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Gourcy : La mosquée de tous les soucis

Publié le jeudi 3 juillet 2008 à 10h17min

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On se rappelle le vendredi 20 mai 2005, les fidèles musulmans n’ont pas eu accès à la grande mosquée de Gourcy. Contestant le titre d’Imam à El Hadj Ousséni Ouédraogo après le décès de leur frère Noufou Mandé qui portait ce titre, les Mandé (d’ethnie Yarga) sont allés se positionner à l’intérieur de et aux alentours de la mosquée pour empêcher celui-là qu’ils qualifient d’usurpateur de diriger la prière.

Redoutant un affrontement, les autorités provinciales et communales ont fait appel aux forces de l’ordre. Celles-ci sont venues disperser les contestataires tout en procédant à la fermeture de la mosquée. Depuis lors, plusieurs tentatives de rapprochement des deux clans ont été initiées par de hauts dignitaires du monde musulman du Burkina afin de permettre l’ouverture de la mosquée. Les deux parties ne s’étant pas encore tendu la main, les portes de la mosquée sont toujours closes. De passage à Gourcy le dimanche 22 juin dernier, nous nous sommes entretenu avec des représentants de chacun des deux clans rivaux pour savoir l’état d’esprit qui les anime.

Des hauts dignitaires musulmans qui ont tenté de prôner l’entente entre les frères de Gourcy en vue de l’ouverture de la mosquée, on peut citer, entre autres, le Cheik Aziz Ouédraogo de Tansalga (dans la province du Lorum).

Le jeudi 08 mai 2008, ce dernier a échangé six (06) heures durant (de 14 h à 20h) devant la grande mosquée avec les fidèles musulmans de la ville.

Il a prêché la bonne entente et l’unité entre les partisans de la religion musulmane à Gourcy. Après lui, ce fut au tour d’un autre grand Cheik, Soufi Moaze de venir le samedi 14 juin 2008, de prêcher pour la réconciliation des protagonistes de la crise à Gourcy.

A Ouagadougou également, les grands adeptes de la religion musulmane, ressortissants de Gourcy se sont concertés pour faciliter l’ouverture de la mosquée.

Pour ne citer que les récentes interventions, il convient de préciser qu’avant la fermeture de la mosquée, les bagarreurs avaient fait le tour chez les autorités provinciales, et coutumières de Ouahigouya et de Gourcy.

Le Cheik de Ramatoulaye avait aussi placé son mot. Toutes ces tentatives sont restées vaines. Les risques d’affrontement étaient manifestes ce vendredi 20 mai 2005 si les forces de sécurité et les autorités politiques et administratives n’avaient pas intervenue à temps.

N’ayant plus accès à la grande mosquée, chaque clan s’est choisi une mosquée dans la ville pour tenir sa prière de vendredi en attendant une éventuelle ouverture de la grande mosquée. Mais qui prendrait ce risque, si ceux qui sont à l’origine se regardent toujours en chien de faïence ?

L’autorité communale ne semble pas vouloir se prêter à ce jeu. Elle attend donc que les clans opposés lui fassent la preuve de leur réconciliation par le choix d’un Imam de commun accord.

La proposition des Mandé

« Nous souhaitons que la communauté musulmane au plan national nous aide à sortir de la crise en choisissant une personne neutre, qui ne soit ni proche des Mandé, ni proche du groupe de El Hadj Ousséni Ouédraogo, comme Imam de la grande mosquée » ont signifié les représentants des mandé. Pour eux, les propos distillés par El Hadj Ousséni Ouédraogo et qui affirment que les Mandé ont dit qu’ils ne se courberaient pas derrière un Moaaga pour prier sont archifaux, et n’engagent que son auteur.

Pour leur avoir attribué de tels propos divisionnistes et mensongers, El Hadj Ousséni Ouédraogo, selon ses pourfendeurs ne serait pas l’homme indiqué pouvant apporter l’entente au sein de la communauté musulmane. Ses contestataires l’accusent d’avoir été à l’origine d’une première division au sein de la communauté au moment de la construction de la grande mosquée, il y a de cela 25 ans.

Les portes-parole des Mandé, notamment Mahamoudou Mandé, Soumïla et Salifou Mandé sont, on ne peut plus clairs. Ils ne tiennent pas à ce que le successeur de leur frère défunt, Moumini Mandé sorte de leur lignée. Mais ils resteront intransigeants si leur rival d’hier continue de vouloir s’imposer.

« Nous sommes partants à n’importe quel moment pour des discussions pour le choix d’une personne autre que El Hadj Ousséni Ouédraogo. Il faut un rassembleur respecté des différentes parties qui pourraient panser les plaies de la division pour que la communauté musulmane de Gourcy retrouve toute sa sérénité d’antan » plaident les gourous de l’aile contestataire.

"Je suis victime d’un mauvais procès"

Entouré de ses fidèles, El Hadj Ousséni Ouédraogo, jure la main sur le cœur qu’il est victime d’un mauvais procès. Il dit ne pas comprendre cette attitude des Mandé à son encontre. Des gens avec qui, il s’entendait du vivant de leur frère imam. Ce dernier lui avait confié le bâton d’Imam au moment où il ne jouissait plus de ses forces. C’est lui Ousséni qui a conduit la prière pendant plus d’une année. A l’entendre, son titre d’Imam actuel viendrait de la volonté du défunt et aussi d’une entente tacite entre les membres de la communauté musulmane de Gourcy.

Au moment de la nomination de l’ancien Imam, ses successeurs pour ne pas dire ses adjoints, au nombre de trois (03) auraient été identifiés. Deux des prétendants ont répondu à l’appel de Dieu. Après donc le décès du frère des Mandé, c’est à lui El Hadj Ousséni Ouédraogo que le titre d’Imam revient de droit. Et le bureau de la communauté musulmane dont il est le premier responsable n’a rien trouvé à redire. Un bureau dont les Mandé contestent la légalité et le pouvoir à désigner un Imam.

« C’est la même communauté musulmane qui a accordé le titre d’Imam au défunt Noufou Mandé ; je ne comprends pas pourquoi les Mandé contestent sa légalité » rétorque El Hadj Ousséni Ouédraogo. Celui-là qui se réclame président de la communauté musulmane et Imam de la grande mosquée de Gourcy dit avoir toutes les prérogatives et les bénédictions de ses pairs pour exercer son pouvoir.

« Je n’entends pas céder à un quelconque chantage » martèle-t-il. Le guide contesté et son groupe disent se fier à une feuille de route concoctée par la communauté Tidanya à Ouagadougou où le profil d’Iman de la mosquée de Gourcy est bien clair. Cette feuille de route aurait été soumise aux autorités provinciales et communales.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que la grande mosquée reste fermée. A son temps, le risque d’affrontement était manifeste. C’est pourquoi un comité de crise composé du haut-commissaire, du maire de la commune, des forces de sécurité, a décidé de la fermeture de la mosquée » explique Dominique Ouédraogo, le maire de Gourcy.

A sa session ordinaire du samedi 28 juin 2008, la question sur l’ouverture de la mosquée était inscrite à ordre du jour du conseil municipal. Les conseillers ont pris connaissance du contenu de deux correspondances.

La première écrite par le président de la communauté Tidanya, le Cheick de Ramatoulaye, Aboubacar Maïga II, datée du 13 mai 2008 et adressée au haut-commissaire, demandait l’ouverture de la mosquée.

Jugeant que le sujet relève de la compétence de la municipalité, le représentant de l’Etat au Zondoma a remis la patate chaude dans les mains des autorités municipales, compte-tenu de la délicatesse du sujet, à travers une correspondance datée du 21 mai 2008.

Se conformant à l’article 12 du code général des collectivités territoriales, le conseil municipal de Gourcy a décidé de la mise en place d’un organe consultatif comprenant un conseiller de chacun des cinq secteurs de la ville de Gourcy, des représentants de la communauté chrétienne et du mouvement Sunnite.

Ladite structure aura pour mission de rencontrer les parties en conflit afin d’aboutir à des propositions consensuelles, permettant d’ouvrir la mosquée dans un climat apaisé.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur

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