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Lotissements à Ouagadougou : Il faut tout arrêter !

Publié le vendredi 29 août 2008 à 09h15min

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Depuis un certain temps, le maire de la capitale, Simon Compaoré, a entrepris d’organiser dans les mairies d’arrondissement des audiences publiques autour des problèmes nés des lotissements. C’est certes une initiative louable qui rompt avec une ancienne méthode où les plaignants se retrouvaient un jour de la semaine dans une salle de la mairie centrale pour exposer devant le bourgmestre de Ouagadougou leurs doléances, c’est-à-dire les problèmes de parcelles.

Le maire Simon va au-devant des populations pour écouter leurs préoccupations relatives aux parcelles. Il faut s’en féliciter et souhaiter que d’autres initiatives similaires dans la gouvernance municipale soient développées.

La question des lotissements est primordiale, essentielle parce que chaque habitant de cette ville aspire à une parcelle pour bâtir son logis. Elle est au centre des questions sociales. Malheureusement, la gestion des lotissements faits à grande échelle par les différents maires dans les arrondissements n’a pas toujours répondu aux attentes des populations. Loin s’en faut ! Les lotissements ont toujours été, ils le seront encore pendant longtemps, le lieu par excellence de la corruption.

Par exemple, comment satisfaire les 53 000 demandeurs de parcelles de l’arrondissement de Bogodogo avec une disponibilité de 18 000 parcelles ? Le principe cardinal qui a sous-tendu les grands lotissements décidés dans les années 80 et qui se poursuivent encore aujourd’hui, c’est de donner à chaque ménage un foyer. Il se trouve que ce principe est à mille et une lieues des préoccupations de certains responsables qui se trouvent à la tête des mairies, à Ouagadougou et aussi partout ailleurs au Burkina.

La terre est devenue le principal objet de spéculation ; c’est une source d’enrichissement pour les individus comme pour les mairies. La preuve c’est que dès qu’un maire est élu, son premier acte est de monter un dossier de lotissement. Et les lotissements sont sources de multiples problèmes. Les juges du Tribunal de grande instance de Ouagadougou ne diront pas le contraire. Combien de dossiers relatifs aux litiges sur les parcelles passent devant eux à chaque audience ?

Le maire Simon Compaoré a voulu toucher du doigt ces problèmes en allant à la rencontre des populations. Espérons que son besoin de transparence sur des problèmes aussi nébuleux que sont les lotissements sera satisfait. Toutefois, nous nous hâtons de dire qu’il s’agit là d’une opération ponctuelle, superficielle, qui ne lui permettra pas de prendre la mesure du phénomène ni de répondre aux doléances des populations qu’il a rencontrées ou qu’il va rencontrer.

Peut-il solutionner les problèmes qui lui sont soumis au cours de ces audiences publiques ? A-t-il mis en place une cellule de suivi chargée de vérifier si les solutions préconisées lors de ces audiences publiques seront effectivement mises en oeuvre ? Si ce n’est pas le cas, on est tenté de dire que ces tournées sont du folklore. Quelle suite va-t-il donner aux nombreuses doléances que des femmes et des hommes ne manqueront pas de lui soumettre ?

Les problèmes créés par les lotissements dans chacun des cinq arrondissements sont nombreux et sérieux. Il est temps que l’on s’arrête pour penser à la manière de les résoudre. Des quartiers de la ville de Ouagadougou sont lotis depuis une vingtaine d’années, mais, on n’y trouve aucune canalisation, si bien que c’est un véritable calvaire pour beaucoup de personnes d’accéder à leur cour après une grande pluie.

Dans certaines zones, les espaces verts qui avaient été dégagés et qui donnaient de la respiration à ces zones sont parcellées et vendues. Si le souci du maire Simon est la transparence dans la nébuleuse que constituent les lotissements des arrondissements, il doit ordonner que cesse tout nouveau lotissement. Ensuite, il pourra mettre à plat tout ce qui a été fait en vue de redresser ce qui ne va pas. Peut-on se hasarder à demander un audit sur tous les lotissements qui ont été faits depuis une certaine époque ? Multiplier indéfiniment les lotissements, c’est multiplier de façon indéfinie les problèmes y afférents.

Il est temps de s’arrêter pour faire le point et essayer d’autres méthodes. Par exemple, pour un endroit donné à lotir, il faut procéder d’abord au recensement des résidents avec des critères précis et stricts. On s’assurera ainsi qu’il n’y a pas parmi les résidents des personnes qui ont été attributaires de parcelles ailleurs et qu’elles ont vendues pour venir s’installer ici dans l’attente d’un nouveau lotissement. Dans le même temps, on s’assurera que personne ne peut posséder plus d’une parcelle. Seront exclus des attributions tous ceux qui ont construit nuitamment des termitières.

A l’heure des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des garde-fous assez fiables peuvent être trouvés pour empêcher les doubles attributions. Nous restons persuadé que l’on peut dans ce pays procurer une parcelle à chaque ménage pour qu’il y construise son foyer.

Enfin, les responsables de la ville de Ouagadougou se posent-ils cette question banale, mais qui ne manque pas de bon sens : que vont-ils laisser aux générations futures, vu que les surfaces ne sont ni compressibles, ni extensibles ? Il importe d’y penser dès aujourd’hui. Il faut arrêter momentanément les lotissements, à moins qu’ils n’obéissent à des motivations obscures, comme des visées électoralistes.

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