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Bonne gouvernance : Les Hauts-Bassins à la loupe du MAEP

Publié le vendredi 29 février 2008 à 10h20min

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Les experts africains présents au Burkina dans le cadre du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) ont entrepris depuis lundi dernier une tournée dans les 13 régions. Mercredi 27 février, la délégation était à Bobo-Dioulasso où elle a eu des échanges avec différents groupes concernés par cette évaluation dans la région des Hauts Bassins.

La région des Hauts Bassins apparaissait aux yeux de la mission des experts africains du MAEP comme une étape cruciale dans l’exécution de leur mission. Cela pour la simple raison que, selon Marie Angélique Savané Chef de la délégation, Bobo-Dioulasso représente la capitale économique, donc un lieu propice pour obtenir tous les indices crédibles. Il y a aussi que le caractère cosmopolite de la ville constitue un atout majeur qui met en exergue un aspect important de l’intégration sous régionale que l’on ne trouve pas forcément dans d’autres villes.

Les participants à la rencontre ont certainement compris cet enjeu et la portée du MAEP. Si bien que le grand retard accusé pour le début des travaux n’a pas semblé affecter l’ardeur des uns et des autres et encore moins la qualité des travaux. C’est le gouverneur de la région des Hauts-Bassins Mathieu Bêbrigda Ouédraogo qui va donner le ton en procédant à une brève présentation du MAEP et des intérêts qui le guident. Le MAEP dit-il, a pour mandat « de s’assurer que les politiques et pratiques des Etats membres sont conformes aux valeurs, codes et normes en matière de bonne gouvernance ».

Trois axes sont retenus dans son approche, à savoir la gouvernance politique, la gouvernance économique et enfin la gouvernance des entreprises. C’est donc à tout un processus d’évaluation interne et externe que le Burkina Faso, à l’instar de 27 autres pays africains, ont décidé de se soumettre. La mission de ces experts africains de haut niveau apparaît comme une contre évaluation ou encore une évaluation plus approfondie par des mains extérieures de l’autoévaluation nationale. Tout ce travail, a précisé, Marie Angélique Savané, serait inutile si le processus n’aboutissait pas à l’élaboration d’un plan d’action.

Une sorte de levier qui entend proposer des solutions fiables pour assurer un développement durable dans « un cadre apaisé de participation démocratique et de croissance élevée, soutenue et durable ». Ce qu’il faut surtout retenir dans ce processus, c’est sa démarche participative impliquant gouvernement, société civile et secteur privé. A Bobo-Dioulasso aucune question n’a été occultée. Les débats par groupe d’intérêt se sont focalisés autour des trois axes retenus, plus la question du développement. Ces débats ont été parfois très passionnés, mais toujours empreints de courtoisie.

Ils ont eu le mérite de mettre à nu les insuffisances à différents niveaux mais ont aussi permis de formuler des recommandations. Sur le plan du développement socio-économique, il est ressorti que c’est un sentiment de frustration qui anime les populations. En tout cas, le groupe quatre n’a pas manqué de griefs : l’aéroport reste sous exploité en dépit de gros investissements, les infrastructures se construisent ailleurs, la migration des entreprises vers la capitale a pour conséquence le chômage pour le personnel de Bobo, l’enracinement de la pauvreté qui ne serait pas à leurs yeux naturel.

La pléthore des effectifs dans les salles de classe et l’insuffisance d’enseignants ont été relevées. Au niveau de la gouvernance des entreprises, sept points saillants ont été relevés parmi lesquels : la charge fiscale trop élevée, l’accès difficile aux crédits, la question des taux de garantie, la décentralisation et la déconcentration économiques et financières qui tardent à se mettre en œuvre. Pour ce qui est de la gouvernance économique et financière il est ressorti que les politiques ne reflètent pas toujours les aspirations des populations. Il y a aussi la question de la corruption, les tracasseries diverses dans les pays de la sous région, l’assainissement des finances publiques et la réduction du train de vie de l’Etat. Dans le groupe qui a débattu sur « la gouvernance politique et démocratique », les propos étaient plus tendus.

Au total sept points ont été évoqués. On retiendra les récentes manifestations à Bobo, le transfert des compétences, l’absentéisme dans les services publics et le laxisme des agents, l’accès difficile à la terre pour les femmes, les fortes pesanteurs socioculturelles, la fraude électorale, les candidatures indépendantes et encore la corruption qui, serait de l’avis de certains, la base de l’impunité.

La mission a dit avoir pris bonne note. Toutefois le chef de mission a fait remarquer que le objectifs de dialogue serait un handicap majeur au Burkina. Et justement l’un des objectifs du MAEP est de créer les conditions d’un dialogue, gage de paix et de stabilité durable. Ces préoccupations et les propositions de solution des 13 régions feront l’objet d’un rapport transmis à qui de droit, assorti d’un plan d’action. Et c’est là, dira Mme marie Angélique Savané, que les régions doivent jouer un rôle majeur pour sa mise en œuvre.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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