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Henri Kaboré, maire de Bogodogo : "18 000 parcelles dégagées pour plus de 53 000 demandeurs"

Publié le vendredi 22 août 2008 à 11h28min

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Henri Kaboré, maire de Bogodogo

Le 7 juin 2008, Henri Kaboré est élu maire de l’arrondissement de Bogodogo en remplacement de Zenabou Drabo. La passation de service a eu lieu le 16 juin et 48 heures après, il est installé dans ses nouvelles fonctions. Il a initié aussitôt une série de rencontres avec les populations dans les zones concernées par les lotissements. Pour en savoir davantage sur ses motivations, nous avons échangé avec l’édile de Bogodogo, Henri Kaboré.

"Le Pays" : Qu’est-ce qui explique que dès votre installation vous ayez accordé une priorité à des rencontres sur les lotissements ?

Henri Kaboré : Nous avons déjà un programme établi pour le mandat de 5 ans que je dois poursuivre. Dès mon élection et mon installation, nous sommes allés vers les populations des zones où il y a des lotissements, parce que nous avons constaté que parmi les problèmes de l’arrondissement, celui des lotissements semble le plus important pour la population. Il s’agit pour nous de voir ensemble avec la population les propositions à faire pour redynamiser les différentes commissions à mettre en place, pour qu’à la fin des attributions il y ait moins de problèmes. Les habitants des zones concernées savent qu’ils ne peuvent pas être tous attributaires. Nous avons dégagé 18 000 parcelles pour un peu plus de 53 000 demandeurs. Nous avons écouté les populations pour savoir ce qui va et ce qui ne va pas. Nous voulons savoir aussi ce qu’elles pensent du lotissement et la manière d’attribuer les parcelles. Nous allons faire la synthèse de ces rencontres et voir ensemble comment démarrer les lotissements.

Quelles sont les zones concernées et qu’est-ce qu’on peut retenir de vos différents échanges avec les populations ?

Les zones concernées par les lotissements sont les secteurs 28, 29 et 30. Elles sont restées pendant longtemps sans être loties et se retrouvent englobées dans des zones loties si bien qu’il n’y a pas une possibilité d’extension. A la suite des différentes rencontres, les gens ont dénoncé certaines situations notamment des personnes qui ont été retenues pour être attributaires alors qu’elles ne remplissent pas les conditions. Des catégories ont été définies avec les résidents réels à savoir ceux qui ont construit dans la zone et y résident. Il y a les propriétaires non résidents, les nouvelles constructions et ceux qui n’ont pas été retenus et considérés comme non résidents. Les gens nous ont dit qu’il y a des personnes qui doivent être considérées comme des non résidents parce qu’il y a ceux qui n’y habitent pas ou ont des maisons non tôlées et retenues comme résidents ou propriétaires non résidents. Nous avons demandé la participation de cette population du début jusqu’à la confection des listes. Les gens se sont organisés en association et en coordination et nous avons demandé aux propriétaires terriens de nous désigner leurs représentants. Ainsi, chaque commission, qui a visité les différentes cours, était composée d’un élu (conseiller municipal), d’un élément de la sécurité, d’un représentant des associations et d’un représentant des propriétaires terriens. Les associations devaient nous dire si telle ou telle personne est résidente ou pas dans la zone. Nous avons constaté que depuis l’annonce des lotissements, il y a des gens qui se sont permis de morceler leurs cours en y construisant 3 à 4 maisons dans l’objectif d’avoir autant de parcelles. Nous avons fait savoir aux uns et aux autres que celui qui achète un terrain, a droit à une parcelle et les propriétaires terriens devaient nous guider dans ce sens. Les gens ont critiqué certaines pratiques, parce que pour eux, il y a des personnes qui ont été installées et qui n’ont pas respecté les conditions. Il faut, disent-ils, reprendre le travail. On note également qu’au passage de la commission d’attribution des parcelles, il y avait, pour une parcelle donnée, 3 ou 4 personnes dans les 4 bornes, alors qu’il faut attribuer une seule parcelle. Nous les regroupons, afin de savoir qui a été la première personne sur le lieu et c’est à celle-ci que nous attribuons la parcelle et les autres attendent. On se retrouve souvent sur des parcelles vierges et la commission promet de les attribuer mais des gens déclarent aussi qu’il y a des parcelles clandestinement attribuées. Il a été demandé que la lumière soit faite sur ces cas.

Où en êtes-vous avec cette question de déguerpissement aux secteurs 28, 29 et 30 qui avait créé des échauffourées dans votre arrondissement il y a une année ?

Nous avions obtenu un financement pour améliorer les conditions de vie de certains quartiers périphériques, notamment l’ouverture des voies à réfectionner et il se trouvait que certaines personnes, qui occupaient l’emprise de ces voies, n’étaient pas attributaires de parcelle. D’autres l’étaient mais elles ont trouvé que le délai donné pour déguerpir était court pour leur permettre de trouver des logements ailleurs. Sinon, les gens ont tous été informés du déguerpissement mais ils n’ont certainement pas pris les dispositions à temps si bien que nous étions arrivés à la date où il fallait qu’ils partent. Une solution a été trouvée, puisque les personnes concernées ont été attributaires de parcelles et nous avons pu ouvrir les voies. Les entreprises sont sur le terrain et sont en train de travailler.

Les populations de votre arrondissement se plaignent des difficultés d’accès à leur quartier et domicile en saison de pluie. Selon elles, les autorités de l’arrondissement ne font pas grand-chose pour trouver des solutions

Ce sont les effets des lotissements à grande échelle. En principe, si on décide de lotir une zone, on devrait prendre en compte les mesures d’accompagnement tels que les caniveaux. Mais si ce sont des zones où les gens devancent en s’installant, on ne fera que parcelliser, puisqu’on ne pourra pas avoir la position exacte du terrain pour pouvoir lotir. Il y a parfois des bas-fonds, des creux, des collines et le cabinet chargé de l’exécution des travaux n’a pas toutes les normes techniques si bien que, une fois ces zones loties, les anciennes voies sont fermées et le ruissellement des eaux entrent dans les cours.

Plus il y a des lotissements, plus la ville s’agrandit et les moyens de la commune ne suivent pas le processus. Un peu partout, dans les secteurs, le problème d’assainissement se pose. Nous demandons alors à la population de nous comprendre et dès qu’il y a un problème, que nous puissions le régler ensemble. C’est dans ce sens qu’en cette période de saison de pluie, nous invitons la population à aider les gens qui seront victimes des inondations.

Quelles sont les mesures prises à votre niveau pour parer au plus pressé en cas d’inondations ?

Nous avons demandé le recensement des zones inondables et à chaque fois que nous avons l’occasion de rencontrer les populations, nous leur demandons de bien vouloir soutenir les bas de leurs maisons, de laisser couler l’eau et ne pas fermer le passage de l’eau. Nous n’avons rien pour soutenir les victimes d’inondations et quand des situations pareilles se présentent, nous n’apportons seulement que notre soutien moral.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

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