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Bogodogo : Le nouveau maire va-t-il s’en sortir ?

Publié le mardi 12 août 2008 à 12h01min

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Deux mois après son élection à la tête de la mairie de Bogodogo, le nouveau maire, Henri Sandaogo Kaboré, vient d’entamer des rencontres avec les populations de son arrondissement. Objectif : trouver une solution aux problèmes graves qui bloquent les lotissements depuis un certain temps.

Le dimanche 3 août dernier, il est allé à la rencontre des populations du secteur 28. Dans ce secteur où les lotissements évoluent dans un contexte difficile, et qui se sont finalement soldés par un blocage total, le nouveau maire a tenu à exprimer sa préoccupation, qui est la recherche de solutions par un contrôle rigoureux sur le terrain.

Etant un maire qui a dans ses mains un héritage empoisonné, il ne cache pas sa déception compte tenu du camouflage qui avait été mis en place pour nuire à certains et pour se remplir énormément les poches. Dans cet arrondissement à problèmes, longtemps marqué par des détournements de parcelles, où la contestation risque d’être vive, l’héritier désigné de Mme Drabo va-t-il réellement s’en sortir ?

Fin décembre. C’est le délai que le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, a accordé aux autres maires des différents arrondissements de la capitale pour s’acquitter des missions qui leur incombent dans les questions de lotissements.

Ce délai, pour un homme qui cultive un optimisme prudent, le maire de Bogodogo l’a jugé insuffisant. Cet homme n’ignore pas les problèmes qui bloquent jusque-là les lotissements dans son arrondissement et qui avaient contraint son prédécesseur, Mme Drabo, à jeter l’éponge pour se réfugier à l’Assemblée.

Mais pour un homme qui se dit confiant et qui a sa stratégie de gestion de la chose communale, il compte prendre les dispositions nécessaires pour qu’à la date-butoir une plus grande partie de sa mission soit accomplie. Contrairement à son prédécesseur (critiqué pour sa gestion liberticide), qui avait été obligée d’abandonner, M. Kaboré a préféré prendre le taureau par les cornes. Ce qui est sûr, pour tenir ce pari, le maire est allé à la rencontre des populations du secteur 28.

Arrivée ce dimanche 3 août à 16 heures au dispensaire de la Trame d’accueil, où l’attendait déjà une foule nombreuse, le maire était accompagné d’une forte délégation, dont le député Salif Tiemtoré, les conseillers de l’arrondissement de Bogodogo et bien entendu des autorités coutumières.

Vu cette présence remarquée des bonnets rouges (sept au total), on peut dire que le nouveau maire connaît déjà ses partenaires sur le terrain. Tout ce beau monde se dit prêt à l’accompagner dans sa mission. Le député Salif, qui n’est plus un inconnu au sein de la population, a, d’entrée de jeu, brossé l’objet de la rencontre avant de passer la parole au maire Sandaogo.

Pour un maire qui dit être préoccupé par les problèmes graves de son arrondissement, il est revenu sur le cas du secteur 28 pour lequel son prédécesseur, Mme Drabo, qui se voulait prudente, a préféré laisser les choses intactes pour éviter de mettre de l’huile sur le feu.

Henri dira que le secteur 28 est le plus vaste et le plus peuplé. Selon lui, en termes de peuplement, il dépasse largement l’arrondissement de Sig-Noghin. Dans ce contexte où certains tenaient à se faire une immense fortune, les problèmes étaient inévitables.

Dans son arrondissement à problèmes, où des exemples de camouflage de parcelles sont monnaie courante depuis 1995, Sandaogo est revenu sur le cas du cafouillage qui avait été mis en place, à la faveur de graves complicités sur le terrain. Dans ce cafouillage, des murettes, des arbres et même des cloches ont reçu des numéros. Et c’est tout cela qui a compliqué la situation.

Par la suite, monsieur Kaboré est allé, chiffre à l’appui, dire que sur 53 000 inscrits, 18 000 parcelles seulement sont disponibles. Pour toutes ces réalités, le maire qui a brisé enfin le silence de son prédécesseur, n’a pas manqué de faire comprendre aux populations que dans son arrondissement, il n’y a plus d’espace.

Ce qui ne veut pas dire non plus que ceux qui le méritent n’auront pas des parcelles, mais pour décanter la situation, il a trouvé la solution, qui consiste à effectuer un contrôle rigoureux sur le terrain et à demander des espaces ailleurs. Telle est la stratégie du maire actuel. En réalité, dans cet secteur, les plus méritants ont été les plus grands perdants.

La preuve est que parmi toutes ces victimes, les 2/3 de résidents attendent toujours la publication de la deuxième liste. En plus de cela, Henri Sandaogo Kaboré est revenu sur la situation des PT (Propriétaires terriens) ; il s’agit de résidents réels qui ont droit à une parcelle, mais dont le sort dépend des propriétaires terriens.

Selon le maire, une liste complète de plus de 800 numéros avait été déposée à la mairie. Le motif avancé pour justifier cette mise en quarantaine de toutes ces victimes, qu’on appelle là-bas les immigrants de l’intérieur, est que ces dernières ont vendu leurs parcelles et n’ont plus droit à rien.

Mais aujourd’hui, heureusement, cette affaire des PT n’est plus un problème grâce à l’intervention du chef de Taabtinga, qui s’est opposé à cette mesure antisociale. Il faut dire que ce chef, dans son combat pour la paix et la justice sociale, est parvenu à ses fins. Mais, malgré tout, ces derniers n’ont toujours pas versé le moindre centime.

S’agissant des différentes catégories de résidents, on peut noter : RR (Résident réel), PNR (Propriétaire non résident), NCH (Nouvelle construction habitée), qui ont servi d’identification.

Pour la résolution de la situation, le maire dira que le combat n’est l’œuvre du seul maire de Bogodogo, mais concerne aussi les populations, et c’est pourquoi pour un homme qui entend opérer toutes les initiatives salutaires, il a exhorté chacun, à apporter sa contribution, c’est-à-dire à solliciter des espaces dans les autres localités proches de Ouagadougou où il est certain de bénéficier d’un secours des chefs coutumiers ou de leurs amis. Mais ce n’est pas sûr que tout ce beau monde ait saisi la portée de ce message du maire de Bogodogo.

En tout cas, ceux qui ont été surpris par les propos du nouveau maire ont regagné leur maison avec le sentiment que la rencontre a accouché d’une souris. « Comment à la dernière minute, un maire peut-il compter sur ses administrés pour résoudre ses tas de problèmes de Bogodogo si ce n’est pas pour annoncer une démission comme son prédécesseur ? ».

Ces propos d’une victime, visiblement déçue, traduisaient le désespoir qui s’est emparé de la population au moment où le maire Kaboré s’apprêtait à quitter les lieux. Alors, notre maire Henri Sandaogo Kaboré a-t-il réellement cette chance de pouvoir s’en sortir ? On attend de voir la suite !

Lankoandé Atina

L’Observateur

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