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Dissolution de conseils municipaux : On vous avait prévenus !

Publié le vendredi 29 février 2008 à 10h18min

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Le 20 février 2008, le Conseil des ministres, réuni en séance ordinaire, a prononcé la dissolution des conseils municipaux de quatre communes, en vertu de l’article 251 du Code général des collectivités. Les raisons qui ont été avancées par le Conseil des ministres pour prendre cette mesure qui est un recul du processus de la communalisation intégrale dont s’enorgueillit le Burkina Faso, sont, entre autres, les suivantes : "Suite aux graves dysfonctionnements constatés... et le blocage qui s’est installé... les conseils municipaux de Gounghin dans le Kourittenga, Bané dans le Boulgou, Yondé dans le Koulpelgo et Nasséré dans le Bam sont dissous.

" On se rappelle qu’il y a une année à peine, le même Conseil des ministres avait trouvé les mêmes arguments pour justifier la mesure de dissolution du conseil municipal de la commune urbaine de Pô, chef-lieu de la province du Nahouri. On se rappelle aussi qu’après la reprise des élections intervenues dans un délai n’excédant pas 90 jours, le parti au pouvoir, le parti majoritaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), avait subi une sévère déculottée.

Dans la mesure où "les dysfonctionnements constatés" et "le blocage qui s’est installé" sont le fait des seuls élus du CDP, comme ce fut le cas à Pô, les populations des communes rurales concernées pourraient demain infliger la même leçon au CDP. Car des femmes et des hommes qui ont été choisis pour participer à la gestion de leur province, de leur département, de leur ville et de leur village, n’ont pas trouvé mieux à faire que de passer le temps à boycotter les sessions du conseil municipal en vue d’en bloquer sciemment le fonctionnement normal pour le bien des populations. De telles personnes, dans un pays où les institutions républicaines fonctionnent harmonieusement, ne devraient pas être dignes de la confiance des populations. Voici des hommes et des femmes qui mettent les intérêts d’un parti au-dessus de ceux du peuple tout entier. Voici des hommes et des femmes dont la soif de leadership s’exerce au détriment des besoins de développement du Burkina. Car, ce n’est un secret pour personne que toutes les communes urbaines et rurales dont le maire n’est pas CDP sont confrontées à ces dysfonctionnements et à ces blocages très préjudiciables au processus démocratique burkinabè.

Et dire que tout cela se fait au su et au vu du CDP ! Ne dit-on pas que qui ne dit rien consent ? Ces militants CDP, par leurs agissements, menacent dangereusement la stabilité générale et la concorde sociale du Burkina. Ils ne digèrent pas qu’un citoyen qui n’est pas CDP puisse gérer le Burkina. Ils ignorent que le temps du "tuk guili" avec tout ce qu’il a eu comme désagréments pour notre pays est révolu. Ils devraient y mettre fin ou leur parti devrait les obliger à mettre fin à ces comportements hypocrites et cyniques qui ont pour résultat de mettre en retard leur commune, et partant le Burkina. Mais de tels hommes pensent-ils "commune " ou "Burkina" avant leur propre personne ? La situation actuelle du Burkina exige qu’il y ait à sa tête des personnes capables de s’élever au-dessus des considérations partisanes, à la limite mesquines pour lui impulser une marche en avant. Ce qui est arrivé dans les quatre communes rurales est tout simplement un manque de patriotisme et de loyauté envers le Burkina et ses institutions. Le CDP doit d’ores et déjà prendre des mesures de sorte que ces hommes et ces femmes ne le représentent plus jamais. C’est la solution pour faire avancer le processus démocratique. Mais, le peut-il et le veut-il ? Car, au-delà de toute considération, il se pose une question de respect du peuple burkinabè et de ses choix.

Mais pourquoi est-on continuellement confronté à de telles situations ? Existe-il des remèdes ? Dans un premier temps, ces boycottages des réunions du conseil municipal s’expliquent avant tout par la politique de parachutage prisée par le CDP. Ce parti a souvent imposé des candidats aux populations qui ne les connaissant pas, ne les ont pas votés. D’où cette situation où le parti se trouve minoritaire. La réaction de telles personnes parachutées, jouissant du soutien des bonzes du parti, c’est de poser des actes antidémocratiques qui consistent à saboter les travaux du conseil municipal. Etant parachutés, le sort du village ne les concerne pas outre mesure. On peut tenter une autre explication qui tient au mode de scrutin. On vote des conseillers qui, à leur tour, votent le maire. Un scrutin de liste aurait mis les uns et les autres à l’abri de telles déconvenues. Une autre solution aussi serait l’acceptation des candidatures indépendantes. Elles permettraient aux populations de choisir les hommes qu’elles connaissent et en qui elles peuvent faire confiance.

La dissolution des conseils municipaux de Gounghin, de Bané, de Yondé et de Nasséré sont un plomb dans l’aile de la politique de communalisation intégrale du Burkina. Certainement que d’autres dissolutions seront prononcées. En effet, il y a des communes rurales, où les conseillers CDP, en violation de l’article 5 portant désignation des membres des conseils villageois, exigent le consensus, pendant que les autres conseillers demandent qu’ils se soumettent au vote. Un blocage est vite apparu. C’est dire que les bienfaits de la communalisation intégrale chantés aux populations sont en réalité une arnaque parce que permettant à des personnes et à un parti de défier impunément les textes et les règlements en vigueur. Dans ces mêmes colonnes, nous avions, à plusieurs reprises, prévenu, en son temps, le pouvoir, des risques de dérapages. La démocratie à la base est trop sérieuse pour qu’on en néglige à ce point les fondamentaux au nom de l’esprit partisan.

Le Fou

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