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Baworo Seydou Sanou, gouverneur du Centre-Ouest : "La gestion durable des forêts assure la satisfaction des besoins "

Publié le jeudi 31 juillet 2008 à 10h57min

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Baworo Seydou Sanou

Chaque année et ce, depuis 1972, la communauté internationale commémore la Journée mondiale de l’environnement et bien d’autres journées telles la Journée mondiale de la diversité biologique et la Journée mondiale de la lutte contre la désertification. Au Burkina Faso, ces journées sont célébrées dans les régions selon une organisation interne. Au Centre-Ouest, le gouverneur Baworo Seydou Sanou s’est profondément impliqué dans les différentes activités.

Le 21 juillet dernier et dans la suite logique de l’attention particulière qu’il accorde aux questions environnementales de sa région, il s’est rendu à la pépinière régionale en compagnie du directeur régional de l’Environnement et du Cadre de vie, Adama Doulkoum pour constater de visu la capacité réelle de sa région en matière de production de plants. Nous avons profité de l’occasion pour nous entretenir avec lui sur sa politique en matière d’environnement au profit de sa région.

Sidwaya (S) : M. le gouverneur, vous êtes fortement impliqué cette année dans la commémoration de la Journée mondiale de l’environnement dans la région du Centre-Ouest, qu’est-ce qui vous a en fait motivé ?

Baworo Seydou Sanou (BSS) : La Journée mondiale de l’environnement est une initiative de l’Assemblée générale des Nations unies, instituée depuis 1972, afin de marquer l’ouverture de la conférence de Stockholm sur l’environnement. C’est une importante journée pour susciter une plus grande prise de conscience envers l’environnement. Depuis lors, la Journée mondiale de l’environnement est célébrée le 5 juin de chaque année. Notre pays, à l’instar des autres pays du monde, commémore donc cette journée. La région du Centre-Ouest ne pouvait rester en marge de cette importante manifestation. Nous nous devons de la célébrer à notre manière. Il faut rappeler qu’en plus de cette journée, d’autres journées consacrées aux problèmes de l’environnement sont également célébrées. Il s’agit de la Journée mondiale de la diversité biologique célébrée le 22 mai de chaque année et celle de la lutte contre la désertification que nous marquons le 17 juin.

S. : Pouvez-vous nous rappeler les thèmes de ces différentes journées et ce que vous en pensez ?

BSS : Comme vous l’avez du reste suivi lors de l’intervention du ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, la communauté internationale, pour commémorer ces journées a choisi cette année de réfléchir sur plusieurs thèmes que sont : « La diversité biologique et l’agriculture » pour la Journée internationale de la diversité biologique ; « Non à la dépendance ! Pour une économie à faible émission de carbone » pour la Journée mondiale de l’environnement et enfin, « Lutter contre la dégradation des terres pour une agriculture durable » pour ce qui concerne la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse.

Dans notre région et pour l’ensemble du pays, les activités humaines ont des conséquences souvent négatives sur les écosystèmes. L’agriculture en est un exemple très illustratif. Aujourd’hui, les pratiques agricoles actuelles sont responsables d’un recul rapide de la biodiversité. C’est pourquoi la Journée internationale de la biodiversité met en lumière l’importance d’une agriculture qui soit durable. Celle-ci tient non seulement compte de la biodiversité, mais s’assure que nous serons en mesure de continuer de produire pour nourrir la population, de maintenir les moyens de subsistance agricole et d’améliorer le bien-être humain dans le futur. Vue sous cet angle, la diversité biologique est une richesse indispensable au développement et à la sécurité, c’est-à-dire que non seulement le bétail et les cultures productives, mais aussi les milliers de plantes et d’animaux des forêts et de tous les autres habitats, doivent être protégés si l’on veut maintenir l’équilibre de l’environnement mondial. Les manifestations pour cette journée sont axées sur les solutions et les opportunités pour les pays, les industries et les communautés de modifier les comportements en vue de parvenir à des économies et styles de vie à faible émission de carbone. L’accent est également mis sur le rôle des forêts pour contrer l’augmentation des gaz à effet de serre.
Comme vous le savez, environ 20% d’émissions de gaz contribuant au changement climatique est globalement une conséquence du déboisement.

La partie Sud de notre région, de par son potentiel en ressources cet forestières est sujette de nos jours à de fortes pressions qui fragiliseront l’équilibre écologique de la région et même du pays si des mesures de protection ou de gestion plus rationnelle ne sont pas mises en œuvre dès maintenant.
S’agissant de la désertification, la manifestation de l’engagement international et de la solidarité mondiale dans le combat contre ce phénomène est salutaire. La dégradation des terres a des impacts négatifs certains sur nos systèmes de production et de notre économie, mais aussi sur les écosystèmes (destructions du couvert végétal, disparition de la biodiversité, etc.). En somme, la désertification est un phénomène qui sape considérablement nos efforts de développement. Il faut à tous les échelons de la production, changer de comportement, notamment certaines de nos pratiques qui favorisent la désertification. Elles ont pour noms les feux de brousse, le caractère extensif de l’élevage, l’exploitation abusive des ressources forestières. Cette journée est également une occasion pour attirer l’attention des populations sur leur responsabilité dans la gestion des ressources naturelles et la protection des plantations.

S. : Comment appréciez-vous les actions qui ont été menées dans votre région en marge de toutes ces activités ?

BSS : Ces journées dans notre région ont été marquées par plusieurs activités ; des manifestations sont prévues et vont s’étendre pendant toute la durée de la campagne de reforestation. Nous avons, avec la direction régionale de l’Environnement et les autres acteurs, défini une feuille de route pour l’ensemble des manifestations : campagne médiatique à travers la réalisation d’émissions-radio, diffusion de spots publicitaires pendant toute la durée de la campagne, pose de banderoles de sensibilisation, conférences publiques sur l’écocitoyenneté, organisation d’une journée de ramassage de sachets plastiques, reverdissement des artères, de lieux de cultes, des casernes, de la Maison de la femme, organisation d’un concours de meilleur cadre de vie avec les services de la région...
Je pense que ces activités sont bien menées.

S. : Mais il vous faut suffisamment de plants et bien d’autres moyens pour tout cela ?

BSS : C’est exact, nous venons d’effectuer des sorties dans des pépinières individuelles, collectives mais également dans des unités de production en régie, c’est-à-dire gérées par nos services forestiers. Au total, plus de 650 000 plants seront produits pour les besoins de reforestation de notre région, durant la présente campagne. L’accent sera surtout porté sur les espèces locales et une attention particulière est mise vers la protection, la conservation et l’utilisation rationnelle des ressources dans une vision prospective à travers trois options :
l’implication et la responsabilisation des acteurs dans le contexte de la décentralisation, l’intégration de la foresterie dans le développement rural en termes d’aménagement et de gestion au niveau des productions agricoles, pastorales et forestières, de génération d’emplois de revenus en milieu rural, parce qu’il faut lutter contre la pauvreté. Du reste, le cadre stratégique régional de lutte contre la pauvreté a défini l’environnement comme axe prioritaire.

S. : M. le gouverneur, vous avez effectivement effectué une sortie à la pépinière régionale à Salbisgo, quelle appréciation faites-vous des efforts des services de l’Environnement et quelle politique allez-vous mener pour impliquer toute la population de la région dans la campagne de reboisement ?

BSS : Ça été un très grand plaisir pour moi d’aller voir la pépinière en question, tenue par le service régional de l’Environnement. Vous savez très bien qu’on ne peut pas être dans le respect des engagements de la communauté internationale, à marquer une Journée de l’environnement et de lutte contre la désertification, si effectivement ces actions ne sont pas sous-tendues par une disponibilité des plants. Et ce que j’ai vu à la pépinière me donne satisfaction et me rassure de notre capacité à conduire une bonne campagne de reboisement en cette période. Je ne peux donc que féliciter le personnel du service de l’Environnement qui fait du bon travail. En plus de cette pépinière, il y a beaucoup d’autres initiatives dans les provinces de la région qui produisent également des plants si bien que la région peut assurer tous les besoins en plants. Aux populations de la région, je pense bien que la sensibilisation est en train de s’effectuer et ça se passe très bien puisqu’elles ont massivement adhéré à la campagne de reboisement qui est en cours.

S. : Vos intentions sont louables, monsieur le gouverneur, mais comment parvenir à inverser la tendance ?

BSS : Comme je l’ai déjà signalé, les formations naturelles de notre région renferment toute une variété d’habitats et d’écosystèmes avec une grande diversité d’espèces végétales et animales, caractérisées aussi par une forte endémicité. Malheureusement, les différentes interventions et pressions des activités humaines ont fortement diminué la couverture initiale des forêts naturelles. La conservation de cette diversité biologique des écosystèmes est hautement prioritaire mais ne devrait pas aller à l’encontre des intérêts du développement économique, dans la mesure où leur préservation et leur gestion durables sont convenablement assurées.
Du reste, ces forêts et les surfaces boisées (dont certaines sont des plantations) contribuent de façon significative au développement économique et à la qualité environnementale de la région du Centre-Ouest. Cependant, des activités liées à la foresterie et à l’utilisation abusive des produits forestiers constituent toutefois des facteurs de pression, entraînant la dégradation des terres et la réduction des ressources naturelles renouvelables.
Pour les moyens, il faut dire que nous sommes accompagnés par des partenaires dont le PNGT2 dans le domaine de la gestion des terroirs, le Projet d’appui au secteur de l’énergie (PASE), les collectivités territoriales, les ONG et les associations de développement de la région.
En application du concept de développement durable, l’aménagement basé sur la gestion durable et intégrée des forêts peut permettre d’assurer la satisfaction des besoins actuels et futurs des populations, l’équilibre écologique et le développement économique de la région

S. : Un appel monsieur le gouverneur ?

BSS : Bien entendu, une forte mobilisation de tous les acteurs sous le signe de l’écocitoyenneté est indispensable pour réussir la campagne de reforestation 2008.
Vous savez, la promotion de l’éco-citoyenneté vise à cultiver le sens d’une responsabilité individuelle et collective des citoyens en vue de susciter leur participation active et consciente dans la gestion durable des ressources naturelles et le développement de comportements positifs pour un environnement sain et de qualité. La Journée mondiale de l’environnement est l’affaire de tous et la mise en œuvre de notre feuille de route nécessite la participation de tous les acteurs : les responsables des administrations, les services techniques, les associations de jeunes, les femmes, les élus locaux, les communautés de base, les leaders d’opinion.
Nous ferons en sorte que les journées et la campagne de reforestation dans la région du Centre-Ouest contribuent de façon positive à faire changer nos comportements vis-à-vis de l’environnement

Entretien réalisé par François KABORE
(AIB-Koudougou)

Sidwaya

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