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Une Lettre pour Laye : Du cinéma à Boulmiougou

Publié le vendredi 24 octobre 2008 à 01h14min

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Cher Wambi,
Autant que je me souvienne, il y a belle lurette que Dame Pluie ne nous a pas rendu visite dans la seconde moitié d’octobre. Le changement climatique enregistré ces dernières années a-t-il joué en faveur des fortes précipitations en cette saison agricole finissante ? Obligé d’y croire, comme diraient les turfistes professionnels à Simonville. Mais quand nous entonnera-t-elle son aurevoir, puisqu’il goutte encore sur les bords du Kadiogo ?

Je te laisse donc, cher cousin, apprécier les relevés de la semaine du jeudi 16 au mercredi 22 octobre 2008, que les services de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) me chargent de porter à ta connaissance. Dori : 3,2 mm ; Ouahigouya : 31,6 mm ; Ouagadougou-aéro : 1,6 mm ; Dédougou : 0,2 mm ; Fada N’Gourma : 0 mm ; Bobo-Dioulasso : 15,3 mm ; Boromo : 2,1 mm ; Pô : 0,3 mm ; Gaoua : 0,2 mm ; Bogandé : 0 mm.

En tout cas, cher Wambi, déjà à Toma dans la capitale du Nayala, l’heure est à la fête où l’on célèbre le nouveau mil, Wudi-zon comme ils l’appellent là-bas, ce dimanche 26 octobre. Foi du maire Jean-Baptiste Dala, qui voit enfin ses parents sortir de la famine ancestrale, cette fête du nouveau mil en pays san consacre l’avènement du nouvel an. D’où les nombreuses manifestations culturelles à son initiative, dont une compétition de lutte traditionnelle, qui sera, à n’en point douter, l’attraction ce week-end chez les esclaves des Mossé.

Ne dit-on pas que ventre plein, chameau content ? Pour sûr, le "gnontoro" y coulera à flots, et gare à qui oublierait le numéro d’appel des pompiers, le 18 bien entendu, cher Wambi.

Maintenant, retour à Simonville, où l’arrondissement de Boulmiougou semble avoir signé un pacte avec les deals. L’éternelle bombe des lotissements dans l’empire du maire Séraphine Ouédraogo s’est encore invitée dans l’actualité communale ces derniers jours. Que de mécontents maintenant dans le village de Zongo, d’où me parvient la grogne des sans-voix ! Les fora organisés par la municipalité à l’effet de rassurer les populations n’ont fait qu’attiser le courroux de celles-ci, qui exigent que toute la lumière soit faite sur les multiples recensements.

En tous les cas, cher cousin, une fois encore, Simon Compaoré, l’édile de la capitale, qui a toujours prêché clarté et vérité dans la gestion de la cité, ne se fera pas prié, pour mettre les "poulets" sur les traces des dealers que Dame Rumeur crucifiait au grand jour.

La pêche semble avoir été fructueuse, puisque mercredi dernier dans la soirée, l’homme court de l’hôtel de Ville annonçait, à la faveur d’une conférence de presse, l’arrestation et le défèrement de six suspects sérieux à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Le hic dans cette affaire, cher cousin, c’est qu’au nombre des escrocs figurent un conseiller municipal et un agent de la mairie de Boulmiougou, comme on en a vu de par le passé.

Te rappelles-tu, en effet, cher Wambi, que courant 2003-2004, un autre deal de parcelles avait commandé l’interpellation de quelques suspects sérieux de luxe ? Seulement une campagne médiatique avait accompagné leur internement à la MACO, sans plus. Ainsi n’entendrons-nous nullement parler de procès ni de peine, puisque de la Maison d’arrêt et de correction ils sortiront tous avec des kilos supplémentaires. A peine si, de nos jours, ils ne narguent pas leurs victimes !

J’en viens à me demander si tout cela n’est qu’un cinéma, qui se tourne sur le même plateau avec les mêmes acteurs. En attendant que la procédure judiciaire, engagée, nous édifie davantage sur le labyrinthe des lotissements dans l’arrondissement de Boulmiougou, je m’interdis de savoir que là-bas l’on s’abreuve à la source de l’impunité.

Voyageons maintenant, cher cousin, dans l’arrondissement non moins problémeux de Nongr-Massom, où la colère monte depuis que le dynamitage d’un pont au secteur 24, par une entreprise chargée du bitumage d’une voie, a été source de dégâts humains et matériels. Cette autre affaire remonterait au 11 août 2008, et depuis, les victimes peinent à se faire dédommager.

Pourtant, la mairie en aurait été saisie mais, force est de constater que nul ne se soucie de leur sort. Doit-on se convaincre qu’elles n’auront que leurs larmes pour panser leurs plaies et ressouder leurs maisons fendillées ? Difficile de ne pas confesser son pessimisme dans ce Burkina nouveau.

Non loin de là, dans l’arrondissement de Bogodogo, cher cousin, nous nous intéresserons beaucoup plus à l’insécurité qui s’installe de l’échangeur de Ouaga 2000 au monument des Martyrs, plutôt qu’aux problèmes de lotissements que l’ancienne maire Zénabo Drabo a légués à son successeur, Henri Kaboré. Il y a lieu, en effet, de s’en inquiéter, car les malfrats commencent à opérer en plein jour, faisant des orphelins.

Qu’en sera-t-il, alors quand, la nuit venue, les lampes de la SONABEL s’éteigneront ? Nous savons déjà lourde la tâche des forces de sécurité, mais nous ne désespérons pas de les voir relever le défi. Notre capitale, nous l’avons souhaitée moderne, mais nous voici maintenant bien servis à son tarif.

Et pendant que je te parle d’insécurité, cher cousin, il me souvient cette tentative d’assassinat sur la personne du directeur-résident de Tobacco Marketing Consultants (TMC) au Burkina, Travaly Bandja, dans les environs de Ouaga 2000. Peut-être en as-tu déjà eu la primeur à travers le Dromadaire du jeudi 23 au 29 octobre, les fins limiers auraient déjà mis la main sur six des tueurs à gages, et seraient en attente du commanditaire, qui se trouverait actuellement hors de nos frontières.

Peut-être d’ici là, en saurons-nous davantage, mais déjà des noms, et des pas moindres, circulent sur la place du marché, dont celui de Salif Ouédraogo, le président du Conseil d’administration du Groupe Kossouka. Mais que se cache-t-il en réalité derrière cette tentative d’assassinat, qui, selon certaines indiscrétions, pourrait secouer le monde des affaires ? En tout cas, une autre affaire qui ne demande à être classée sans suite, car nul n’ose imaginer les conséquences d’une éventuelle contagion dans la cité.

Sacré Bado ! Il fallait le père fondateur du Parti de la renaissance nationale (PAREN) pour y penser, et il n’a point manqué de créer l’événement dans l’événement. Laurent Bado a rendu visite hier jeudi à la Bourse du travail aux militants du Syndicat national des télécommunications (SYNATEL) en grève les 22 et 23 octobre derniers. Comme à son habitude, le natif de Zoula (repose-toi), prolixe dans la langue de molière, a livré une heure durant une allocution aux travailleurs de l’ONATEL. Il a décortiqué pour eux les points de l’actualité comme la crise financière internationale et les élections américaines.

D’ailleurs à ce propos, je me suis laissé dire que le candidat noir à la présidentielle chez l’Oncle Sam s’appellerait plutôt « Ba-do Obama » et serait le fils de Laurent Kilachiu Bado. Il n’a pas manqué d’évoquer le capitalisme privé, notamment la privatisation des entreprises dont celle de l’ONATEL est remise en question. Avant de prendre congé des grévistes sur le coup de 10 h 30, Bado leur a expliqué son programme de gouvernement, contenu dans sa 6e lettre politique, « Le grégarisme africain ou la mort ». C’est sous des applaudissements nourris qu’il a mis fin à sa visite de soutien. C’est aujourd’hui d’ailleurs que le SYNATEL se réunit à 16 h pour faire le bilan de ses 48 h de grève.

En attendant de pouvoir y revenir, et au moment où je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de notre bien-aimée Tipoko, même si intrigante elle est, sache que ce week-end la capitale du Boulkiemdé refusera du monde. Te rappelles-tu, en effet, l’Empereur, cet icône dont le tout Koudougou avait fini par oublier le nom ? Oui, tu ne t’es point trompé, il s’agit bel et bien du vieux Alphone Nabaloum, rappelé par son créateur voilà déjà un an. C’est ce week-end qu’auront lieu ses funérailles, qui réuniront parents naturellement, amis et même ces voyageurs qui ne s’interdisaient jamais une escale dans la vieille ville pour se désaltérer et reprendre des forces.

- Fort désormais de sa reconnaissance officielle par l’autorité compétente, le Parti africain de l’indépendance (PAI) de Philippe Ouédraogo n’hésite pas à développer des initiatives. Et pour une première, ç’en sera vraiment une ce samedi à son siège à Bilbalogo, secteur 2 de la capitale, où il organise une journée de promotion des relations d’amitié avec le peuple chinois (JPR-Chine).

Le thème de ladite journée ne peut que susciter l’intérêt d’une certaine génération de Burkinabè, puisqu’il évoque les Rapports de la Chine avec l’Afrique et le Burkina. En sous-thèmes, on ne s’empêchera d’épiloguer sur :
- La révolution chinoise et la Chine d’aujourd’hui ;
- le poids de la Chine aujourd’hui ;
- les relations entre la Chine et l’Afrique ;
- les relations entre la Chine et le Burkina Faso. Une journée dont on en reparlera certainement, vu que le Burkina officiel surfe sur le site de Taïwan, l’autre Chine.

- La traditionnelle rencontre annuelle gouvernement/secteur privé s’est tenue le lundi 20 octobre à Bobo-Dioulasso. Pour la première fois, la salle du ciné Sanyon a été choisie pour abriter l’événement. Un choix qui pourrait s’expliquer par la capacité d’accueil de l’infrastructure, mais aussi, par les commodités qu’elle se devait d’offrir pour le bon déroulement des travaux. Mais quelle ne fut la surprise des organisateurs de constater que le ciné Sanyon, qui vient à peine d’être réhabilité à coût de dizaines de millions ne répond pas aux normes voulues. Il a donc fallu à la Chambre de commerce entreprendre dans les plus brefs délais des travaux supplémentaires allant du renforcement de la climatisation à l’installation de la sonorisation en passant par la plomberie.

Et dire que la CNSS, qui est le nouveau repreneur de ciné, a investi plus de deux cents millions pour réhabiliter cette infrastructure ! Il y a de quoi tomber des nues. De deux choses, l’une ; ou les travaux ont été mal exécutés, ou certains en ont profité par des surfacturations pour se remplir les poches. Sinon, comment comprendre qu’une salle inaugurée seulement en février 2008 par Jérôme Bougma, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, et qui n’est toujours pas fonctionnelle (sauf pour quelques rares cérémonies ou séances cinématographiques) nécessite de nouveau de tels travaux ? Mais enfin, au "Pays des hommes intègres", tout reste possible. A moins que la CNSS nous en donne des explications.

- Qui aurait cru que le déguerpissement des commerçants de la route nationale n°7 se passerait sans troubles ? En tout cas, dans la cité du paysan noir, Banfora, le déguerpissement de la première vague de commerçants s’effectue dans le calme, même si chacun y va de ses commentaires. En effet, certains, installés depuis des années, accusent la mairie d’être la cause de leurs malheurs. pour d’autres par contre, c’est le gouverneur. Le constat : pour décongestionner la RN° 7, les autorités administratives, le gouverneur en tête, ont tapé du point sur la table. Le désordre dans la zone commerciale de Banfora, pire, aux abords d’une route nationale, était malheureusement une réalité depuis des années. Plusieurs tentatives se sont soldées par des échecs et les installations anarchiques étaient criardes, rendant la circulation moins fluide, souvent, avec un cortège d’accidents.

Si à son arrivée, Fatimata Legma avait dénoncé cette situation, elle avait fini par demander à la mairie de mettre de l’ordre. A cette rentrée, pour respecter la consigne du conseil des ministres, avec la proximité d’une école primaire dans les environs et qui était également victime de ce désordre, l’on a voulu parer au plus pressé. Une première vague de commerçants établis depuis la brigade de recherche de gendarmerie à l’ex-station Texaco ont été sommés de partir. Ce qui est en train d’être effectif. Les déguerpis avaient jusqu’au 16 octobre 2008 pour rejoindre le nouveau site côté nouveau marché, où ils sont réinstallés. Au 14 octobre 2008, 125 commerçants étaient réinstallés et on ne notait que 23 absents.

La seconde phase de déguerpissement des commerçants reste la plus importante au regard de leur nombre. Cette opération devrait concerner les premiers hangars longeant le goudron, jusqu’aux abords de la station Total. Pour l’heure, selon une source proche de la mairie, l’on n’est pas encore arrivé à déterminer une zone d’accueil pour ces commerçants.

- Faut-il rester chez soi mourir sans soin, ou se rendre dans une formation sanitaire pour y perdre la vie ? Tel est la question quotidienne des populations d’un chef-lieu de province de la région du Plateau central dont la capitale n’est autre que notre Ziniaré présidentiel. A ce qu’on dit, tous les médecins qui sont affectés seraient chaque fois à cheval entre des séminaires et des ateliers, laissant leurs malades à eux-mêmes.

Inutile d’énumérer le nombre de morts qu’on y aurait enregistrés ces derniers jours. A cette situation, combien lourde de conséquences pour les populations, s’ajouteraient les problèmes de l’hygiène, si précaire dans l’enceinte de ce centre hospitalier, qui, si l’on n’y prend garde, renverrait sa mission première aux calendes grecques. Nous osons seulement espérer n’avoir pas prêché dans le désert.

- La commune de Douna, dans la Léraba, a un nouveau maire : il s’agit de Son Sina Jhumo. C’est sur lui, en effet, que les élus locaux de cette localité ont porté leur choix le 16 octobre dernier. Il était d’ailleurs candidat unique à la succession du défunt maire, selon en tout cas nos sources. Préfet depuis déjà quelques années, il était à la tête du département de Karangasso.

Elu sous la bannière du CDP, il remplace ainsi le maire Jean-Baptiste Soura, décédé le 17 septembre dernier alors qu’il faisait la jonction Douna-Banfora. Cette élection intervient juste dans les délais. Les élus avaient, en effet, trente (30) jours selon l’article 282 de la loi portant code général des collectivités au Burkina pour s’exécuter.

- Les problèmes nés de la mise en place des coordinations des organisations féminines dans les arrondissements et la commune de Bobo sont en train de prendre des tournures inattendues. En tout cas, dans la ville de Bobo et ses 13 villages rattachés, plus rien ne va entre les femmes, qui sont pratiquement à couteaux tirés pour les postes de responsabilité dans les différentes structures.

Après les bureaux mis en place dans les arrondissements et la commune, et qui font toujours l’objet de contestations, il me revient en effet que les résultats de l’élection du bureau provincial, qui s’est déroulé le 13 octobre dernier à la maison de la femme à Lafiabougou, ont été purement et simplement annulés. Une décision qui, dit-on, serait venue d’en haut.

En attendant d’en savoir davantage, il faut craindre le retour des vieux démons dans la cité de Sya, chose qui pourrait troubler la quiétude d’une ville déjà mal en point avec ces perpétuelles querelles de chapelles entre ses responsables politiques.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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