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Reprise des élections municipales : Gounghin à la recherche d’un maire

Publié le mardi 3 juin 2008 à 12h47min

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K. Ferdinand Sandwidi, ex-maire

Les électeurs des 43 villages de la commune rurale de Gounghin, dans la province du Kourritenga, ont été de nouveau appelés aux urnes, en même tant que ceux de 3 autres communes, le dimanche 1er juin 2008, dans le cadre de la reprise des élections municipales. Le vote à Gounghin-centre et dans ses villages rattachés s’est déroulé dans le calme, et les résultats provisoires qui en sont sortis font état de 46 conseillers élus pour le compte du CDP, contre 41 pour le PDP/PS.

Il est 6 h du matin ce dimanche 1er juin 2008 dans la commune rurale de Gounghin (à ne pas confondre avec le quartier "Gounghin" à Ouaga). C’est un dimanche électoral. L’ambiance est bon enfant. Les 43 bureaux de vote , installés (dans des écoles pour la plupart) au niveau des 43 villages de la commune, ouvrent leurs portent. Au total 12 016 électeurs y sont attendus pour élire 87 conseillers municipaux. Seulement deux partis politiques sont en lice : le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS), et le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). 172 agents, en raison de 4 par bureau de vote, sont mobilisés pour officier ces élections. A l’entrée de chaque bureau de vote, sont postés au moins 2 agents de sécurité.

A l’intérieur, on reconnaît facilement les observateurs délégués par les partis politiques en compétition. Dans la matinée, le président de la Commission électorale communale indépendante a dû faire face à quelques difficultés : un premier coup de fil lui annonce l’absence d’un membre de bureau de vote dans un village. Il ordonna le remplacement aussitôt de cet agent. Quelques minutes plus tard, un autre coup de fil évoque l’absence sur la liste électorale dans un autre village, des noms correspondant à des électeurs ayant "Bagré" comme nom de famille. M. Silga s’y rend et constate qu’il ne s’agissait que d’un saut de page. Les noms sont retrouvés et les électeurs concernés ont pu voter. D’autres petits problèmes liés au matériel électoral ont été soulignés par le président de la CECI. Il s’agit, notamment de l’absence de hangar, ce qui a contraint certains bureaux de vote à siéger sous des arbres. En fin de matinée, M. Silga a dit avoir reçu des coups de fil de certains présidents de bureau de vote qui se sont plaints de la qualité de l’encre de vote qui, selon eux, fait que l’empreinte digitale ne reste pas sur le bulletin de vote...

En dehors de ces quelques petits couacs, qui nous ont été rapportés à la CECI, siégeant à la maison des Jeunes, tout semble très bien se passer sur le terrain. "Tout se passe très bien, et pour le moment, nous n’avons pas de difficulté particulière dans la conduite de l’opération de vote", nous confie, en fin de matinée, Z. Hermann Somda, président du bureau de vote N°1 de Natenga. Même son de cloche chez le président Seydou Tiendrebéogo du bureau de vote N°1 du village de Dakoinsin, à quelque 3 kilomètres de Gounghin-centre. C’est d’ailleurs dans ce même bureau de vote que le président du conseil municipal déchu, Kayaba Ferdinand Sandwidi, a, à 8h 27 précises, introduit son bulletin dans l’urne. Il a dit espérer que cette fois sera la bonne.

Car les élections municipales générales du 23 avril 2006 avaient abouti, à Gounghin, à la mise en place d’un conseil municipal dont le fonctionnement a connu un blocus, "en raison de problèmes politiques", selon les termes de l’ex-maire. (lire encadré). Et conformément à la loi, cette situation a été rapportée par le maire, au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, qui a finalement décidé de la dissolution du conseil municipal de Gounghin, en même temps que ceux de 3 autres communes rurales. La reprise des élections le 1er juin 2008, visait donc le renouvellement du conseil municipal de Gounghin. Les 21 jours de campagnes électorales qui ont précédé ce vote extraordinaire se sont déroulés sans heurt, à en croire les meneurs de différents partis politiques. L’opération électorale du 1er juin s’est également bien passée. Reste à espérer qu’il en sera de même pour l’élection du maire. En attendant, les résultats provisoires, tels que rendus par la CECI, font état de 46 conseillers pour le CDP, contre 41 pour le PDP/PS.

En rappel, Gounghin est reparti aux urnes dimanche dernier, en même tant que les communes rurales de Bané dans le Boulgou, Youndé dans le Koulpelogo et Nasséré dans le Bam.

Par Paul-Miki ROAMBA


Résultats provisoires :

Statistiques du vote :

Inscrits : 12 016

votants : 5 836

Taux de participation :

Bulletins nuls : 314

Suffrages exprimés : 5 522

Répartition par parti :

CDP : 2 933 voix, 46 conseillers

PDP/PS : 2 589 voix, 41 conseillers


Les 3 sièges controversés de Natenga

3 des 87 conseillers municipaux à élire dans la commune rurale de Gounghin devraient siéger à Natenga, le village central. "Ce n’est pas du tout normal", proteste l’ex-maire de Gounghin, qui trouve injuste que l’on attribue jusqu’à 3 sièges de conseillers à ce seul village dont la population, selon lui, est numériquement inférieure à celle de bien d’autres villages de la commune à qui on n’a attribué que deux sièges de conseillers. On ne s’en plaint pas par contre du côté du CDP. Selon le candidat Waongo Henri, le gouvernement a décidé de façon souveraine qu’il fallait 3 sièges à Natenga, et il faut s’en tenir à cela.

PMR


Pourquoi a-t-on dissous le conseil municipal de Gounghin ?

Le conseil municipal de la commune rurale de Gounghin, dans la province du Kourittenga, a été dissous par décision du Conseil des ministres en date du 20 février 2008. Cela, suite à un rapport écrit et signé de l’ex-maire, K. Ferdinand Sandwidi, qui a rendu compte au MATD du blocage dans le fonctionnement de son conseil municipal. Les raisons de ce blocage sont diversement évoquées, dans les lignes qui suivent, par des représentants des deux principaux partis politiques, le CDP et le PDP/PS, qui sont repartis, dimanche dernier, à l’assaut des 87 sièges de conseillers dans cette commune rurale qui a ainsi accusé 2 années de retard par rapport à la grande majorité des communes rurales nées des municipales d’avril 2006.

Kayaba Ferdinand Sandwidi (ex-maire de Gounghin, tête de liste PDP/PS)

"On nous a enlevé un conseiller"

Le Pays : Pourquoi l’ex-conseil municipal de Gounghin que vous présidiez a-t-il été dissous ?

Le conseil municipal de Gounghin a été dissous essentiellement en raison de problèmes politiques. En 2006, nous (ndlr : PDP/PS) avons eu 39 conseillers tandis que le CDP en avait 45. Au niveau du CDP, on n’a pas digéré le fait que malgré les 45 conseillers qui constituent la majorité, la direction de la mairie ait été remportée par le PDP/PS. Les responsables locaux du CDP en ont fait un problème et ont demandé aux conseillers de ne pas travailler avec le maire que j’étais. C’est ce qui a causé le blocage qui a abouti à la dissolution du conseil municipal.

Et comment expliquez-vous le fait que vous ayez pu être élu maire en dépit du nombre inférieur de conseillers qu’avait votre parti par rapport au CDP ?

Vous savez sans doute que le vote du maire se fait par les conseillers et à bulletins secrets. Chaque candidat choisit une couleur donnée et les conseillers votent. Le candidat qui a le plus de voix est élu maire. C’est exactement comme ça que les choses se sont passées ici. Candidat du PDP/PS, je m’en suis sorti avec 45 voix contre 42 pour mon challenger. Cela s’explique par le fait que L’UPR, qui avait obtenu 3 conseillers à l’issue des premières élections, avait décidé, avant même les élections, de soutenir le PDP/PS pour représenter l’opposition au sein du conseil municipal. On était donc déjà 42. Et lors de l’élection du maire, certains conseillers du CDP, qui certainement voulaient ma personne à la tête de la mairie de Gounghin, ont voté pour moi. C’est comme ça que j’ai été élu maire de la commune rurale de Gounghin.

Et après ? Quelle était la situation qui a conduit à la dissolution du conseil municipal ?

Nous avons tout de même tenu des sessions, deux ou trois. Puisqu’on avait chaque fois la majorité nécessaire pour le faire, même si les conseillers CDP passaient leur temps à bouder ces rencontres. Sur les 87 conseillers, il y en avait 44 qui venaient régulièrement aux sessions, jusqu’à ce qu’un jour quelqu’un nous enlève un conseiller qui travaillait régulièrement avec nous. On nous l’a enlevé la veille d’une session pour aller le laisser à Koupèla. Le jour de la session, on s’est donc retrouvé avec 43 conseillers, ce qui fait que le quorum nécessaire pour la tenu de la rencontre n’était plus atteint. C’est de là qu’est parti le blocage.

Qui vous a enlevé un conseiller ?

C’est, bien entendu, quelqu’un du CDP. On se connaît tous ici. C’est le camp du CDP qui avait pris la décision de tout mettre en oeuvre pour déstabiliser le fonctionnement du conseil municipal.

Le conseiller a-t-il été enlevé de force ?

C’est sans doute avec son accord, parce que j’imagine qu’on ne peut pas enlever une personne comme on enlèverait un animal ! Mais... que voulez-vous ? C’est toujours comme ça, surtout lorsqu’il y a des propositions alléchantes ! En plus, il est évident qu’un paysan n’a pas la même capacité d’analyse qu’un intellectuel !

Ce blocage a eu pour conséquence la dissolution du conseil municipal. Comment avez-vous accueilli cette décision du gouvernement ?

Je dois avouer que j’étais moi-même plus ou moins partant pour qu’on dissolve le conseil municipal. J’avais rendu compte du blocage par un rapport écrit adressé au ministère de l’Administration territoriale. Mais il reste entendu que ce n’est pas de gaieté de coeur que l’on accueille la dissolution d’un conseil, parce qu’on sait que ça met en retard. Par exemple, ça fait 3 à 4 mois que tout est bloqué dans notre commune. On ne peut même plus établir de pièce d’état civil dans la commune depuis la dissolution.

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA


HENRI WAONGO, CANDIDAT CDP : "Nous étions piqués dans notre amour propre"

Le Pays : Pourquoi a-t-on dissous le conseil municipal de Gounghin ?

Comme vous l’avez sans doute entendu, il y a eu beaucoup de supputations autour de la gestion de la commune rurale de Gounghin, depuis les premières élections en 2006. Pour ces premières élections, il y a avait 3 partis, le CDP, le PDP/PS et l’UPR. A l’issue des votes, notre parti, le CDP, s’en était sorti avec 45 conseillers ; le PDP/PS, qui nous suivait immédiatement, en avait 39, et l’UPR 3. Il faut noter que l’UPR est déjà de la mouvance présidentielle, donc théoriquement du côté du CDP. En plus, même s’il y avait une coalition entre le PDP/PS et l’UPR, ils devrait s’en tirer avec 42 conseillers contre 45 pour le CDP. Si on devait s’aligner pour voter, il n’y aurait pas de discussion. Mais comme le vote est secret, il s’est trouvé à la fin que c’était le candidat du PDP/PS qui était élu maire de Gounghin. Naturellement, cela est choquant, mais politiquement, on ne peut pas dire que c’est untel qui a fait ceci ou cela. Mais quoiqu’on dise, les choses ne devraient pas aller comme ça. Et ce n’est que par la suite que nous avons découvert qu’effectivement, ce n’était pas parce que les gens avaient voulu le maire sortant, mais parce qu’il y avait eu de petites tribulations, si bien qu’ils ont pris la mairie. Naturellement, dans notre amour propre on était piqué. C’est comme ça que les conseillers ont refusé de siéger. A la toute dernière session du conseil municipal que le maire avait convoquée, les conseillers qui étaient des nôtres et qui partaient aux sessions ont décidé de ne plus y aller et de regagner la maison. Ils ont décidé par eux-mêmes de regagner la maison. C’est ainsi que le quorum n’a pas été atteint et que la session n’a pu se tenir. Et comme les textes l’exigent, il fallait faire un rapport au MATD qui devrait prendre une décision. C’est ce qui a abouti à la dissolution du conseil municipal de Gounghin."

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays

P.-S.

Lire aussi :
Municipales 2006

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