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Environnement et cadre de vie : “Lemburulogo”, un marché infréquentable en saison de pluie

Publié le mercredi 28 mai 2008 à 10h25min

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Pendant que le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme appelle à “ développer des initiatives susceptibles d’éviter toute stagnation d’eau et autres sources de pollution préjudice à la santé des populations ”, toutes les conditions semblent être réunies du côté de “ Lemburulogo ” (le marché de fruits du secteur n°9 de Bobo-Dioulasso), pour au contraire faire de ce site, un foyer de pollution, comme c’est le cas à chaque saison hivernale.

Aucune trace de bacs à ordures, et encore moins de l’existence des caniveaux en cet endroit. Les acteurs qui se rejettent les uns sur les autres la responsabilité de l’insalubrité des lieux, s’apprêtent à vivre leurs activités quotidiennes à côté des dépôts d’immondices constitués de mangues à l’odeur pestilentielle, caractéristique des fruits en décomposition. En effet, les mangues, avocats, et autres “allocos ” (bananes plantains) pourris collent aux pieds des passants. Sur les tas d’immondices pullulent les mouches dispersées sporadiquement par le vrombissement des camions qui déversent encore et encore des tonnes de mangues. Le marché de fruits “Lemburulogo” de Bobo-Dioulasso est l’un des sites les plus insalubres de la ville en saison pluvieuse.

A l’orée de cette saison, les usagers et riverains de la rue 9.23 du quartier Accart-Ville qui abrite le marché, s’apprêtent, résignés, à vivre les mêmes calvaires, lassés qu’ils sont de devoir lutter perpétuellement contre des ordures sans cesse envahissantes. “Nous payons les charretiers pour qu’ils nous débarrassent des mangues pourries. Ceux-ci sont quelquefois introuvables. Mais très souvent les ordures nous dépassent. Nous payons 750 FCFA par mois à la mairie, mais vous le constatez, les bacs ne sont pas souvent là, et quand ils sont là, les ordures ne sont pas enlevées ”, nous confie Yaya Traoré, grossiste de mangues, comme pour justifier le décor de décharge publique qu’offre “ Lemburulogo ”. En effet, les charretiers qui ne sont pas des collecteurs professionnels d’ordures viennent de tous les quartiers de Bobo pour ramasser les mangues pourries aux fins de nourrir leurs porcs. Ceux commis par la voierie municipale sont invisibles sur les lieux, au grand dam des vendeuses : “ la mairie nous presse chaque jour sauf les dimanches, de payer 50F CFA. Mais lorsqu’il s’agit d’enlever les ordures, nous ne voyons personne ”, clame Mme Awa Traoré.

Les riverains résignés se disent “ habitués ” à la pollution qu’ils vivent au quotidien à “ Lemburulogo ”. Amadou Porgo, dont la cour donne sur le marché, nous fera remarquer que “ après les premières pluies, l’eau stagne, les mouches pullulent, les camions de transport de mangues s’embourbent et encombrent la devanture de nos habitations. Certains usagers du marché vont même faire “ pipi ” à nos portes… C’est dur de vivre à côté de ce marché”. Difficile à tel point que certains propriétaires de maison aux abords du marché ont dû abandonner les lieux, quitte à aller louer une maison ailleurs. Ceux qui sont restés, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens de partir, ou dans l’espoir que la situation changera, ont quelques regrets : “cela fait plus d’une année et demie que ma maison est vide. Tous les locataires potentiels repartent sans revenir lorsqu’ils constatent l’insalubrité du marché d’à-côté. La dernière fois, c’était un Blanc, mais il a regardé la maison de loin, les tas d’immondices l’ont empêché de s’approcher”, se plaint Barthélemy Ouédraogo, propriétaire d’une villa en face de “ Lemburulogo ”. Mais beaucoup d’usagers en ont convenu, le marché est rentable pour le secteur, la mairie et les commerçants.

Il est même fréquenté par des touristes et cela ne renvoie certainement pas une bonne image de la ville, de l’avis de M. Ouédraogo. Certains suggèrent “le remblayage de la rue 9.23, l’ouverture d’au moins un caniveau et la construction de hangars afin d’éviter les étals anarchiques”.

Mais la Direction des services techniques municipaux (DSTM) récuse les plaintes des usagers. Selon son directeur Seydou Drabo, les taxes perçues à “Lemburulogo ” n’ont rien à voir avec la collecte des ordures, et certains usagers ne savent pas qu’il faut payer pour faire enlever. La pré collecte des ordures, a-t-il précisé, est confiée à des prestataires privés et les usagers de ce marché ont jugé trop élevée la prestation de Sya Kini ESK. L’assainissement du marché n’est présentement assuré par aucune structure, et beaucoup de riverains se demandent si l’enlèvement des ordures est une priorité pour le conseil municipal de Bobo-Dioulasso.

Mahamadi TIEGNA
Camerlingue78@yahoo.fr

Sidwaya

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