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Déversement de déchets toxiques à Abidjan : Le procès des alevins

Publié le vendredi 3 octobre 2008 à 02h40min

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Le procès du Probo Koala s’est ouvert ce lundi à Abidjan, deux ans après les faits, avec à la barre 9 inculpés sur les 12 ayant reçu une convocation à comparaître. Cette sale affaire a en effet débuté lorsque le Probo Koala, cargo grec spécialisé dans le transport d’hydrocarbures, a jeté l’ancre au port de la capitale économique ivoirienne.

Dans ses cuves, des centaines de tonnes de résidus d’hydrocarbures, véritables excréments chimiques ultratoxiques, qui seront déversés nuitamment dans des décharges à ciel ouvert. Une sale besogne, effectuée par des supplétifs locaux peu regardants, les « 12 salopards » aujourd’hui poursuivis par la justice ivoirienne.

Ils risquent la prison à perpétuité pour « empoisonnement » et « tentative d’empoisonnement ». On se souvient, en effet, que les tonnes de résidus toxiques déversés dans la nature au milieu des déchets domestiques avaient provoqué, selon le bilan officiel, la mort de 17 personnes et entraîné l’intoxication de dizaines de milliers d’autres. Alors, inutile de dire que deux ans après la catastrophe, les victimes et leurs familles voient d’un bon œil l’ouverture du procès devant la cour d’assises d’Abidjan. Ils regretteront pourtant l’absence du principal larron, le bandit- chef, comme on l’appellerait chez nous : la société Trafigura, affréteur du cargo.

Absents du box des accusés, ses représentants avaient pourtant séjourné à la MACA, la prison d’Abidjan, à l’époque des faits, après avoir tenté de quitter le pays. Leur « calvaire » n’aura pas duré bien longtemps, la société-mère ayant obtenu des autorités ivoirienne l’arrêt de toute poursuite judiciaire contre une indemnisation globale de plus de 100 milliards de francs CFA.

Mais les faits sont têtus. Et à l’heure du procès, la multinationale s’est retrouvée, par la force des choses, propulsée au cœur des débats. En effet, dès le deuxième jour, l’accusé principal, patron de la société, qui s’était chargée du pompage et du déversement de la matière toxique, a mis les pieds dans le plat. Se défendant avec l’énergie du désespoir, l’homme d’affaire nigérian a indexé le responsable d’une filiale de Trafigura. Celui-ci, et même les experts de Trafigura présents lors des opérations de pompage lui auraient caché le caractère toxique du produit. Cet homme, pourtant cité comme témoin, ne s’est jamais présenté. Il en sera sûrement de même avec tous les autres représentants de la société, qui, après le règlement amiable, a tourné la page, se lavant les mains de tout ce qui pourrait concerner cette sale affaire.

La justice ivoirienne et les victimes du Probo Koala devront donc se contenter des seconds couteaux et de leur version des faits. Ainsi, le gros poisson ayant trouvé le moyen de passer au travers des mailles, les alevins se retrouvent pris dans la nasse judiciaire et devront payer le prix fort.

Reste à espérer que, comme l’a indiqué un des avocats de l’Etat ivoirien en marge du procès, le parquet ouvre une information judiciaire contre les gros poissons, au cas où « des indices graves et concordants » apparaîtraient ; car pour lui, les 100 milliards ne concernaient que le volet civil de l’affaire. Un avis que le bataillon d’avocats commis à la défense des intérêts de la firme ne partagera sûrement pas. Il faut croire que le Probo Koala n’a pas fini de livrer ses secrets.

L’Observateur Paalga

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