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Conflit foncier : Tentative d’expropriation et menace de mort à Matourkou

Publié le jeudi 15 mai 2008 à 09h54min

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Les ayants droit de Siaka Sanou semblent être victimes du chef de village de Farako-Bâ, Tiéba Ouattara qui aurait vendu à leur insu, une portion de terre (3 ha) appartenant à feu leur père. Très remonté par cet acte, Abdou Sanou, frère cadet de Siaka Sanou et oncle des orphelins, menace de prendre son fusil contre quiconque oserait s’aventurer dans le périmètre appartenant à ses protégés.

Entre le chef de village de Farako-Bâ et Abdou Sanou, le climat est des plus tendus. A la base de cette tension, une tentative de vente d’une portion de 3 ha de champ sur un ensemble de 7 hectares dans les environs de Farako-Bâ. Ce champ appartient au frère aîné de Abdou Sanou, Siaka Sanou décédé il y a de cela quelques années.

Son champ doit donc revenir à ses enfants, ses ayants droit. Seulement, il se trouve qu’à leur insu, Tiéba Ouattara, actuel chef du village de Farako-Bâ aurait vendu 3 hectares de cette propriété, à trois personnes différentes. Abdou Sanou se fait le défenseur des intérêts des enfants de son frère qui sont ses neveux. Il n’entend donc pas laisser quelqu’un empiéter sur leur domaine. « Si ce n’est pas ma mort, personne ne peut retirer le champ de mon défunt frère », a-t-il déclaré ce 5 mai, quand nous l’avons reçu à notre rédaction. L’air déterminé et le regard ferme, il raconte que la portion de terre, objet du litige, qu’ils exploitent depuis 35 ans, a été acquise depuis le temps de leur grand-père. A force de persévérance et d’investissement, ils ont réussi à faire de ce site une vraie merveille agricole. A côté de l’exploitation agricole, on y trouve une diversité d’arbres fruitiers. Tout allait bien jusqu’au jour où il reçut la visite inopinée de Tiéba Ouattara, chauffeur de l’INERA et chef du village de Farako-Bâ. Celui-ci sollicita une portion de terrain pour un opérateur qui, selon lui, voudrait y ériger une usine pharmaceutique. Un temps s’est écoulé.

Alors la famille Sanou s’est réunie un jour de mars pour examiner la requête. Elle apprendra par la suite qu’une partie des terres a été délimitée par des piquets. A la découverte de ces piquets, Abdou Sanou et ses frères entrent dans une vive colère et tentent de comprendre. Mais Tiéba Ouattara est introuvable. Les jours suivants, ils seront informés du dépôt sur le site de six chargements de sable et de gravier. Pour y voir clair, Abdou Sanou se rend un jour au service des impôts pour s’imprégner de l’état d’avancement du dossier de bornage du site qu’il avait auparavant introduit pour l’obtention d’un titre foncier. Dans le même temps, il saisit le préfet pour toute fin utile.

Mais une fois à l’Hôtel des finances, quelle ne fut sa surprise d’apprendre qu’un dossier de la même parcelle y avait été déposé par un certain Siébou Sourabié Traoré. Il apprendra plus tard du chef suprême des Tiéfo, qu’un gendarme et un entrepreneur seraient également attributaires du même site. D’ailleurs, c’est ce dernier qui aurait fait déposer les agrégats sur le périmètre et y aurait tracé et creusé une fondation en vue de construire une maison. Alors, la famille Sanou décide de saisir le préfet. Elle porte donc plainte devant le tribunal départemental de Bobo-Dioulasso. Plaignants et victimes sont convoqués dans un premier temps le jeudi 8 mai et ensuite le lundi 12 mai.

Jusqu’au moment où nous traçons ces lignes, il n’y a pas eu de procès pour la simple raison que Seydou Konaté, le dépositaire des agrégats refuserait de prendre les convocations du tribunal. Dans sa plainte, Abdou Sanou demande au préfet l’enlèvement des agrégats pour permettre les semis. Face à la gravité des faits, le chef du village de Kuinima, le chef suprême des Tiéfo et le chef suprême des Bobo Mandarè se sont saisis de l’affaire. Dès lors le chef suprême des Tiéfo, dont relève le site litigieux, a fait passer un communiqué radiodiffusé mettant en garde contre les agissements de Tiéba Ouattara quant aux transactions portant sur le foncier dans ladite zone. Abdou Sanou et les siens se disent prêts à ne pas se laisser faire et entendent défendre leur propriété jusqu’au bout.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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