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Histoire des prostituées de Ouahigouya : Le militaire retraité, le colonel d’active et le "gendarme instituteur"

Publié le mercredi 26 novembre 2008 à 00h59min

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Suite à l’article "Les prostituées sommées de quitter la ville de Ouahigouya", paru dans notre édition du lundi 24 novembre 2008, nous avons été convoqué par la hiérarchie militaire de Ouahigouya pour nous entendre dire que la victime est un militaire à la retraite et non un militaire en activité, comme notre écrit le laissait penser. Non sans avoir été victime d’un guet-apens téléphonique tendu par la gendarmerie, qui doit s’être trompée d’époque.

Le lundi 24 novembre 2008, nous avons reçu à 16 h 15 mn un coup de fil d’un portable portant le numéro 78 28 27 10. La personne s’est présentée comme étant un instituteur en service à Gourcy à qui une commission a été remise, destinée à nous être transmise main à main.

Nous avons promis de le rencontrer au lieu où il était, notamment devant l’agence BICIA-B de Ouahigouya, en face du commissariat central. Arrivé sur les lieux, quelques instants après, un individu en civil sorti d’un kiosque PMU’B, situé juste à côté, est venu à notre rencontre.

Après s’être assuré que nous sommes le correspondant de L’Observateur Paalga, il a souri d’un air malicieux. Celui qui venait de se faire passer pour un instit quelques instants plus tôt se présenta alors comme l’officier Yoda de la gendarmerie avant de nous inviter à le suivre à la brigade. Intrigué, nous lui avions dit que nous étions censé avoir affaire à un instituteur et non à un gendarme. Il nous répondit que c’était un manège pour nous avoir très rapidement.

Et quand nous lui demanderons l’objet de son "invitation" à la gendarmerie, il nous fit comprendre qu’arrivé là-bas nous le saurions. Nous lui répliquons que sans une convocation en bonne et due forme, nous ne pouvions pas déférer à sa convocation. Il insista, prétendant que ses désirs sont des ordres, étant donné qu’il est un officier de la maréchaussée. Enervé, il martela qu’il nous embarquera, advienne que pourra. Entre-temps, il interpella un autre pandore de passage pour lui expliquer notre "refus d’obtempérer".

Son collègue lui conseilla de ne pas trop nous forcer, car notre inquiétude est légitime. Débordant de colère, et visiblement embarrassé, notre cher Yoda sorti son téléphone portable pour dire à ses chefs qu’il est avec l’élément en question qui refuse de collaborer et qu’il souhaite un renfort pour nous embarquer manu militari. Ne voulant pas nous offrir en spectacle, nous nous sommes résolu à le suivre au poste, non sans lui signifier sa procédure illégale et même cavalière.

Après une trentaine de minutes de poireau à la gendarmerie de Ouahigouya, sans avoir la moindre explication de notre présence en ces lieux, ordre a été donné à un autre gendarme, cette fois-ci en tenue, de nous conduire au commandement militaire. Là-bas nous sommes resté assis une vingtaine de minutes au secrétariat avant qu’un sous-lieutenant vienne nous informer que nous serons reçu par le colonel.

Un quart heure après, nous sommes effectivement dans le bureau du commandant du Régiment d’infanterie commando (RIC), le colonel Edmond Compaoré. Il était entouré du sous-lieutenant en question et d’un autre de l’administration militaire. Après les présentations, le patron des militaires de Ouahigouya nous fit savoir que c’est lui qui nous a fait convoquer par la gendarmerie pour ce que nous savions. Il voulait notamment savoir si nous étions venu à la source pour nous convaincre que la victime est un militaire.

Nous l’informons que nous avons fait les recoupements nécessaires, précisément avec les voisins immédiats des principaux concernés au lieu de l’incident et au service de chirurgie du CHR de Ouahigouya où nous avons été le lendemain trouver que la victime venait de quitter les lieux après avoir reçu des soins.

Et le colonel de nous révéler courtoisement que l’intéressé est en fait un militaire à la retraite. Et de nous expliquer avec force détails que l’armée ne répond plus des actes des militaires retraités. Dès leur cessation de service, selon lui, leurs noms sont rayés des listes de l’armée.

Par conséquent, il estime que les faits tels que nous les avons relatés, jettent un discrédit sur les soldats toujours en fonction, chose qui peut se solder par une révolte, question de solidarité avec un frère d’armes. Pour lui, la précision "militaire retraité" vaut son pesant d’or et il souhaiterait que nous le fassions pour situer les choses dans leur contexte.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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