LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Accès à l’eau potable : Finies les corvées à Banfora, Bérégadougou et Niangoloko

Publié le mardi 11 mars 2008 à 10h39min

PARTAGER :                          

Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques Salif Diallo, a procédé les 6 et 7 mars 2008 à Niangoloko, Banfora et Bérégadougou dans la région des Cascades, au lancement officiel des travaux d’adduction d’eau potable, de renforcement et d’extension du réseau d’alimentation en eau potable dans ces trois villes.

Toute chose qui doit assurer dans quelques mois et de façon durable, les besoins des populations en eau potable des populations.
L’approvisionnement en eau potable et en quantité suffisante reste un casse-tête chinois pour les populations de certaines villes du Burkina. Pour ce qui est de Niangoloko, la question est d’autant cruciale qu’en cette période de canicule, il faut débourser jusqu’à 1750 F CFA contre 75 F en temps normal, pour obtenir une seule barrique d’eau. A défaut, les ménagères sont contraintes de consacrer une bonne partie de la journée et même parfois de sacrifier des nuits entières devant les bornes-fontaines à la recherche du liquide précieux.

A la base de ces désagréments, la faible capacité des installations de l’ONEA datant de 1985, devenues obsolètes. Face à une sollicitation plus accrue d’une population en pleine croissance, l’ONEA dans ces conditions ne couvre que 66% des besoins en eau. Ce qui a fait dire au maire Abraham Soulama que « les coupures d’eau et les scènes de bidons aux abords des bornes-fontaines en attente d’eau sont le spectacle désolant auquel nous assistons quotidiennement ». Même la dotation gratuite tout récemment d’un forage par l’opérateur économique Issiaka Sawadogo n’a rien changé à cette triste réalité. Il était donc impérieux pour l’ONEA, à en croire le ministre Salif Diallo, de « concevoir un projet d’envergure, à même de résoudre durablement la question de l’alimentation en eau potable (AEP) de Niangoloko ».

On comprend donc l’émotion du maire qui s’est dit comblé par le lancement des travaux de restructuration du réseau qui apporte une bouffée d’oxygène à sa ville. D’un coût global de 560 millions de FCFA, ce projet s’inscrit dans le plan d’investissement de l’ONEA. Ils prennent en compte la rénovation et la restructuration complètes du système de production d’eau potable par la construction d’une bâche d’eau claire en béton armé de 100m3 et d’une station de pompage de refoulement. Ce qui va permettre de rendre disponible l’eau potable pour la population et favoriser l’investissement et le développement de cette ville.

A l’opposé de Niangoloko, la cité sucrière de la Comoé, à savoir Bérégadougou court depuis 40 ans après un système d’alimentation en eau potable. Jusque-là, les populations ont eu recours aux forages à motricité humaine, aux puits traditionnels ou encore à la rivière « Béréga » dont l’eau n’est pas toujours propre à la consommation humaine car source de maladies diarrhéiques.

Bérégadougou : la réparation de 40 ans d’injustice

Pour une population estimée à 13 200 habitants, le taux d’accès à l’eau potable est à ce jour, de 16%. Pourtant les projets d’adduction d’eau dans cette ville n’ont pas manqué. Au début des années 1970, l’idée de doter la ville d’un système d’adduction d’eau simplifié a germé dans la tête des responsables de la SOSUCO. Malheureusement, selon le maire Martin Sourabié, ce projet va « s’évaporer dans les plantations de canne ». Même le Premier ministre, à l’époque Kadré Désiré Ouédraogo, aurait tenté de mettre en place un système d’adduction d’eau potable dans cette cité.

Entre-temps, les populations déguerpies de leurs terres pour faire place aux plantations de canne à sucre commençaient à hausser le ton. Elles se sont insurgées du fait que tant de millions de m3 d’eau soient utilisés pour arroser des champs, juste aux abords de leurs concessions, alors qu’elles n’avaient pas la moindre goutte pour leurs besoins domestiques. Les échecs successifs des projets, selon le maire, ont fini par leur faire croire qu’une main maléfique agissait contre eux. Cela va durer jusqu’ en 2006. Cette année-là, le ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques va procéder au lancement d’un vaste programme dénommé « Alimentation en eau potable » (AEP).

Pour le ministre Salif Diallo, ce projet vient mettre fin à 40 ans d’injustice. Il s’appuie aussi sur le fait que la localité de Bérégadougou a généré des milliards depuis des années à des entreprises privées alors qu’un seul de ces sous n’a été investi au profit des populations pour les doter d’eau potable. « Il a fallu 40 ans pour donner de l’eau potable à Bérégadougou, cela est inadmissible », a-t-il dit. D’un coût total de 600 millions de FCFA, ce projet entend apporter des solutions pérennes à l’équation de l’eau potable. Il intègre la fourniture et la pose d’une conduite de refoulement qui transportera l’eau depuis la station ONEA de Banfora jusqu’au château-d’eau métallique de 150m3 qui sera construit à Bérégadougou.

Banfora : 1,5 milliard pour renouveler les conduites d’eau

Le château-d’eau alimentera en même temps Takalédougou. Il est également prévu la construction d’une bâche d’eau claire de 200m3 à Bérégadougou. Par ailleurs, il est prévu l’installation d’un réseau d’eau potable d’environ 13 km de conduite à Bérégadougou, 4 km à Takalédougou de même que sera construite une douzaine de bornes-fontaines dont quatre sont prévues à Takalédougou.

Toujours à Bérégadougou, pour permettre aux ménages d’avoir de l’eau potable juste à côté, le ministre Salif Diallo a annoncé des connexions à un prix social de 30 000FCFA. Ce qui a suscité des applaudissements nourris de la population très mobilisée pour la circonstance, ce vendredi 7 mars, une population visiblement émue par cette bonne nouvelle.

Le projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bérégadougou fait partie intégrante, selon Salif Diallo, du Programme prioritaire d’investissement de l’ONEA sur fonds propres. Il constitue, avec les travaux d’AEP des villes de Boulsa et Titao, les premières réalisations d’expansion de l’ONEA sur son périmètre depuis la réforme du secteur en 1992. Quant à Banfora, il est question du renouvellement de la conduite d’eau brute car le réseau mis en place depuis 1956 en matériau plastique et retouché par deux fois (1977 et 1994) souffre actuellement de la vétusté de la conduite d’exhaure d’eau brute. Cette tuyauterie fragilisée est donc sujette à des cassures fréquentes provoquant ainsi des interruptions prolongées de fourniture d’eau dans la ville. Son remplacement s’imposait donc avec acuité.

Ce qui sera chose faite dans 15 mois, par le renouvellement de la conduite cette fois-ci en fonte ductile sur 14,5km. Ce projet mobilise 1,5 milliard de FCFA sur fonds propres aussi de l’ONEA. Au total c’est plus de 2,600 milliards de FCFA dont ces trois villes bénéficient dans le cadre de ce vaste projet. Le ministre Salif Diallo a affirmé que « le pari des objectifs du millénaire pour le développement pour ce qui concerne l’eau potable peut être considéré comme gagné pour les villes de Banfora, Niangoloko et Bérégadougou ».

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km