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Kocti Mory, maire de Fada sur les préparatifs du 11 décembre : Que tout le monde mette la main à la pâte

Publié le lundi 29 septembre 2008 à 10h29min

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La commune de Fada N’Gourma va accueillir les festivités marquant le 48ème anniversaire de l’Indépendance du Burkina Faso ex Haute Volta le 11 décembre prochain. A quelques 3 mois de la cérémonie, et de passage dans ladite ville, nous avons pu arracher quelques mots au maire Kocti Mory (K M), très occupé en cette fin d’année. C’est donc entre coups de fil et interruptions de la secrétaire que s’est déroulé l’interview avec le maire de la commune de Fada. Economie d’une rencontre au pas de charge.

Quel lien faites-vous entre la décentralisation actuellement mise en œuvre et les difficultés que rencontrent certaines mairies ?

K M : Déjà, la décentralisation est en marche. Comme on l’a toujours dit, la décentralisation est un processus qui a démarré depuis 1995 et comme vous le voyez, elle va de façon progressive c’est-à-dire que c’est une pente montante. Certainement qu’il y a des hauts et des bas. Donc, dire que la décentralisation est une difficulté, ce n’est pas raisonnable. Non, pour moi c’est une bonne chose parce que la décentralisation va permettre le développement à la base de certaines localités avec l’appui des populations. Tout n’est certes pas parfait mais je crois en la décentralisation et elle marche bien.

Aujourd’hui, vous êtes pratiquement un maire comblé, parce que votre ville recevra les festivités du 11 décembre. Est-ce qu’au jour d’aujourd’hui, vous êtes satisfait de l’avancée des travaux dans votre commune ? Quelle appréciation faites-vous du fait que votre ville tienne ces festivités ?

K M : Nous tenons à remercier le gouvernement pour avoir choisi notre ville pour tenir les festivités du 48ème anniversaire de l’Indépendance de notre pays. Nous restons très reconnaissants par rapport à ce choix. Par rapport aux chantiers, de notre point de vue, ça avance. Vu de façon pas technique, parce que nous ne sommes pas des techniciens, le travail avance. Bien entendu il y a la pluie qui retarde certaines activités. Certains estiment que la période convient parce que nous n’avons pas besoin d’eau ; je dis non : les pluies constituent un handicap ; néanmoins, nous faisons des efforts pour répondre aux attentes.

Maintenant l’appréciation que je fais, vraiment c’est une bonne chose. Quand je me situe dans le contexte dans lequel ces réalisations se font, nous sommes dans un contexte économique difficile, de vie chère, et que l’Etat accepte engager un grand chantier dans une ville, vraiment on ne peut que s’en réjouir et souhaiter que ces travaux se terminent bien. C’est aussi pour nous une sorte de questionnement. On nous a choisi, est-ce qu’on est sûr de répondre présent le 11 décembre ? Nous devons montrer l’image d’une ville contente de recevoir des hôtes, de grandes personnalités qui vont venir ici. Nous nous demandons si nous serons à la hauteur. Nous sommes conscients de cela et avec la participation de toute la population de Fada et aussi la contribution de tous les partenaires, et de tous les amis de Fada, qu’ils soient de Fada ou hors de Fada, en tout cas, nous pensons que le succès sera au rendez-vous. Nous devons répondre à l’honneur qu’on nous fait.

Etes-vous prêt en termes d’infrastructures hôtelières et autres pour recevoir autant de monde dans votre commune ?

K M : Parmi les commissions qu’on a mises en place, il y a une qui est chargée de l’hébergement et qui est à pied d’œuvre pour pouvoir identifier tout ce qui peut être infrastructures hôtelières. Nombre de nos frères qui ont des réalisations s’attèlent aussi à les améliorer. L’Etat est en train de faire la construction de la cité, de l’auberge. On demande aussi que chacun puisse accueillir un étranger chez lui. Ce n’est pas seulement l’étranger du Maire, du Haut Commissaire ou du Gouverneur. Donc dans ce cas, le problème d’hébergement ne se posera certainement pas.

Il y a aussi qu’on fait le reproche à la ville de Fada d’être une cuvette et de ne pas pouvoir évacuer l’eau et aujourd’hui, il y a un problème vraiment récurrent de caniveaux. Avez-vous pu mobiliser un financement pour désengorger la ville ?

K M : Effectivement, vous soulevez un point de préoccupation du Conseil Municipal qui est l’assainissement. A ce jour, nous ne disposons pas de moyens financiers pour le faire. On a pu quand même élaborer trois documents qui concernent l’assainissement. Nous avons déjà un plan d’aménagement d’évacuation des eaux pluviales. Nous avons aussi un plan d’assainissement qui concerne les eaux usées. Il y a aussi un plan d’action qui concerne les déchets plastiques, et tout ce qui n’est pas dégradable. Pour les moyens à rechercher, nous sommes là-dessus. Nous avons des pistes et nous espérons que nous serons soutenus et accompagnés. Il y a un canal qu’on va désengorger surtout celui du secteur 10, où vraiment c’est le nœud gordien. On constate un ruissellement assez avancé des eaux à ce niveau. Mais néanmoins je crois que -comme vous l’avez si bien dit- c’est la structure de la ville qui est comme cela. Il faut faire avec, il nous revient de l’entretenir. Nous avons déjà engagé des travaux d’entretien pour ce qui existe. Nous avons lancée le marché le lundi passé (NDLR : Interview réalisé le 22 septembre 2008) et nous espérons que celui qui aura le marché va s’atteler à ce que d’ici le 11 décembre, tous les caniveaux qui existaient soient prêts pour les dernières pluies.

Mr le Maire, quel est votre secret en ce qui concerne les lotissements parce que ailleurs, ça pose un énorme problème, alors qu’a Fada, on n’entend absolument rien ?

K M : Il n’y a pas de secret (silence). Nous sommes dans une époque où tout ce que vous entreprenez pour les populations devient assez délicat. Donc il est plus que jamais nécessaire que cela se fasse avec les bénéficiaires et les acteurs. Si vous les impliquez, il n’y a pas de problèmes. Ce n’est pas qu’ici, il n’y a pas eu des problèmes. Mais à un certain moment, il faut les mettre au devant des choses. Parce que souvent, certains réagissent parce qu’ils ne connaissent pas comment ça se passe. Mais si vous les mettez au devant des faits, vous leur expliquez mieux et je crois qu’ils vont comprendre. Parce que le problème des terres est compliqué. Il faut user de diplomatie et surtout être disponible pour écouter et expliquer. Il faut surtout surveiller de près ce qui se passe dans les commissions pour ne pas être complice de fausses combines. Les populations ne voient que le maire, et tout retourne forcément sur lui s’il ne fait pas attention.

En dehors du lotissement, on constate que Fada est plus apaisé. Il y a moins de violences, moins d’agressions…

K M : Comme je l’ai dit, il n’y a pas de secret. Par exemple, au niveau du secteur 6, quand il y a eu le lotissement ce n’est pas qu’il n’y a pas eu de problème, il y a en eu. Mais il fallait faire comprendre aux gens que le problème ne se situe pas au niveau de la mairie mais entre eux. On a voulu un moment responsabiliser les gens, mais ces gens n’ont pas saisi l’opportunité pour jouer le rôle qu’on leur a confié. Ils ont voulu faire des magouilles. Mais les gens pensaient que c’était la mairie, non. En tant que Maire, je n’irai jamais dire à quelqu’un dans une commission qu’on inscrive untel pour qu’il bénéficie de tel ou tel privilège dans l’acquisition de parcelle. Ce sont des choses qu’il faut éviter et en plus de ça aussi, il faut avoir une stratégie. Pour moi c’est l’approche ! Il faut savoir écouter et être patient. Certains vont sûrement vous prendre pour faible. Ce n’est pas de la faiblesse, mais c’est ma formation (NDLR : Conseiller FJA), parce que je me suis formé dans un domaine, où il faut faire la sensibilisation, apprendre à amener quelqu’un à changer de mentalité. Et cela, c’est ma formation qui me l’a donné. Si non, il n’y a de secret que l’approche.

Que souhaitez-vous qu’on retienne de vous à la fin de votre mandat ?

K M : Je souhaite -et tout dépendra de la population- que Fada ait l’image d’une ville moderne qui évolue. Mais avec seulement 94 conseillers, nous ne pourrons pas grand-chose si la population estimée à 123.000 habitants, ne nous aide pas. Il faut la contribution de tout le monde. Que tout le monde mette la main à la pâte. Moi j’accepte la critique constructive, les remarques dans le sens d’améliorer, et toutes formes de contribution. Donc je souhaite qu’à la fin de mon mandat, la ville de Fada soit à l’image de ce que chacun de nous souhaite. Cela demande de la disponibilité et de la participation de tout un chacun, qu’il soit de Fada ou qu’il vienne d’ailleurs. Parce que ce n’est pas seulement celui qui est né à Fada qui peut développer Fada. Qu’il soit venu hors du pays, à l’intérieur du pays, eux tous peuvent contribuer au développement de cette ville.

Vous êtes en train de bouleverser réellement des réticences culturelles que Fada a depuis très longtemps cultivées. Comment faites-vous pour vous faire comprendre ?

K M : Quand on est dans un cercle vicieux, et que vous voyez à côté des choses se faire avec une certaine réussite, vous êtes obligés de suivre aussi. Parce que si aujourd’hui on se plait à rester toujours dans notre façon de vivre, c’est-à-dire qu’on dit que le Gourmantché n’est pas curieux, qu’il ne cherche pas à découvrir les choses, si nous restons dans ça, ce serait difficile de se développer, sinon d’autres viendront d’ailleurs le faire à votre place. Aujourd’hui on ne peut pas interdire à quelqu’un qui vient de loin d’investir. Moi j’ai la porte ouverte pour ça et je ne serai pas d’accord qu’un autochtone traite quelqu’un d’étranger parce qu’il veut construire ou investir. C’est celui qui construit, qui développe, qui est autochtone chez moi.

Est-ce que nous avons omis d’aborder un sujet qui vous tient particulièrement à cœur ?

K M : Le sujet qui me tient à cœur, c’est la préoccupation de la route de l’hôpital. Les gens en parlent mais disons que c’est une préoccupation parce que je sais que, depuis mai 2006, c’était l’une de mes préoccupations. Aujourd’hui, nous avons étudié toutes les possibilités afin de trouver des solutions. En terre simple, grattée, etc…, et nous avons évalué les avantages comme les inconvénients. La terre de façon simple est à la portée des moyens de la mairie mais elle comporte plus d’inconvénients parce que là, nous serions obligés d’intervenir à tout moment qu’on le veuille ou pas. Toutes les eaux convergent vers le centre. Donc si nous le faisons, les secteurs qui se trouvent au-delà de l’hôpital vers le côté sud, seront inondés puisque aujourd’hui le problème se pose. Ce qui serait vraiment bien, c’est la réalisation des caniveaux, ce qui n’est pas à la portée financière de la mairie. Mais nous sommes en train d’élaborer des dossiers pour voir qui peut nous aider dans ce domaine. Certains auraient souhaité que l’on prenne en charge aussi la voie de l’hôpital dans le bitumage des voies pour le défilé, mais je dis non. Vous savez la voie de l’hôpital est un vieux dossier et nous allons relever le défi nous-mêmes. Que les gens se rassurent.

Aristide Ouédraogo

San Finna

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