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<I>Une lettre pour Laye</I> : Norbert Tiendrébéogo en France pour des soins

Publié le vendredi 2 juillet 2004 à 08h03min

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Cher Wambi,

Ça commence à devenir inquiétant. Nous sommes en effet entré hier dans le mois de juillet, et la saison hivernale ne s’est pas encore installée, en tout cas, dans le plateau central. Il m’est d’ailleurs revenu de voyageurs que, contrairement à ce qu’on pense, la situation n’est pas, forcément plus reluisante dans certaines régions du pays traditionnellement bien arrosées.

L’hivernage tarde à s’installer donc pendant que la crainte d’une mauvaise saison est en train de s’installer dans les esprits des cultivateurs. Ton oncle Razugu, qui est passé me rendre visite l’autre jour, m’a d’ailleurs laissé entendre que par manque de pluies et sous l’effet de la chaleur, les semis sont en train de se griller littéralement dans certaines zones. Il faudra donc pour beaucoup ressemer.

Et le spectacle de ces paysans scrutant du matin au soir le ciel, qu’ils implorent, devient insoutenable. Mais le ciel ne se décide pas à ouvrir ses grosses vannes pour arroser la terre nourricière. Très souvent, les nuages s’amoncellent, et quand on se dit que cette fois -ci ça y est, ils se dissipent comme par l’effet d’une prodigieuse occultation quand ce n’est pas la poussière qu’il pleut. De vents de sable en pluies avortées, on ne sait plus trop bien à quel saint se vouer.

Et le programme saaga dans tout ça ? Qu’est-ce qu’ils font là-bas, entend-on souvent dire. Eh oui, cher cousin, qu’attendent le colonel Abraham Traoré et ses hommes pour faire tomber artificiellement des cordes ? C’est que cher Wambi, ils ne peuvent agir que sur la base de conditions atmosphériques minimales. Ainsi, des explications qui m’ont été fournies par les spécialistes, il ressort, entre autres conditions, que les nuages à ensemencer doivent atteindre un certain développement, notamment 2000 à 3000 mètres d’extension (de la base au sommet) alors que nos nuages oscillent généralement entre 1 000 et 1500 mètres.

Ensuite, l’iodure d’argent, le produit utilisé pour l’ensemencement, pour qu’il puisse être activé, a besoin d’une température comprise entre - 5° et -10°, qu’on a entre 4 500 et 5 500 mètres d’altitude. Il faut aussi que la zone soit suffisamment humide. Or, ces temps-ci, les conditions ne sont pas réunies : non seulement, m’a-t-on dit, on observe une faible pénétration de la mousson, mais les nuages, quand bien même ils se développent, sont sans importance parce que qu’ils ne peuvent pas monter.

En désespoir de cause, dans le centre, les ensemenceurs sont d’ailleurs allés traquer les nuages du 21 au 27 juin 2004 dans l’Ouest et le Sud-Ouest. Au total, ils ont effectué 4 sorties, qui n’ont pas donné grand-chose à Bobo si ce n’est à Samorogouan, Bagassi, Kouka ou Safané. Cher Wambi, il m’est d’ailleurs revenu que mercredi, avant-hier donc, les soldats de la pluie on préparé leurs avions et allumé les générateurs pour pourchasser, j’ose dire, les nuages, qui avaient malheureusement moins de 1 000 mètres d’épaisseur. C’est finalement vers Fada qu’il a plu, mais à l’approche de Ouagadougou, après Zorgho et Wayen, il y a eu un glissement, et la pluie a de nouveau contourné la capitale pour se diriger vers la région de Koudougou.

Tu vois bien, cher cousin, que les hommes du colonel Traoré sont impuissants tant que les conditions météo ne sont pas propices. Autant dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge. La situation est d’ailleurs tellement préoccupante, cher Wambi, que de plus en plus, les autorités religieuses et coutumières implorent, chacune à sa manière, le Tout-Puissant. C’est dans ce sens que demain samedi à 15h, le chef coutumier de Toukin officiera à l’intérieur du parc urbain Bangr-Wéogho la cérémonie coutumière appelée Sigr-Maongo, c’est-à-dire un rituel propitiatoire pour une bonne saison des pluies.

J’aurais appris que les musulmans de Kombissiri ont observé un jeûne pour implorer le ciel d’ouvrir ses vannes. Cela dit, cher cousin, il n’y a pas encore vraiment de quoi désespérer et si ça se trouve, au moment où tu parcours ma lettre, Ouagadougou et ses environs ont enfin été arrosés.


Cher Wambi, il y a quelque 2 semaines, je t’avais déjà parlé de la plainte que la SGS, par son avocat, Me Mamadou Sawadogo, avait déposée contre l’Etat, à travers la commission d’attribution des marchés publics, au motif que la SGS, qui s’est occupée ces dix dernières années de la vérification des importations au Burkina, conteste les conditions dans lesquelles ce juteux marché a été cette fois-ci attribué à COTECNA, une société suisse comme elle. Je t’avais aussi dit qu’une autre société, française celle-là, c’est-à-dire la BIVAC, a préféré, elle, faire appel pour la même affaire devant la commission de règlement amiable des litiges, du ministère des Finances et du Budget.

Lors du dernier séjour à Genève de Paramanga Ernest Yonli dans le cadre du Salon international de l’investissement et des partenariats, cette affaire a encore fait parler d’elle. Selon La lettre du continent, le Salon aurait tenté de réconcilier la SGS et le Burkina en attribuant à la SGS le prix du meilleur projet innovateur et celui du meilleur stand au Burkina. J’ignore quel en a été le résultat ; toujours est-il qu’à ce salon, le Burkina a réussi à décrocher deux projets :
- une usine de transformation de mangues pour 3,9 millions, soit environ 2,5 milliards de FCFA, et une usine de beurre de karité pour 1,8 million, soit 1,3 milliard de F CFA. En somme, cher Wambi, voilà du beurre pour nos karités et nos mangues si on peut parler ainsi.


Te souviens-tu qu’en début juin, Blaise Compaoré a participé aux côtés du président Paul Biya à l’inauguration au Cameroun de l’oléoduc de Kribi, chargé d’évacuer le pétrole tchadien. Beaucoup se sont demandés pourquoi un tel déplacement chez un président qui ne va jamais chez personne et qui est rarement à Yaoundé, tant il est attaché à son village natal, où il se livre à son sport favori, le Golf, et est chouchouté par sa jeune dulcinée, Chantal.

D’aucuns ont pensé que le déplacement de Blaise avait entre autres pour but d’amener son homologue camerounais à daigner faire le déplacement de Ouagadougou pour le sommet de la Francophonie, que notre pays va abriter en novembre prochain. Mais pour certains analystes bien introduits dans les arcanes africano-africaines, Blaise a plutôt voulu prouver à Paul qu’il ne comploterait nullement contre lui bien qu’il ait accordé l’asile au Burkina, à l’opposant Guérandi Mbara, un de ses frères d’armes capitaine comme lui et qui se sent si bien au Burkina qu’il porterait le nom Traoré.


Cher cousin, toi qui aime l’élevage, il t’est certainement arrivé d’emprunter plusieurs fois la route Ouaga-Kongoussi pour payer des moutons bali-bali à Yilou. As-tu remarqué l’état de cette nationale qui a transporté bien des tonnes de haricot vert venant de Kongoussi, et des animaux de Djibo ? Avec celle de Léo, la voie menant à ces deux provinces étaient les seules à n’être pas bitumées. Si fait qu’une anecdote teintée de moquerie circulait sur son état à Ouagadougou. Elle dit que quand vous voyez un voyageur arriver tout poussiéreux dans la capitale, vous n’avez pas besoin de poser des questions sur sa provenance : car forcément il vient soit de Léo, soit de Kongoussi. Le bitumage de Ouaga-Léo étant en cours, le voyageur originaire de Djibo, Kongoussi, Malou, Yilou ou Kamboincé se retrouve seul dans cet état.

D’ailleurs, cher cousin, la poussière, le fait d’être éreinté par les nids- de-poule, et l’espérance de vie réduite de votre moyen de déplacement ne sont qu’un moindre mal pour les usagers de cette voie. Beaucoup y ont perdu la vie. Pas de mois qui passe, sans accident mortel sur cette route. Certains superstitieux avaient même conclu qu’elle était maudite. Il me revient en mémoire la fin tragique des ces pauvres femmes, épouses ou mères, originaires de Kongoussi, animatrices de l’UNESCO et dont le destin s’est brisé sur cette route au début des années 80.

L’état de la voie enrage plus d’un habitant de Kongoussi, d’autant plus que, se disent-ils, cette province a eu son président (Jean-Baptiste Ouédraogo), son Premier ministre (Youssouf Ouédroago) et bien d’autres sommités intellectuels et politiques. "Alors pourquoi chez les autres et jamais chez nous", se demandent-ils ? Bientôt, cette rancœur due à l’état de cette route ne sera plus qu’un vieux souvenir. Le jeudi 1er juillet 2004 à 11 heures, un protocole de financement a été signé entre l’Etat et le Fonds kowétien pour le bitumage de la voie Ouagadougou-Kongoussi (NDLR voir article sur la signature de convention).


Cher Wambi, feuilletons ensemble le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

- Grandes retrouvailles demain samedi 3 juillet au lycée de Yako à partir de 9 h et pour cause : l’Association pour le développement de la province du Passoré y réunit son Assemblée générale pour le renouvellement de ses structures statutaires.

- Mardi dernier, le hall de l’aéroport international de Ouagadougou a connu une légère effervescence. Pendant qu’à l’étage, le "Centre de coordination d’urgence" (CCU) gérait la crise provoquée par une alerte à la bombe, les passagers en partance ont pu assister à un mini-incident : un rat est tombé de la structure qui fait office de plafond de l’aéroport. A peine la bête a atterri sur le carrelage que des agents se sont précipités sur elle. C’est à coups de chaussures et autres que l’animal, qui avait presque réussi à atteindre un des bureaux, a été tué puis soustrait du regard des passagers.

Il est temps qu’on époussette ce hall de l’aéroport, car il serait navrant de voir un autre gros rat tomber sur la tête d’un participant au prochain sommet de la Francophonie, que nous organisons en novembre prochain.

- La corruption, tout le monde en parle, et dans les discours, la rengaine est la même : il faut la combattre. L’Etat a pris le taureau par les cornes et vient encore de l’illustrer la semaine dernière. En effet, les 28 et 29 juin dernier, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) s’est réuni sous le magister du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Boureima Badini. Il s’est agi pour le CSM de porter sur les fonts baptismaux un Comité chargé de faire un rapport sur la corruption dans la justice.

Ce Comité, composé de 5 membres et dirigé par un des présidents des hautes juridictions, devra déposer son rapport en décembre prochain chez le mandataire, qui n’est autre que le chef de l’Etat, président du Conseil supérieur de la magistrature. Ce rapport concernera les juges, les avocats, les notaires, les huissiers et tous les autres auxiliaires de justice. Peut-être bien qu’avec ces actions menées par-ci et par -là, on arrivera un jour au moins à atténuer ce mal qui ne cesse de ronger notre économie.

- 1984-2004 : le quotidien "Sidwaya" fête ses vingt ans dans le paysage médiatique de notre pays. Pour commémorer cet heureux événement, une cérémonie d’ouverture des festivités a lieu ce matin même à 10 heures au siège du journal. Elle se fera sous le haut patronage de Son Excellence le Premier ministre, Ernest Paramanga Yonli. Toujours aujourd’hui, mais à 18 heures, le plateau SONAR accueillera un tournoi interrédaction (TIR) de maracana. Les équipes engagées sont : Sidwaya, la TNB, la presse privée et une sélection de journalistes de Bobo.

C’est certain, la fête sera encore belle puisque les communicateurs veulent montrer ce dont ils sont capables. Dans les différentes rédactions, on s’y prépare sérieusement. Les baskets qui dormaient sous le lit ont été sorties pour la circonstance. Sidwaya sera l’équipe à battre, car c’est elle qui détient le trophée. A l’issue de la compétition, le vainqueur recevra une enveloppe de 100 000 FCFA, le 2e 75 000 F CFA, le 3e 50 000 FCFA, le 4e 40 000 F CFA et le 5e 30 000 FCFA.

Notons que des partenaires habituels tels que la CARFO, l’ONEA, Celtel et le ministère des Sports et des Loisirs y ont contribué pour une bonne organisation du TIR. Demain samedi aura lieu la finale du tournoi Sidwaya de basket-ball à 16 heures sur le plateau omnisports de l’université. A 21 heures est prévu le gala anniversaire des 20 ans de Sidwaya, dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Il est placé sous la présidence d’honneur de Son Excellence le président du Faso et sous le haut patronage du Premier ministre.

Le gala "20 ans de Sidwaya" réunit des artistes qui ont pour noms : Salif Kéita, Amy Koïta, Magic System, Harpe de David, Georges Ouédrogo, Bil Aka Kora, Solo Dja Kabaco, Améty Méria, Sami Rama, Jeanne Bicaba, Yeleen. Le couturier Pathé Ouédraogo y présentera sa nouvelle collection.

- L’hebdomadaire point de Presse du gouvernement sera donné cet après-midi à partir de 16 h 00. A l’ordre du jour, il sera notamment question de la participation du Burkina Faso au prochain sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, prévu du 6 au 8 juillet 2004 à Addis Abéba (Ethiopie) ; du bilan des examens à l’école primaire session 2003-2004 et... de la sécurité aérienne à Ouagadougou.

Il n’y a pas de doute que ce dernier point sera en relation avec l’alerte à la bombe, qui a paralysé mardi dernier l’aéroport international de Ouagadougou pendant quelques heures. A l’approche du Sommet extraordinaire des chefs d’Etats de l’Union africaine sur l’emploi (septembre) et du Xe Sommet de la Francophonie (novembre), il y a vraiment lieu de prendre les devants.

- Miss campus UEMOA est comme son nom l’indique un concours de beauté (élection miss) spécialement destiné aux étudiantes des différentes universités de l’espace UEMOA. Peut prendre part à la compétition toute candidate régulièrement inscrite dans une université d’un pays de l’UEMOA. Après la première édition en 2002 et la deuxième en 2003, la troisième édition se tiendra le vendredi 09 juillet 2004 dans la salle des banquets de Ouaga 2000.

Miss campus UEMOA contribue au changement des mentalités. C’est une festivité qui offre à la jeunesse estudiantine un cadre d’expression, une tribune récréative. Selon ses concepteurs, il vise l’intégration à l’échelle universitaire africaine, qui pourrait pourquoi pas être d’un apport certain dans la réalisation d’une intégration plus globale. Il s’agit également d’offrir aux étudiants un cadre de compétition autre que les partiels, les soutenances de mémoires et autres examens terminaux afin de changer un peu l’ambiance des amphithéâtres.

- Norbert Tiendrébéogo, le président du Front des forces sociales (FFS), serait depuis le 22 juin en France pour recevoir des soins, après les malaises et autres problèmes de santé qu’il a eus de son internement au camp Paspanga de la gendarmerie nationale en rapport avec la tentative de putsch dont le procès s’est déroulé du 6 au 17 avril dernier. Meilleure santé à lui, et qu’il nous revienne très rapidement pour participer à l’animation du débat politique.

- Un club des diplômés de Laval est créé. La première véritable réunion du Club des diplômés de l’université Laval (Québec, Canada) a eu lieu le samedi 26 juin, à Ouagadougou, dans la salle de conférences de l’Unité d’appui au programme de coopération canadienne au Burkina sous la présidence de M. Martin Sourabié, directeur du GRAAP. On se souvient que ce club de diplômés a été inauguré le 4 novembre 2003 à Ouagadougou par Mme Geneviève Desbiens, coordinatrice des diplômés, venue du Canada afin de présider aux différentes activités d’inauguration des Clubs au Bénin, au Mali, au Sénégal et au Burkina.
Ainsi, tout ancien étudiant de l’université Laval peut faire partie de ce club. Il n’a qu’à communiquer ses coordonnées à M. Seydou Barro, au 76 60 45 08.

- Dans quelques jours, le projet de barrage de Ziga sera une réalité. C’est d’ailleurs à partir du samedi 10 juillet 2004 que Ouaga profitera des eaux de cet ouvrage, à l’issue de la cérémonie de connexion, que présidera le chef de l’Etat en personne sur le site de la station de pompage, situé au quartier Bendogo. Cette prouesse, à ce qu’on dit, permettra d’apporter à la ville un volume d’eau estimé à 17 00 m3/heure, soit 71% de la capacité de production actuelle. Adieu donc les coupures intempestives et les pénuries d’eau, qui, pendant longtemps, ont été un cauchemar pour les Ouagalais.

- Pour terminer, je t’apprends que du côté de Baléré, village du département de Diabo dans la province du Gourma, le conflit latent entre agriculteurs et éleveurs a dégénéré en affrontements. Dans la seule journée du mercredi 30 juin, on comptait déjà huit (8) morts. Et à ce qu’on dit, l’administration au Gourma était prévenue depuis de la survenue d’éventuels affrontements, mais selon toute vraisemblance, elle ne s’est pas suffisamment intéressée d’y trouver une solution.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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