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Banditisme : DES TUEURS A GAGES CHEZ MONSIEUR TRAVALY BANDJA

Publié le jeudi 16 octobre 2008 à 00h34min

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On va finir par croire que petit à petit, Ouagadougou prend des allures de Medellin en Colombie. La drogue circule à flots, et des règlements de compte sanglants opérés par des tueurs à gages au sang froid, il s’en commet de plus en plus, de l’avis même des milieux proches des renseignements officiels.

Beaucoup dans ces services seraient à cran de devoir chaque fois être réduits à manger leur chapeau parce qu’impuissants à réagir vigoureusement contre les ravages des tueurs à gages et autres gangs bénéficiant de protections, paraît-il, haut placées.
En effet, des Burkinabé se font péter la cervelle, éventrer, dépecer, plastiquer pour un oui ou pour un non par des gangsters et trafiquants de

toutes sortes, ça devient monnaie courante, dit-on, et le soleil continue de se lever ! La nuit du mercredi au jeudi passée nous a fait vivre un cas concret dont Ouagadougou ne s’est pas encore remis. La chose se serait passée au domicile de Mr Travaly Bandja, représentant de TMC (Tobacco Marketing Consult). Un grand film policier à tourner un jour avec la mention « Le film que vous allez voir est tiré de faits réels ».

Un tueur à gages se serait rendu au domicile de Mr Travaly Bandja muni d’un silencieux, dans le but de le faire passer de vie à trépas. Une fois sur place cependant, pour on ne sait quelle raison, l’homme aurait été visité par le repentir et il se serait abstenu de passer à l’acte. Régulier comme tout, il décida d’en informer ses commanditaires. Ces derniers, pour toute réponse, lui intimèrent l’ordre de ramener l’arme en sa possession. Une fois sur place, il fut embarqué séance tenante et le véhicule aurait pris la route de Saponé. Il ne mit pas une seconde pour réaliser que sa mort pourrait être au bout du voyage. Il aurait alors décidé, une fois que le véhicule s’arrêterait, de prendre ses jambes à son cou et de courir comme jamais il n’a couru dans toute sa vie. Il mit effectivement son plan à exécution et grand bien lui fit car, alors qu’il courait comme un dératé, il sentit les balles siffler à ses oreilles. Il eut la vie sauve mais craignant que ce ne soit pas le cas de Mr Travaly Bandja, il prit la décision de retourner au domicile de ce dernier pour l’informer qu’il courait un grand danger. Le repenti se rendit effectivement audit domicile et tomba sur le gardien. Malgré toute son insistance et toute la force de persuasion qu’il mit dans ses mots, il ne fut pas capable de convaincre le vigile de voir le patron.

Alors, il s’en alla conter son histoire directement, dit-on, à son propre frère qui le convainquit de se rendre avec lui à la Gendarmerie, pour tout avouer. Ce qui fut fait. La gendarmerie, qui se rendit sur les lieux, trouva un vigile qui confirma les dires en expliquant qu’en plus, toute une partie de la nuit, de 01 h à 04 heures du matin, un véhicule était posté devant le portail et que de temps en temps, un occupant en sortait pour téléphoner. On supposa que les commanditaires, entre temps, avaient résolu de finir le travail eux-mêmes ou de se poster au domicile au cas où il viendrait à l’idée du repenti d’y faire un tour, auquel cas ils en auraient certainement fini avec lui.

Voilà une affaire qui a mis la Rédaction en branle et qui nous a poussés à chercher à en savoir un peu plus. Au jour d’aujourd’hui, on dit que 4 personnes ont déjà été interpellées. A la Gendarmerie, où nous nous sommes rendus, un haut responsable contacté a refusé de nous donner les renseignements au motif que l’affaire serait déjà dans le circuit judiciaire. Ayant fait chou blanc, nous avons réussi à nous procurer le numéro de téléphone de Mr Travaly Bandja que nous avons joint au téléphone pour tenter d’en savoir plus avec lui. Démarche tout aussi infructueuse car l’intéressé nous dira : « Non ! Je ne peux pas vous rencontrer pour l’affaire ! Vous dites que vous êtes monsieur… de quel organe… ? Vu que l’affaire est en instruction, je ne peux rien vous dire ! Vous me comprenez, j’espère ! ». Il prendra ensuite l’avion à destination de Dakar pour aller sans doute se remettre de ses fortes émotions.

Poursuivant toujours nos enquêtes, nous avons cherché à entrer en contact avec le fameux gardien pour avoir sa version mais il était injoignable à son domicile comme à son service de garde.

En attendant d’en savoir plus, nous nous perdons en conjectures : quel pourrait bien être le mobile de ces criminels ? Il semble que le repenti aurait seulement expliqué qu’un individu fricotant avec un baron peu reluisant des affaires serait allé avant, reconnaître les lieux. Il aurait également révélé que pour la mission qu’il n’a pas pu exécutée, ses commettants lui auraient parlé d’une somme de 2 milliards de FCFA dont ils auraient été frustrés. Allez-y savoir pourquoi, comment et où ! D’autres rumeurs à Ouagadougou font état de ce que Mr Travaly Bandja pressait les autorités pour qu’elles mettent un peu d’ordre dans le secteur du tabac, gangrené comme on sait par les trafics les plus divers. Certaines rumeurs font même état de ce que dans une zone de Gorom-Gorom, les trafiquants de tabac exerceraient au vu et au su de tous, leur activité. Tobacco Marketing Consult, travaillant dans le secteur légal et qui perd beaucoup en raison de ce commerce parallèle frauduleux -et chaque jour plus désavantageux pour elle et pour l’Etat-, voudrait que les choses changent. Est-ce que ce sont des trafiquants qui, pour cette raison, ont voulu la lui fermer à jamais ? C’est possible.

Nous n’en continuerons pas moins pour notre part à fouiner pour avoir le fin mot de cette histoire. Espérons en tout cas que pour une fois, tout le monde se mettra de la partie pour tirer cette affaire au clair. Il faut non seulement savoir qui a voulu attenter à la vie de Mr Travaly Bandja mais agir vigoureusement pour que de tels faits ne se produisent plus au Faso !

Victory Toussaint et Aristide Ouédraogo

San Fina

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Vos commentaires

  • Le 16 octobre 2008 à 15:33, par Paris Rawa En réponse à : Banditisme : DES TUEURS A GAGES CHEZ MONSIEUR TRAVALY BANDJA

    « La drogue circule à flots, et des règlements de compte sanglants opérés par des tueurs à gages au sang froid, il s’en commet de plus en plus, de l’avis même des milieux proches des renseignements officiels ». Plus de grand banditisme, d’insécurité et de corruption. J’espère que ceux qui fêtent année après année l’anniversaire d’on ne sait quelle "renaissance démocratique" ont aussi la lucidité de se rendre compte que cette dégradation de la situation sécuritaire entrave de plus en plus les droits des personnes et des libertés individuelles ?

    Au lieu d’une ridicule autosatisfaction, il faudrait le réalisme d’une vigilance accrue pour mieux gouverner le pays dans les nombreux domaines où il est en train de sombrer.

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