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Le "ran-gnouga", du chef de canton de Kokologho : Une fête pour communier avec les ancêtres

Publié le mardi 17 février 2009 à 03h13min

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Le chef de canton de Kokologho, Naaba Kaongo, a célébré, le samedi 31 janvier 2009, sa fête coutumière dénommée "ran-gnouga" en langue nationale mooré. Cette fête commémorée annullement depuis la nuit des temps donne le top de départ pour la consommation des nouvelles récoltes.

Il est un peu moins de 7 heures ce matin du samedi 31 janvier 2009 à Kokologho. C’est un grand jour pour cette localité située à une quarantaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale. Le chef de canton, Naaba Kaongo célébrait sa fête coutumière, le "rang-gnouga", dédiée aux ancêtres pour leur dire merci. Tous les mouvements convergeraient vers le palais royal. Les bruits assourdissants tirés de temps à autre par des fusiliers traditionnels donnaient la preuve de l’ambiance qui prévalait. Dans les concessions, les femmes s’activaient pour terminer la préparation des vituailles. Tôt le matin, aux environs de 4 heures, Naaba Kaongo est rentré de son périple qui l’a conduit une semaine durant à travers les villages du canton. Cette tournée lui a permis de réaliser des rites coutumiers avec pour couronnement le "ran-gnouga".

Le "ran-gnouga" est la plus importante fête coutumière du canton de Kokologho. C’est une prescription à laquelle aucun chef n’a le droit de se dérober, selon le dépositaire du palais de Kokologho. En principe, relate Naaba Kaongo, cette fête devrait se célébrer à la fin des récoltes. Elle donne le top de départ pour la consommation des nouvelles récoltes. Mais compte tenu des préoccupations des populations, notamment les charges scolaires, sanitaires et autres, l’utilisation des récoltes avant le "ran-gnouga" a été autorisée par Naaba Kaongo.

Cette fête constitue, selon lui, un moment fort de communion avec les ancêtres, intercesseurs auprès de Dieu Tout-puissant. Par des rituels précis, il s’agit de rendre grâce à Dieu pour les bonnes pluies, les bonnes récoltes, la paix sociale qui ont marqué l’année, et souhaiter une année meilleure. Chrétien de confession religieuse, Naaba Kaongo considère le sacrifice rituel comme un devoir de chef. « Je suis le chef de tous les habitants quelle que soit leur religion. Je fais les sacrifices au nom de tout le monde. Je suis chrétien personnellement et chef pour le peuple », a fait comprendre Naaba Kaongo.

L’annonce officielle du "ran-gnouga" se fait par le battage du sorgho rouge sur l’esplanade en terre de la maison coutumière 14 jours avant. Puis de bouche à oreille, la nouvelle se répand dans tous les villages du canton.
A une semaine de la date fixée, le chef et ses notables quittent le palais pour un séjour dans des villages du canton pour ne rentrer au palais qu’à l’aurore du jour de la fête. Les lieux de séjour ainsi que les activités de cette période sont gardés secrets selon Naaba Kaongho.

Les administrés à leur chef

Le "ran-gnouga" est aussi une occasion pour les populations de s’adresser à leur chef.
Sortis nombreux, les uns sous les hangars, les autres sous le soleil accablant, les sujets, vêtus de leurs plus beaux habits, ornés de parures pour les femmes, ont vécu cet événement annuel.
Du haut de son trône adossé à la case à double entrée du quartier des femmes, le chef est entouré de six jeunes gardes du corps portant à leur taille des pagnes en cotonnade et armés de lances. Deux autres jeunes tiennent au-dessus de sa tête de larges parasols.

Dans ses mains, il tient une canne bien décorée en cuir.
C’est le moment des salutations. Village après village, les délégations prennent place dans la courette circulaire délimitée à cet effet. A leur tour, les habitants de chaque village se prosternent, saluent, félicitent le chef et donnent leurs présents. Poulets, sommes d’argent, productions artisanales (daba, pioche…), productions agricoles sont ainsi apportés au chef pour lui souhaiter les vœux du nouvel an. Des troupes artistiques et culturelles sont de temps en temps invitées sur scène pour tenir les spectateurs en haleine.

Alignés le long du mur, les fusiliers, par leurs salves, les unes plus effrayantes que les autres, chargent et rechargent sans interruption. A la fin des salutations, le chef se retire dans le quartier des femmes. De là, il sortira à cheval bien paré avec derrière lui des femmes et des enfants pour faire trois fois le tour du quartier des femmes, tout en souhaitant bonne fête aux populations qui ont pris d’assaut le pourtour du quartier. Son entrée dans le quartier des femmes à l’issue des trois tours marque la fin de la fête. La deuxième fête appelée « soukpili » qui consiste à une réfection totale des toits des cases devrait intervenir 21 jours après le "ran-gnouga". Mais, afin de permettre aux toits de garder un bon état en saison pluvieuse, l’hériter de Naaba Boulga a institué que cette fête soit célébrée en début d’hivernage.

Moumini YAMEOGO et Zackaria BAKOUAN

Sidwaya

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