Mais déjà, la tension est vive, très vive même, autour de sa succession. L’ancien maire est accusé de vouloir revenir aux commandes, coûte que coûte. Des jeunes de la commune se sont organisés pour lui barrer la route. Tôt le matin du lundi 29 septembre dernier, les éléments de la CRS avaient pris pied sur des lieux stratégiques de la commune. La marche prévue sur la mairie n’a donc pas eu lieu.

Nous avions eu vent, depuis le dimanche 28 septembre 2008, d’une marche des "fils de Saaba" sur la mairie de cette commune rurale, prévue pour le lendemain 29 septembre. Des informations qui nous étaient parvenues, il était question d’un mouvement de contestation suite à une décision de mettre fin à l’intérim de Mme Josiane Kabré et de la confirmer à la tête de la commune. Mais sur le terrain, il n’en était rien de tout cela. Lorsque notre équipe est arrivée sur les lieux aux environs de 9h, moment annoncé pour marche, rien, en dehors de la présence des éléments de la CRS, ne présageait d’une quelconque manifestation à Saaba. La police anti-émeutes n’auront finalement rien à faire. Des résidents de la commune se réclamant du "comité des jeunes de Saaba" nous ont toutefois confié qu’ils avaient prévu se rencontrer dans la matinée du lundi 29 septembre pour désherber le foyer des jeunes situé à proximité du commissariat de police. Par la même occasion, une rencontre était prévue pour "faire le point de la gestion de l’ex-maire et demander au MATD de faire toute la lumière".

Selon les explications des membres du comité des jeunes de Saaba, l’ex-maire, Henri Désiré Ouédraogo, avait, dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 septembre, et aux environs de 1h du matin, préparé des habitants de son quartier pour "affronter les jeunes du comité" au cas où ceux-ci s’opposeraient aux actions du maire déchu. "C’est donc suite à une médiation du préfet du département pour éviter affrontement, explique Pierre Rouamba du comité des jeunes, que nous avons décidé de surseoir à notre rencontre qui était loin d’être une quelconque insurrection".

Et cet affrontement, à en croire les jeunes du comité, s’il venait à avoir lieu, serait du reste des plus déséquilibrées car le seul secteur d’origine de l’ex-maire aurait eu affaire à l’ensemble des 8 autres secteurs de la ville de Saaba et des 23 villages rattachés à la commune qui seraient tous opposés à un retour du maire Henri D. Ouédraogo. Saaba va mal. La commune a besoin de routes bitumées. Les populations veulent de l’eau potable. Il faut des infrastructures sociales, etc". C’est le cri de coeur des jeunes du comité qui regrettent amèrement le lourd retard accusé par la commune qui, à leur yeux, n’a pas évolué d’un iota depuis l’avènement de la communalisation intégrale.

Et l’ex-maire est accusé d’être le véritable responsable de cette situation. "C’est pourquoi, soutient Paul Goungounga, son retour éventuel aux commandes va susciter des frustrations dans la commune". Et pourtant, selon nos interlocuteurs, le maire déchu serait en train de préparer le terrain pour revenir aux affaires.

C’est sans succès que nous avons tenté de rencontrer Henri Désiré Ouédraogo. Joint au téléphone, il s’est refusé à tout commentaire pour l’instant, nous promettant de le faire "le moment venu".

Par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays