Figure-toi que tante Minata a à peine fini de laver les marmites qui ont servi à cuire les repas de fête que le boutiquier du coin est venu réveiller l’oncle Gansonré pour réclamer l’argent des 12 kilos de riz qu’il a dû prendre à la hâte pour sauver la face le 1er janvier. En effet, le prêt de fête de fin d’année qu’il a pris à la banque a plutôt servi à éponger le prêt scolaire qui lui avait en fait servi à organiser les funérailles de tante Wendkuni et le mariage de ta nièce Assita.

Finalement, ce sont les dernières économies de tante Minata qu’elle avait jalousement dissimulées dans le but de payer la pension scolaire de tes deux petits neveux, qui ont servi à calmer le boutiquier. Alors, dès que l’oncle Gansonré a lu hier matin dans ton journal "Le Pays", le seul organe de presse écrite à avoir publié la liste des prisonniers grâciés, que par le rituel de la grâce présidentielle, Bara son voisin a recouvré la liberté, il s’est précipité chez lui pour le saluer. En fait, c’était pour rappeler à ce dernier qu’il lui devait un peu d’argent avant son incarcération. C’est te dire combien la vie n’est pas facile.

Comment quelqu’un qui sort de prison après presque 4 ans peut-il rembourser immédiatement un crédit ? Du reste, il n’a pas trouvé Bara chez lui car, à l’instar des 90 détenus à qui liberté a été rendue, il fallait remplir encore quelques formalités. Il faut rappeler qu’à côté de ceux-ci, 455 autres détenus ont bénéficié de quelques mois de réduction de peine. Enfin ! Oui, enfin la Convention collective qui est réclamée à cor et à cris depuis un certain moment pour les journalistes a été signée le mardi 6 janvier dernier sous le regard de ton cousin Tertius Zongo.

S’il faut relever que la Convention devrait permettre aux journalistes d’espérer de meilleures conditions de vie et de travail, il ne faut pas occulter aussi qu’elle exige d’eux de faire montre d’une compétence à toute épreuve. Cette Convention devrait également permettre d’assainir la profession mais son application restera aléatoire si les mesures d’accompagnement demandées, à raison, par les responsables des organes de presse à l’Etat ne sont pas prises pour alléger par exemple le fardeau de la fiscalité qui plombe l’épanouissement des médias.

En tout cas, les uns et les autres ont toute l’année 2009 comme échéance pour l’application de la Convention collective. Je t’apprends que Salif Kossouka Ouédraogo, le patron du groupe NESKO dont on cite le nom dans la tentative d’assassinat sur la personne de Travaly Bandyan, responsable BAT (British American Tobasso) du marché Burkina, a été inculpé dans la matinée du lundi 5 janvier dernier et séjourne à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou.

La justice suit donc son cours dans cette affaire. Je vais enfin pouvoir t’envoyer les pattes de boeuf que tante Habi a demandées et dont toi-même tu raffoles, par l’intermédiaire de Robert Beugré Mambé, le président de la Commission électorale indépendante ivoirienne. Tu sais que celui-ci a séjourné à Ouaga où il a été reçu en audience le 6 janvier dernier par Blaise Compaoré, facilitateur dans le dialogue interivoirien.

Je te rappelle d’ailleurs que ton neveu Séni Dabo, un des journalistes des Editions "Le Pays" dont la plume te séduit, accompagne le même Blaise Compaoré au Ghana où ce dernier assistera à l’investiture de Dr John Atta Mills, le candidat de l’opposition qui vient de remporter la présidentielle au pays de John Kufuor. Tu auras donc prochainement des échos de cet événement qui se déroule ce mercredi 7 janvier à Accra, la capitale de l’ancienne Gold Coast. A bientôt.

Ton neveu

Le Pays