donner à un certain nombre d’auditeurs à travers le monde, ce regard sur l’actualité mondiale en français et dans d’autres langues ; ce que peu de médias internationaux sont capables de faire. De ce point de vue, ça ne change pas grand-chose. Simplement, on peut imaginer après des synergies en termes de correspondants, d’internet, de contrats communs sur la téléphonie, etc. Mais ça ne change rien à la mission de RFI qui reste exactement la même.

Il y a tout de même des signes d’inquiétudes avec les grèves du personnel, la suppression annoncée de postes ...

L’inquiétude dont vous parlez n’a pas trait à la réforme liée à l’audiovisuel extérieur de la France. Elle a trait à une stratégie différente de RFI, une réorganisation avec un problème budgétaire au départ. Puisque, vous le savez peut-être, RFI a connu l’année dernière un déficit budgétaire extrêmement lourd qui oblige à réfléchir un peu différemment. Donc, il y a eu, pour une première fois depuis très longtemps, une réflexion sur ce que doit être RFI, comment elle doit émettre, vers qui, quelles sont ses cibles, est-ce qu’elles sont différentes suivant les pays dans lesquels elle s’exprime, dans quelles langues elle doit s’exprimer, etc ? Et aujourd’hui, est-ce que RFI doit prendre ou pas (la réponse est évidemment positive) le nouveau virage de diffusion de nouveaux médias que sont l’internet et la téléphonie mobile qui sont des marchés extrêmement porteurs.

C’est donc un virage à prendre très vite parce que, si on ne le fait pas aujourd’hui, d’autres le feront et ce temps perdu ne pourra jamais être rattrapé. A partir de là, il y a une stratégie différente qui a été définie : la nécessité de trouver de nouveaux espaces de développement. Là, ce sont des choix à faire qui pourront se traduire par ce que l’on appelle plan global de modernisation, un plan de restructuration.

Quel est le budget de fonctionnement de RFI ?

Il est aux alentours de 130 millions d’euros. C’est quand même un très gros budget. Avec 130 millions d’euros, on peut faire beaucoup de choses ! C’est un budget qui est financé par le contribuable français. Alors, on n’a pas le droit de faire des déficits.

On dit souvent de RFI qu’elle est la voix de son maître…

Quel maître ? Vous parlez de notre président ?

... du gouvernement français dans son ensemble.

RFI, c’est une équipe de journalistes et les journalistes, vous le savez comme moi, sont de nature très indépendants. RFI, c’est une radio française d’informations qui apporte un regard français sur l’actualité internationale. Ce n’est pas la voix de la France, ce n’est pas uniquement la voix du gouvernement français ! Il y a un pluralisme des opinions à RFI. Il y a des gens qui pensent de manière différente à RFI. Simplement, ils estiment tous qu’ils ont un devoir de rigueur, de confrontation des idées, et surtout de donner à leurs auditeurs des clefs de décryptage pour que eux-mêmes se fassent leur propre opinion sur les évènements. C’est ça, RFI !

Pourquoi avoir supprimé l’émission "On est où là ?" qu’on aimait bien écouter ?

C’est une émission que j’adorais. Elle a disparu des ondes simplement parce que le producteur a choisi d’aller travailler sur une autre radio française. Il a démissionné, c’est tout.

Pourquoi ne l’avoir pas remplacé par quelqu’un d’autre ?

Cette émission, était sa griffe. C’est lui qui l’avait créée et en était porteur. C’est sa personnalité qui s’exprimait à travers cette émission. C’était son concept. Alors, s’il démissionne, on ne peut pas piquer son concept et donner l’émission à quelqu’un d’autre, ça ne se fait pas ! Et juridiquement, on pourrait avoir des problèmes si on faisait cela.

N’a-t-il pas été victime de la réforme ?

Il n’a été victime de rien du tout. Il a décidé de partir l’été dernier, de son plein gré. Peut-être reviendra-t-il un jour ?

Sur RFI, il y a des voix qu’on entend plus comme celles de Bruno Minas, de Vincent Garrigue. Qu’est-ce qui se passe ?

Bruno Minas a pris des responsabilités. Il est au aujourd’hui l’un des deux patrons de l’antenne Afrique. Il ne fait plus d’antenne lui-même ; il dirige les autres. C’est juste pour ça que vous ne l’entendez plus, mais il est toujours à RFI. Vincent Garrigue a pris une disponibilité pour aller travailler à l’extérieur de RFI. Il reviendra peut-être, un jour.

Et Boniface Vignon ?

Pareil pour Boniface Vignon. Il a pris un congé pour aller faire autre chose.

Avez-vous les nouvelles de Moussa Kaka ? Que devient-il ?

A RFI, on est extrêmement heureux qu’il soit libéré. Il a passé beaucoup de temps en prison pour avoir fait son métier. Aujourd’hui, il se repose. Il a une mission qu’on lui a confiée. Je n’en parlerai pas davantage parce qu’il y a encore des jugements à venir. Jusque-là, il travaille pour RFI et est rémunéré pour cela. Pour l’instant, il ne fait pas d’antenne. Après un an de prison, il a droit à un peu de calme, de tranquillité avec sa famille.

Y-a-t-il eu des concessions entre RFI et le gouvernement nigérien pour sa libération ?

Aucune concession. A un moment où les procédures judicaires ne sont pas terminées, ce sera un peu délicat de ma part de vous répondre plus en détail. Ça pourrait même être contre-productif pour Moussa Kaka. Mais je peux dire qu’il n’y a pas eu de concession faite par nous ; il y a plutôt des discussions. Et certainement qu’il y a eu quelque part une prise de conscience qu’un journaliste en prison, ce n’est jamais bon pour l’image d’un pays. La seule chose que je peux vous dire c’est qu’on est très heureux que cette histoire soit terminée.

Le micro ne vous manque-t-il pas depuis que vous ne passez plus à l’antenne ?

Le micro n’a pas le temps de me manquer (Rires…). Je veux dire que je suis très occupée par mon travail. Le temps du micro reste une période de ma vie très merveilleuse. J’ai adoré le micro, et j’adore ce que je fais aujourd’hui.

Dans le livre d’or...

Un honneur et beaucoup de bonheur de partager ce bref moment avec une équipe professionnelle et dynamique. Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos projets aussi bien en presse écrite qu’en radio. Avec toute mon amitié.

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays

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