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Communalisation intégrale : Il faut rectifier

Publié le vendredi 11 avril 2008 à 10h58min

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Des élections partielles seront reprises le 1er juin prochain dans les quatre communes rurales qui ont vu leurs conseils municipaux dissous le 20 février dernier. A l’issue de cette reprise, de nouveaux maires avec de nouveaux conseillers seront élus ou réélus. Ils composeront de nouveaux conseils municipaux.

Ce n’est pas là l’objet du présent propos. Nous allons nous pencher ici sur la présence des maires des communes rurales dans leurs communes. Ce qu’il nous été donné de voir jusque-là, c’est que peu de maires des communes rurales résident en permanence dans leur commune. Ils ne sont en permanence dans leurs communes qu’à l’approche des élections. Selon la loi, il ne leur est pas fait obligation d’y être en permanence. Une loi qui mérite d’être revue. Il est par contre fait obligation au premier adjoint au maire d’être toujours là.

Les déplacements incessants du maire pour une raison ou une autre ont pour conséquences, dans certaines communes, de voir s’empiler les instances sur son bureau. Dans les communes rurales, le premier adjoint, s’il n’est pas illettré, il n’a pas reçu procuration pour signer et traiter de certains dossiers en l’absence du titulaire. Il y a lieu de corriger cet état de fait pour donner au processus de communalisation qui fait ses premiers pas, des chances de succès. Un texte devrait fixer un nombre de jours de présence obligatoire du maire dans sa commune.

Mais, l’on peut se poser la question de savoir pourquoi, à l’exception des maires des grandes villes, la grande majorité des maires des communes rurales ne résident pas à l’intérieur du ressort territorial de leur commune. Il faut tout d’abord dire qu’être maire est une fonction élective. On s’y destine sur la base d’une détermination citoyenne, parce que l’on est convaincu qu’on a des idées pour promouvoir le développement de sa cité. A la base, la fonction de maire procède du bénévolat pur et simple. C’est essentiellement le cas en Occident. Le maire est choisi par ses concitoyens sur la base de ses idées et de son engagement pour sa localité. Il se distingue surtout par ses qualités de rassembleur.

Mais que constatons-nous au Burkina ? De nombreux maires sont parachutés ; ils ont été imposés. C’est dire qu’ils arrivent à la tête du conseil municipal dont ils sont les premiers gestionnaires, sans programme, sans idée de développement. Outre qu’ils sont parachutés, ils sont nombreux les maires qui exercent dans l’informel ; dans le meilleur des cas, ce sont des fonctionnaires que des partis politiques, pour les besoins de leur cause, ont présentés au poste de maire. Donc, avant de devenir maire, il faut avoir une activité d’où l’on tire l’essentiel des ressources pour sa subsistance et celle des siens, parce que la fonction n’est pas rémunérée en dehors des indemnités de session.

Les maires désignés à l’issue des municipales d’avril 2006 jouent le rôle de véritables cobayes de la décentralisation intégrale au Burkina Faso. D’où la nécessité pour eux d’avoir des initiatives. Et comme avoir des initiatives est la chose la moins partagée sauf quand il s’agit de celles concernant ses intérêts personnels, la plupart des maires se rabattent sur les opérations de lotissements avec ce que cela comporte de dérapages, de vente illicite de parcelles et de détournement des ressources générées par lesdites ventes.

Faut-il le rappeler, la commune, c’est l’État en miniature. Sa gestion obéit aux mêmes lois. La commune doit générer des ressources pour financer son développement. C’est dire que chaque maire doit avoir un programme de promotion de sa commune. L’absence de ce programme est un obstacle de taille. La communalisation intégrale se traduit par un transfert des pouvoirs autrefois dévolus à l’État aux communes. Dans la mesure où ce transfert n’est pas suivi d’un transfert de moyens financiers, la communalisation intégrale, telle qu’elle a été engagée au Burkina Faso, est une coquille vide. Il convient de repenser les choses pour les ajuster à notre niveau de développement. Car, il semble qu’un aspect très important a été oublié par les partenaires techniques et financiers de cette opération.

L’aspect sociologique ne semble pas avoir été pris en compte, du moins pour accompagner la première phase dont le succès de toute l’opération dépend. De leur côté, les représentants de l’État, par peur de voir filer les financements ailleurs, n’ont pas osé les relever. Les premiers comme les seconds ont élaboré les documents devant conduire à la décentralisation comme on se trouverait en Occident. Il faut au maire un revenu officiel, honnête et licite pour le mettre à l’abri de certaines tentations. Cet aspect a été ignoré, parce que les uns et les autres ont tablé sur le bénévolat et la conviction que le maire a un programme et des idées pour administrer sa commune à la grande satisfaction de ses administrés. C’est une erreur qui peut compromettre le succès de la communalisation intégrale, cet idéal porteur de démocratie à la base, donc du développement. C’est pourquoi il faut rectifier la décentralisation.

Le Fou

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