La ville de Kaya, chef-lieu de la province du Sanmatenga et de la région du Centre-Nord, s’est réveillée jeudi 28 juin 2008 dans la stupeur. Et pour cause ? Le poumon économique de la capitale était en proie à des flammes. Sidwaya qui a reçu l’information dans le courant de la matinée y a dépêché une équipe. C’est autour de 14 heures que l’équipe est arrive à Kaya. Aux alentours du marché, des commerçants vaquent tranquillement à leurs occupations quotidiennes.

Aucun signe n’indique que les occupants du marché vivent ou ont vécu un drame. Nous faisons le tour pour déceler un ou des indices d’un incendie. Mais rien. Y a-t-il eu vraiment un incendie dans ce marché ?

Nous sommes-nous alors demandé. "C’est à l’intérieur que l’incendie a eu lieu. Prenez cette allée vers le centre ; vous trouverez les boutiques détruites par les flammes…", laisse entendre l’interlocuteur auprès de qui nous avons finalement décidé de nous informer pour avoir le cœur net.

A l’intérieur, les images qui s’offrent à notre vue sont désolantes. Plusieurs boutiques ont subi la furie des flammes. Les décombres sont encore fumantes, par endroits. Des gamins "farfouillent" dans les décombres à la recherche des métaux que les flammes n’ont pas pu dévorer. Seuls les murs tiennent encore debout mais noircis par les flammes à l’intérieur où l’on aperçoit des tas de cendre et de débris. Alaye Ouédraogo est l’une des victimes de l’incendie du marché que nous avons rencontré le premier. Le regard un peu égaré, il était entouré d’un groupe d’amis. Il raconte : "J’ai perdu plus d’une dizaine de millions de F CFA. Je ne sais plus comment reconstituer ce capital que les flammes ont dévoré. Vraiment, je ne sais plus comment. L’avenir est sombre pour moi, très sombre…". Vendeur de vélos et de pièces détachées, il affirme qu’il a été réveillé vers 4 heures du matin par un coup de fil sur son portable. "Quand je suis arrivé, le feu avait déjà pris de l’ampleur. La gendarmerie était là. Rien, rien n’a pu être sauvé. On ne pouvait plus rien faire d’ailleurs…", soutient-il.

Moumouni Sawadogo est propriétaire de trois boutiques. Il vend des tissus, de la dentelle et des machines à coudre. "J’ai tout perdu. Tout a été consumé par les flammes…", a-t-il dit, secouant la tête, l’air triste.

Lazare Ouédraogo, lui, tenait un atelier de couture. "J’ai perdu mes machines et évidemment, tout ce qu’il y avait dans l’atelier. Les habits des clients aussi. Qu’est-ce que je fais maintenant ?", s’interroge-t-il, hébété. Yacouba Sawadogo vend des pièces détachées pour motos et vélos. Il a lui aussi tout perdu dans les flammes. "C’est plus d’une dizaine de millions qui ont été emportés par le feu. J’ai été informé vers 4 heures du matin. Quand le suis arrivé, il était très difficile de s’approcher. N’eut été la présence des gendarmes, certains se seraient jetés dans les flammes…", souligne-t-il.

Lassané Kouanda, le veinard

Lassané Kouanda est sans doute un veinard. Propriétaire de deux boutiques, il vend des vélos et des habits prêt à porter qu’il cousait lui-même, selon ses propres dires. "Il y avait 22 vélos dans les boutiques. Quand je suis arrivé vers 4 heures du matin, le feu avait déjà embrassé toutes les boutiques du bloc. J’étais désespéré. Lorsque le feu a été maîtrisé, j’ai été surpris quand un gendarme est venu m’appeler de venir surveiller mes vélos qui avaient été évacués des boutiques et entreposés hors du marché. Deux des vélos ont été emportés par des voleurs lors du remue-ménage. Seuls les habits sont restés dans les flammes. Grâce à l’action de la gendarmerie et avec l’appui de la population, je n’ai pas subi de perte comme certains. Je suis le seul chanceux. Je rends grâce à Dieu…", note-t-il.

Le président de l’Association des commerçants, Rasmané Sana, lui est très satisfait de la mobilisation de la population et surtout, de l’action de la gendarmerie qui ont permis de maîtriser le feu. "Nous avions fait appel à la brigade des sapeurs-pompiers à Ouagadougou. Mais lorsque nous avons vu que nous pouvions maîtriser l’incendie, nous leur avons demandé de ne plus venir. Heureusement qu’il a plus cette semaine. Si l’incendie s’était déclaré il y a dix jours, nous aurions eu des difficultés pour le maîtriser car Kaya manquait d’eau…", a-t-il souligné. Le maire de Kaya, Mahama Bélemviré, que nous avons rencontré à l’hôtel de ville était très abattu. Il affirme qu’il a été informé de l’incendie d’abord par les radios locales. "C’est vers 5 heures que je suis arrivé au marché.

Les boutiques étaient déjà devenues un brasier. Mais grâce à l’action de la population et des forces de l’ordre, nous avons évité une catastrophe. Les dégâts auraient pu être plus importants car l’incendie a frappé le cœur du marché. Nous déplorons néanmoins la perte de 18 boutiques. Les pertes sont estimés à soixante et un millions cinquante mille ( 61 050 000 ) francs CFA. Le bilan pouvait être plus lourd que cela…", a révélé le bourgmestre de la ville de Kaya. C

et incendie est le deuxième du genre car un autre a eu lieu en janvier 2008. Ce qui fait dire au maire que la ville de Kaya doit avoir une brigade de sapeurs-pompiers. "Mon plus grand souhait est de voir la ville disposer d’une brigade de sapeurs-pompiers afin que nous puissions faire face à des situations de ce genre. Si l’ampleur de l’incendie avait dépassé celle que nous avons vécue, nous n’aurions rien pu faire…", a expliqué le maire. Les causes de l’incendie restent pour l’instant inconnues. Seulement, tout le monde pense que ça pourrait être un court-circuit. "Les enquêtes de la gendarmerie nous situeront, dans les jours à venir, sur les causes de cet incendie qui a emporté les marchandises de plusieurs commerçants dont certains se relèveront très difficilement…", a conclu le maire.