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Pluviométrie : Bama redoute une répétition des inondations de 2007

Publié le mercredi 20 août 2008 à 10h30min

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Le 29 juillet 2007, de fortes pluies (165 millimètres de hauteur d’eau) sont tombées en l’espace de quelques heures causant d’importants dégâts matériels, des milliers de sans-abri et l’inondation de tout le quartier n°1 de Bama, commune rurale située à une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Bobo-Dioulasso.

Mais quelques mois après les événements, les Bamalais “faute de moyens”, ont reconstruit leurs habitations, dans ce secteur localisé dans une zone marécageuse, et tentent tant bien que mal, de parer à une éventuelle nouvelle inondation. Le mardi 05 août 2008, c’est-à-dire plus d’une année après le sinistre, une équipe de Sidwaya s’est rendue dans cette localité afin de constater les mesures préventives prises.

Il y a un rituel matinal auquel ne déroge aucun habitant du quartier n°1 de Bama en ce mois d’août très pluvieux : scruter l’horizon et vérifier que l’eau coule effectivement dans les caniveaux ouverts à la hâte après les inondations de l’année dernière. Presque toutes les habitations en terre de ce quartier se sont écroulées le 29 juillet 2007 pour faire place à un champ de ruines. Mais, elles ont été reconstruites en moins d’une année et grouillent de monde. Chacun sait cependant que tout peut arriver d’un moment à l’autre. Le vieux Lamoussa Sanou se rappelle bien que c’est en canot qu’il est passé devant ce qui restait de sa propre cour pour aller porter secours à d’autres sinistrés, prisonniers des eaux. Cela ne l’a pas empêché de reconstruire six (6) maisonnettes dans la même cour.

Et ce n’est pas un défi lancé contre la nature, nous a-t-il assuré. “Je n’ai pas le choix, le nouveau site identifié sur les hauteurs de la ville pour accueillir les sinistrés n’est pas viabilisé. Il n’ y a pas d’eau pour boire, encore moins pour construire”, dit-il, résigné, en guise de justification. Le vieux Sanou avait pourtant toutes les raisons de ne pas revenir dans ce quartier n°1 (un véritable marécage qui semble plutôt convenable à la riziculture qu’à l’habitation), le plus durement touché par les inondations qui ont fait 6 000 à 8 000 sinistrés. Comme bon nombre de ses congénères en effet, tous ses biens,“vivres, volailles, chèvres”, nous raconte-t-il, avaient été soit emportés par les eaux, soit évacués au bord de la route nationale N°9 Bobo-Bama- frontière Mali, seul ouvrage épargné par la montée des eaux.

Sanata Dafra, une sinistrée des inondations de l’année passée, elle, préfère retarder son départ pour les champs, juste le temps de relever un aspect du sinistre, si souvent ignoré à son avis. “Les gens oublient que l’inondation de 2007 a été suivie d’une sécheresse. Nous n’avons pas récolté grand-chose. C’est donc une période très difficile que nous vivons en ce moment”, fait-elle remarquer. Certains Bamalais ont en effet découvert cette année que le son de maïs, d’ordinaire utilisé comme aliment à bétail, pouvait leur servir à concocter de bons plats de couscous. Par ailleurs, les Bobolais que le contexte de “vie très chère” avait obligés à se rabattre sur le riz de la vallée du Kou vendu à prix abordable à Bama, sont confrontés à la rareté et donc la cherté de la précieuse graminée (de moins de 15 000 F CFA à 27 000 le sac de 100 kilogrammes). “Certaines familles déposent directement au moulin, les vivres reçus des organisations caritatives”, témoigne le représentant du chef de village de Bama, Issa Sanou.

La chaîne de solidarité qui s’est mise en place après les intempéries a permis d’apporter aux populations sinistrées, des vivres, de l’eau potable et des tentes. Cette solidarité continue, une année après, de se manifester. Les efforts, pourtant visibles sur le terrain, ne semblent pas à la hauteur des immenses besoins de la population. Ainsi, les dons en nature (vivres, tôles, portes et fenêtres) de l’Alliance chrétienne pour la coopération économique et le développement social (ACCEDES) et l’Organisation catholique pour le développement économique et la solidarité (OCADES) ont plutôt servi à reconstruire sur l’ancien site, potentiellement inondable.

A cela s’ajoute, la réalisation par la Croix rouge, la fondation Intermon Oxfam, l’Union européenne, d’ouvrages d’assainissement et des points d’approvisionnement en eau potable. Le maire de la commune de Bama, Siaka Sanou, apprécie à leurs justes valeurs tous ces efforts, mais reste néanmoins sur sa faim : “nous avons convenu de quitter le site du secteur 1 si les infrastructures suivent sur le nouvel emplacement, mais la commune est très jeune et ne dispose pas de moyens pour faire un lotissement. Les gens ont donc été contraints de rester sur place en attendant que les promesses de lotissement des autorités se concrétisent”.

Les dossiers de Bama seraient à l’étude à la direction régionale de l’urbanisme des Hauts-Bassins à Bobo-Dioulasso alors que la seule aide qui vaille, selon les autorités communales de Bama, est un lotissement qui leur permettra de libérer le site marécageux à problèmes. Le concours de la Haute Vienne, département français partenaire de la commune de Bama, qui a permis de se doter d’une radio communautaire (voir encadré) et d’ouvrir des caniveaux de fortune (canalisations non consolidées avec du ciment, qui commencent déjà à s’éroder et à s’élargir sous la pression de l’eau) paraissent insuffisants. A l’entame de la saison pluvieuse, les Bamalais ont préventivement curé les conduits, envahis par les herbes, pour éviter un “remake” du sinistre de 2007. Malgré ces précautions, le quartier n°1 est en sursis et les habitants, qui ont réuni, à leur corps défendant, les conditions du sinistre confient “vivre dans la hantise permanente” d’un envahissement des eaux.

Mahamadi TIEGNA
camerlingue78@yahoo.fr


Radio “Bama Pilè”, pour résoudre les problèmes de communication dans la commune

Elle ne dispose pas encore de fréquence pour émettre, mais, “la voix” de Bama impressionne déjà par la qualité des équipements acquis grâce à leur partenaire de la Haute-Vienne, en France et Radio France internationale (RFI), la radio “Bama Pilè” (littéralement communications de Bama en langue bobo) est présentée par les autorités comme une des fiertés de la commune. Installée dans l’enceinte de l’ancien Centre de santé et de prévoyance sociale (CSPS) de la ville, rénové et insonorisé, les équipements se composent d’un émetteur d’une portée 40 kilomètres à la ronde, un studio de diffusion semi-numerisé et un studio de diffusion.

Avant même le démarrage effectif de ses émissions “Bama pilè” a enregistré deux groupes musicaux de Bobo-Dioulasso. Il s’agit de “Kita ...” et “N’Gami Gnouma”. Côté personnel, la commune a déjà le soutien de Vincent Gnoumou, venu partager son expérience de plusieurs années à la radio Savane FM de Ouagadougou. En tant que radio communautaire, “Bama pilè”, sera animée par des bénévoles et gérée par un comité de gestion déjà opérationnel. A terme, le maire Siaka Sanou veut en faire “un outil de travail pour les populations".

M.T.

Sidwaya

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