ciel est lourd, mais le chef de canton des Bobo, El Hadj Yacouba M’Pa Sanou au premier rang des invités à l’installation du nouveau gouverneur des Hauts-Bassins, ne semble pas perturbé outre mesure. Une foule nombreuse massée tout au long de la voie avec des curieux, juchés dans les arbres ou sur les toits, attendait au rythme des sonorités distillées par une brochette d’artistes, le moment solennel.

Il est 10 heures. Une salve de fusils traditionnels des chasseurs dozos annonce l’arrivée du gouverneur, Témai Pascal Benon en compagnie du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Pengwendé Sawadogo. La cérémonie peut alors débuter. Le maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Salia Sanou, en tenue traditionnelle bobo des grands jours, ouvre la série d’interventions, au nom “des hommes et des femmes issus d’horizons divers et variés” dont le nouveau gouverneur a désormais la charge. Il a souhaité que Témai Pascal Benon tire le meilleur de cette diversité pour en faire un pilier d’excellence.

Salia Sanou s’est “incliné” devant M. Benon en le qualifiant d’homme ayant “le profil de l’emploi, les vertus de la responsabilité et les qualités de la charge” pour relever les défis du rayonnement des Hauts-Bassins. Port sec, barrage de Samendéni, gare et aéroport internationaux, hôpital pédiatrique, bitumage de l’axe Bobo-Dédougou sont, entre autres, les priorités de la région. Et il revient au gouverneur, dépositaire de l’autorité de l’Etat dans les Hauts-Bassins, d’assurer la “coordination efficiente” de toutes ces activités, selon le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément P. Sawadogo.

Celui-ci a évalué le travail des gouverneurs en général depuis leur apparition dans le paysage institutionnel en 2005. Il a ainsi évoqué la meilleure harmonisation de la décentralisation des services de l’Etat, le renforcement de leurs capacités et de la coordination efficiente de leurs activités, l’accompagnement du processus de décentralisation entamé depuis 1993. M. Sawadogo a par ailleurs félicité le gouverneur sortant, Mathieu Bêbrigda Ouédraogo pour sa dextérité, sa loyauté et son engagement sans failles pour la cause de la région durant ses quatre années passées dans les Hauts-Bassins. Avant de procéder à l’installation de Témai Pascal Benon dans ses fonctions de gouverneur de la région des Hauts-Bassins, le ministre lui a rappelé les missions qui lui sont dévolues en tant que représentant du gouvernement et de chaque ministre.

Investi, le représentant régional de l’Etat a reçu les félicitations de sa famille, de ses anciens collaborateurs, des opérateurs économiques, des fils, des élus, ainsi que des autorités administratives, coutumières, religieuses, militaires et paramilitaires de la région. Témai Pascal Benon, la voix nouée par l’émotion, a rendu un hommage appuyé à son prédécesseur et décliné les grandes orientations de sa mission dans les jours à venir. Il a notamment invité les opérateurs économiques à s’impliquer dans l’organisation du Forum économique de l’Ouest “qui se tiendra dans les tous prochains mois”. Enfin le nouveau gouverneur des Hauts-Bassins a souhaité une bonne campagne agricole aux populations de la région.

Mahamadi TIEGNA
camerlingue78@yahoo.fr

Qui est Témai Pascal Benon

Témai Pascal Benon, 56 ans, est un administrateur civil formé à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) du Burkina. Ce “Gourounsi de Léo” a eu un cursus scolaire et universitaire étoffé, qui l’a conduit de Ouagadougou à Dijon en France en passant par Zorgho, Fada N’Gourma, Ouahabou et le Lycée municipal de Bobo-Dioulasso. Entre la gastronomie burkinabé et les saveurs des spécialités bourguignonnes, le parcours du nouveau gouverneur des Hauts-Bassins a été couronné d’une maîtrise en droit public, un DEA en sociologie politique, du diplôme de l’ENA et de celui de l’Ecole supérieure d’informatique. Nanti de cette solide formation, c’est en technicien qu’il a fréquenté plusieurs cabinets ministériels. C’est ainsi qu’il a été de 1987 à 1996, secrétaire général du ministère de la Fonction publique, puis du département de l’Administration territoriale et de la Décentralisation où il a aussi occupé le poste de directeur des études et de la planification.

Il a dirigé auparavant, l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) de 1984 à 1986, puis la préfecture de Kongoussi. Après un passage à l’inspection générale d’Etat, cet ancien membre du Conseil national du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, le parti au pouvoir), est élu député de sa Sissili d’origine à l’hémicycle en 1997. Du 30 juin 2004 à sa récente nomination, Témai Pascal Benon a été gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun. Il préside désormais aux destinées de la région voisine, c’est-à-dire les Hauts-Bassins où il remplace Mathieu Bêbrigda Ouédraogo.
Qualifié par ses collaborateurs d’un homme aimant le travail, très exigeant et disponible, le nouveau gouverneur des Hauts-Bassins est de confession catholique, marié et père de deux enfants.

M.T
Source : www.petiteacademie.gov.bf

Grands chantiers économiques des Hauts-Bassins : Le nouveau gouverneur, très optimiste

“La région est confrontée à des difficultés d’ordre économique, social. Mais le plus important est que ceux qui résident ici, représentants des populations, ressortissants ou services techniques déconcentrés de l’Etat mettent leurs efforts en commun pour relever tous ces défis.

En tant que gouverneur, seul je ne peux pas venir à bout des difficultés. Je compte donc sur les élus, les personnalités, la société civile, les populations pour conduire la barque de la région à bon port. Je vais donc faire le tour de tous les services de l’Etat. Je vais rencontrer l’ensemble des élus, les partis politiques, les organisations de la société civile que j’ai déjà commencé à recevoir. Je serai fréquent à l’intérieur de la région parce que j’aime beaucoup me déplacer pour voir tous ceux qui sont en mesure d’apporter leur contribution au développement de la région.

Je voudrais qu’en partant, on ait l’impression que j’ai été une sorte de facilitateur dans les actions de développement de la région. Il faut mettre l’accent sur la concertation, c’est fondamental. Lorsqu’il y a des manifestations (NDLR : allusion aux violentes manifestations des 20 et 21 février 2008 contre la vie chère à Bobo-Dioulasso), c’est que quelque part, quelque chose a manqué. Généralement, c’est parce qu’on ne s’est pas parlé. Je vais mettre l’accent sur les échanges et cela devrait marcher sans problèmes.

Il y a des projets très importants, tels le port sec de Bobo, le barrage de Samendéni, mais nous allons au rythme des gens, sans les bousculer, lentement et sûrement. Je suis particulièrement quelqu’un de très optimiste, je positive toujours. Je me dis que ça devrait marcher”.

Propos recueillis par Mahamadi TIEGNA

Sidwaya