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Une lettre pour Laye : On parle de François à l’agriculture

Publié le vendredi 29 août 2008 à 13h44min

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Cher Wambi,

Au petit matin du mardi 26 août, les populations du secteur 15 à Simonville se sont réveillées sous une épaisse brume. Ceux des anciens qu’hébergent encore les quartiers Patte d’oie, Pag-la-yiri et Cissin se sont rappelés alors que, jadis, cette fumée inoffensive, qui semblait tomber du ciel, annoncait l’imminence de la fin de la saison hivernale.

Cette loi non écrite de la nature s’appliquera-t-elle à nous au moment où les premières récoltes se font toujours attendre ? En tous les cas, autre temps, autres mœurs, dit-on, et tel le barrage de Bagré, depuis quelque une semaine, le ciel ne se fatigue pas de nous ouvrir ses vannes, et tu n’es pas sans savoir, cher cousin, qu’aux quatre coins du Faso, des menaces d’innondation planent à l’horizon.

Les relevés pluviométriques de la semaine du jeudi 21 au mercredi 27 août effectués par les services de l’ASECNA dans nos différentes stations sont loin de nous démentir : Dori = 49,4 mm ; Ouahigouya = 63,8 mm ; Ouagadougou-aéro = 65,9 mm ; Dédougou = 43,1 mm ; Fada N’Gourma = 29,3 mm ; Bobo-Dioulasso = 107,3 mm ; Boromo = 45,6 mm ; Pô = 53,2 mm ; Gaoua = 87,6 mm ; Bogandé = 25,1 mm.

Eh bien, cher Wambi, une semaine s’est en effet écoulée depuis ma dernière missive, mais l’actualité nationale reste soumise aux conjectures relativement au remaniement ministériel, mille fois annoncé sur les rives du Kadiogo, et qui tarde à venir. Le grand Sachem, loin des chants des sirènes, prendra certes le temps qu’il lui faudra pour redistribuer ses cartes, mais ceux qui prétendent arpenter, jour et nuit, les couloirs du palais de Kossyam ne se lassent point de nous sortir, chaque fois que l’astre diurne se lève, un lièvre ministrable du chapeau.

S’il a déjà été question de l’ambassadeur Kadré Désiré Ouédraogo pour succéder à Djibrill Bassolé aux Affaires étrangères et à la Coopération régionale sans qu’aucune voix contraire, jusqu’à présent, ne se fasse entendre, Dame Rumeur nous sert aujourd’hui le départ probable du ministre Joseph Paré des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique ; le retour de Laurent Sédogo au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, et... l’arrivée d’un certain François Compaoré à la tête du département de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques.

Vrai ou faux, cher cousin ? En attendant, François Compaoré, frère cadet de qui l’on sait, qui s’investit avec succès dans l’agro-busness, serait en vacances au pays de l’Oncle Sam. Pour sûr, la rentrée gouvernementale s’annonce, et l’Enfant terrible de Ziniaré voudra tenir sa promesse, faite aux journalistes il y a un mois, en ne gardant pas jalousement la composition de l’effectif de sa future équipe.

D’ailleurs, il a toujours frappé fort au moment où on s’y attend le moins que, depuis, ils sont nombreux, les convives ou supposés tels qui dorment, le transistor allumé au chevet. Une autre rentrée très attendue, cher cousin, c’est bel et bien celle académique depuis la suspension de toutes les activités universitaires au mois de juin, après la vague de mécontentement qui s’était emparée du campus de Zogona.

Dès le 1er septembre, les étudiants reprendront le chemin des amphis, mais l’on est en droit de se demander ce que cette rentrée nous réservera, avec ce nouveau visage imprimé par les autorités à l’université de Ouagadougou. Sache, en effet, que désormais, tu ne pourras plus traverser le "temple du savoir" tel le marché de Manga. Si tu n’avais jamais vu la grande muraille de Chine ou le mur de Berlin, c’est l’occasion. En outre, l’accès à ces lieux, par les travailleurs, sera conditionné au port d’un badge.

Mais ces mesures seront-elles suffisantes pour résoudre la crise universitaire ? Car les étudiants ne sont pas les seuls à réclamer de meilleures conditions de vie et d’études : il y a aussi ces enseignants qui, depuis des lustres, attendent vainement des ordinateurs, des primes de recherche, leurs arriérés de salaires et des indemnités de logement.

Bien sûr, on me rétorquera qu’en ce mois d’août finissant, certains sont passés à la caisse, mais il y en a toujours qui mangent la vache enragée. Ces temps-ci, cher Wambi, des voix s’élèvent des provinces du Passoré et du Kourittenga pour réclamer les nouvelles cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB), pour l’obtention desquelles elles se seraient inscrites voilà maintenant trois mois. Une revendication légitime pour qui sait qu’ils ne sont pas nombreux, les citoyens qui peuvent se les offrir.

Mais, en attendant que l’Office national d’identification (ONI), l’institution mère de ce sésame, lève un coin du voile dessus au cours de la conférence de presse qu’il donnera le mardi 2 septembre, je me suis laissé dire que des politiciens bien connus dans les deux provinces suscitées ne font pas mystère de leur volonté d’en découdre avec l’ONI pour ne les avoir pas associés aux opérations d’établissement collectif des pièces d’identité.

En tout cas, cher cousin, on m’assure que lesdites pièces auraient été établies et transmises aux autorités locales dans les délais requis, afin qu’elles soient restituées à leurs demandeurs. Que s’est-il passé entre-temps alors ? me demanderas-tu. Reste à l’écoute, cher cousin, la conférence de presse annoncée viendra nous édifier davantage sur la question.

Après la guerre des marques de bouteilles de gaz, dont je te tiens informé régulièrement, je m’en vais te raconter une autre pratique, qui, si l’on n’y prend garde, risque d’avoir des conséquences financières insupportables pour les ménages et les consommateurs du charbon de bois. L’histoire se passe du côté de Pama, à la frontière Burkina-Bénin, à un poste des agents des Eaux et Forêts, où un des transporteurs est stupéfait devant une hausse inexpliquée des taxes relatives à la coupe et à la circulation du charbon de bois.

Habitué qu’il était à payer 300 F CFA pour un ensemble de deux (2) à cinq (5) sacs, ce routier s’explique difficilement la majoration vertigineuse de ce payement, qui l’oblige à débourser la somme de 750 F CFA par sac transporté du Bénin vers le Burkina. Son interrogation serait non pertinente si, par voie officielle, les transporteurs en étaient informés. Mieux, et c’est là que le bât blesse, le "quittancier collecteur ambulant" n° 2225963 du 23 août 2008, délivré à M.O. pour "coupe + circulation pour 2 sacs de charbon de bois" au prix total de 1 500 F CFA comporte des ratures, suspectes.

Est-ce des agissements malveillants d’un agent forestier indélicat, ou faut-il comprendre que c’est l’Etat qui veut encore pressurer le consommateur pour renflouer ses caisses ? En tous les cas, avec la vie chère, qui fait feu de tout bois, il est impératif que la lumière soit faite sur cette "nouvelle tarification" à la frontière Burkina-Bénin, afin de situer les utilisateurs de ce moyen de chauffe.

Maintenant qui je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher cousin, je me dois de te rappeler que c’est bien du 13 au 14 septembre prochain que le parti présidentiel, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), tiendra sa convention nationale à la maison du Peuple à Ouagadougou.

Convoquée pour une halte sur la vie du parti, nul doute que le débat sur les refondateurs s’y invitera. J’imagine l’impatience qui t’anime de savoir ce qui en sortira, mais, en attendant, la Fédération des associations pour la paix avec Blaise Compaoré (FEDAP BC), elle, déploie ses tentacules dans le Burkina profond afin de porter secours aux nécessiteux. Elles sont légion déjà, en effet, les provinces qui ont reçu gracieusement de cette structure, dite apolitique, des tonnes et des tonnes de vivres en attendant les récoltes.

- Après sa tournée dans les régions du Sud-Ouest, des Hauts-Bassins et de la boucle du Mouhoun, le Premier ministre, Tertius Zongo, a repris son bâton de pèlerin ce jeudi 28 août pour s’imprégner de l’évolution de la campagne agricole. Cette fois, direction Koubri à l’entrée sud de la région du Centre et de la province du Kadiogo, où bien de nos cadres préparent lentement mais sûrement leur reconversion à l’agro-business et à l’élevage.

On espère qu’à la faveur de cette excursion, les populations ne manqueront pas d’évoquer avec le chef du gouvernement cet éternel problème des digues des barrages, qui cèdent en chaque saison hivernale. Y remédier mettrait du baume, sûrement, au cœur et des exploitants agricoles, et des pêcheurs, qui contribuent à booster l’économie locale.

- Dans l’Observateur paalga du jeudi 21 août 2008 en page 10, il est question d’une affaire d’amputation, survenue au CSPS de Colma dans l’arrondissement de Dô à Bobo-Dioulasso. Les conditions dans lesquelles s’était déroulée l’opération (amputation sans anesthésie et sans l’avis des parents) avaient irrité le père de la patiente, qui fut témoin oculaire de la souffrance endurée par sa fillette, âgée seulement de quatre ans. N’ayant pu digérer un tel supplice de sa progéniture, Oumar Sankara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait alors entamé une procédure judiciaire.

Mais, aux dernières nouvelles, on a appris, de source généralement bien informée, que la plainte a été retirée après que le CSPS a envoyé des émissaires auprès de la famille Sankara pour présenter ses excuses et s’engager, dans le même temps, à prendre en charge les soins médicaux de l’amputée. Une démarche qui a relancé les débats sur les circonstances et même l’opportunité de cette amputation, qui prive à jamais la petite Nouriana de son gros orteil gauche. S’agirait-il d’une grave bavure médicale ? That is the question.

- Tous les membres, amis et sympathisants de l’Association pour le développement économique, social et culturel du département de Siglé (ADS) sont conviés à une assemblée générale statutaire le samedi 30 août 2008 à partir de 10 heures à l’école primaire privée de Boukou. L’ordre du jour portera essentiellement sur le rapport moral et financier 2007-2008.

- Le lendemain, soit le 31 août, à Kombissiri, province du Bazèga, c’est l’Association burkinabè Arts qui organise une cérémonie de plantation d’arbres. Lors de cet important camp de reboisement, placé sous le thème "Pour un Burkina vert, mobilisons-nous !", des milliers de plants seront mis en terre sur une superficie d’un peu plus de 3 hectares.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir
L’Observateur Paalga

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