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Liberté de la presse : Retour chez deux victimes du putsch du CND

Publié le dimanche 5 mai 2019 à 23h21min

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 Liberté de la presse : Retour chez deux victimes du putsch du CND

Considérés comme des acteurs de premier plan dans la construction et la consolidation de toute démocratie, les médias sous nos cieux jouissent de plus en plus d’une liberté de ton. Un acquis jamais définitif, puisque mis en cause quand surviennent des troubles politiques.

Ce fut le cas en 2015 quand des radios ont été réduites au silence, en plein coup d’Etat du Conseil National pour la Démocratie.

A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, nous faisons un flash-back sur l’une de ces pages sombres des médias burkinabè, avec radio Laafi de Zorgho incendiée, et radio Savane FM dont le matériel a été emporté.

Le monde entier a célébré la journée de la liberté de la presse le 3 mai dernier sous le signe du rôle des médias dans les élections et la démocratie. Au Burkina Faso, l’événement a été commémoré sous le thème, « Médias et élections dans un contexte de crise sécuritaire et communautaire au Burkina Faso ».

A l’environnement socio-économique difficile dans lequel ils évoluent, les médias burkinabè sont souvent sujets à des menaces et actes de vandalisme par ceux qui voient leurs intérêts menacés.
En cette journée mondiale de la liberté de la presse, Albert Tarpaga, directeur de la radio Laafi de Zorgho se remémore des dures périodes que sa station a vécues en septembre 2015. En plein coup d’Etat des éléments du RSP ont fait une descente dans cette ville avec pour mission de faire taire la radio. Ils ont rassemblé tout le matériel pour y mettre le feu. Mis hors d’état d’usage les deux émetteurs.

« C’est dommage. Ça été une journée noire pour nous, on s’est demandé pourquoi. Parce que même les radios visitées par les éléments du RSP à Ouaga n’ont pas connu les dommages comme à notre niveau ».

En réalité, les pourfendeurs de la liberté de la presse étaient à la recherche d’une radio pirate, la « radio de la résistance », qui émettait des messages qui ne faisaient pas leur jeu.

Dans leur mission de traque, ils se rendront également à la radio Savane FM, avec des armes de guerre. Nuitamment, ils feront intrusion pour s’emparer du matériel, non sans ligoter le vigile.

Ismaïla Rabo le rédacteur en chef de la radio indique d’ailleurs que ce n’était pas la première visite du RSP à Savane FM. « A la publication du rapport de la commission de réconciliation nationale et des réformes, nous avions fait un résumé en mooré. Entre autres, la commission demandait la suppression du RSP. Six éléments sont venus, trois sont rentrés dans nos locaux pour dire qu’ils ne voulaient plus entendre parler du RSP sur nos antennes », se rappelle le rédacteur en chef.

Loin d’entamer la détermination des journalistes des deux rédactions, ces événements sont venus leur rappeler la justesse de leur engagement à informer le public, apporter des clés pour comprendre la société.

Ismaïla Rabo tout en notant que la radio a dû passer plusieurs jours sans émettre, même après l’échec du coup d’Etat, par manque de matériel, précise que l’action des éléments du RSP a ravivé la flamme des journalistes de la rédaction à informer quotidiennement les auditeurs, à participer à la transparence et œuvrer à l’enracinement du processus démocratique.

« Nous avons été très affligés, mais on s’est rendus compte que le travail que nous faisons est très important. Ça nous a donné beaucoup plus de vigueur, l’envie de toujours travailler dans le professionnalisme parce que nous voyions que ce que nous faisons était important mais nous-mêmes ne mesurions pas la dimension de cette importance », reconnait pour sa part le premier responsable de la radio Laafi.

La population se mobilise pour « sa radio »

L’arrêt forcé de la radio Laafi de Zorgho a été ressenti par les populations dont c’est le principal moyen d’information. A ce propos, un fait a particulièrement retenu l’attention de Albert Tarpaga, directeur de la radio Laafi de Zorgho. « Une vieille a quitté à plus de 60 km pour venir à la radio avec son poste, parce qu’elle pensait que la radio était en panne. Nous lui avons que c’est le RSP qui est venu brûler. Ce jour-là, elle nous a donné 25F comme contribution à la reconstruction. Cette pièce, je l’ai gardée sur ma table, c’est un symbole », explique le directeur.

Ce sont les populations, bénéficiaires de la radio, qui ont initié une chaine de solidarité pour remettre leur radio en marche. « D’abord, dès les premiers jours, comme un seul homme le jour du marché de Zorgho, 252 000 F CFA ont été collectés par l’entremise du chef traditionnel pour remettre à la radio. Les fils et filles de la province résidants à Ouaga et ailleurs se sont cotisés pour acheter un émetteur, trois micros, une console et ont remis à neuf le bâtiment.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 mai 2019 à 00:09, par KABORE En réponse à : Liberté de la presse : Retour chez deux victimes du putsch du CND

    C’est quoi la liberté de presse ? Faire des calomnies et des diffamations et ce de manière impunie ? D’ailleurs même toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.
    Juste trois constat :

    - 1) Les pays (Russie, Chine) où on dit il n’y pas de liberté d’expression sont pourtant ceux qui s’en sortent le mieux dans ce monde d’aujourd’hui très vulnérable sur le plan moral, économique et sécuritaire.

    - 2) Les pays (France, Burkina) où on dit il y a la liberté d’expression sont ceux là où les syndicats et autre forces anarchistes sèment la zizanie dans la République.

    - 2) Donald TRUMP qui a été et même qui continue d’être vilipendé par les médias est pourtant celui lui là qui redonne sa force au USA sur tout les plans.

    J’ai beaucoup de respect pour les journalistes, je leur souhaite d’être plus patriotes sinon même des ultra-nationalistes !!

  • Le 6 mai 2019 à 10:19, par RESANE En réponse à : Liberté de la presse : Retour chez deux victimes du putsch du CND

    Mon propos sera-t-il hors sujet. J’en laisse l’appréciation à la communauté des internautes.
    Il semble qu’une unanimité se fait autour du fait que la presse jouit d’une assez remarquable liberté, puisque que le pays a marqué des points dans le classement mondial.
    Les hommes de presse doivent maintenant prouver que l’environnement leur est favorable par la qualité de leur travail. Chacun doit prendre la mesure de tâche et de sa responsabilité. Lorsqu’un animateur de radio nationale exerce comme s’il était sur un média de copains, j’avoue que cela tire vers le bas le métier et n’honore pas le pays. Ceux qui suivent les matinales de la RTB devineront de quoi je parle. Un certain monsieur s’y fait le plaisir de raconter ses états d’âmes :
    " La première édition du journal, c’est avec ..., l’enfant de ..." ou encore "C’était le journal présenté par ..., l’enfant de... Et quant à moi, je suis...., .... pour les intimes"
    Quel intérêt professionnel y a-t-il à étaler les lieux de naissance de ses collaborateurs sur les ondes ? Est-ce cela la culture générale ou la spécialisation du journaliste ? Et le nom pour les intimes ? La radio est-elle devenue un salon de copains ? Suivez le ton du monsieur quand il parle : rien de naturel, rien que des grimaces élocutoires. J’appelle cela de la parodie, indigne pour une chaîne nationale.
    Ou bien est-cela la liberté de la presse ?

  • Le 6 mai 2019 à 11:20, par Nabiiga En réponse à : Liberté de la presse : Retour chez deux victimes du putsch du CND

    C’est dommage que la radio ait été réduite en cendre par le Katiba RSP d’Aqmi du Sahel dont le quartier général se trouve au nord du Mali. C’est bien regrettable en effet que ces djihadistes de RSP ait agi ainsi mais rien n’est perdu car la justice militaire va tout simplement calculer le préjudice et l’ajoutera à ce que Gilbert, chef Djihadiste du Burkina, va verser aux victimes de son coup d’état. C’est juste une question de temps et tout sera réglé. Voilà

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