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FICOD : Le tout n’est pas de construire, il faut savoir entretenir

Publié le mercredi 13 février 2008 à 10h57min

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Du 5 au 8 février 2008, s’est tenu à Tenkodogo à l’hôtel Djamou, un atelier co-organisé par les Fonds d’investissement pour les collectivités décentralisées (FICOD) du Burkina et du Niger sur le thème de « l’accompagnement des collectivités territoriales et la prise en charge du social » par celles-ci.

L’atelier présidé par le ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, Soungalo Ouattara, a connu la participation d’une quarantaine de personnes venues du Niger, du Mali et du Burkina Faso, dont des maires, des représentants des ministères techniques en charge de la Décentralisation de ces trois pays, de l’Agence nationale pour les investissements des collectivités territoriales (ANICT) du Mali et des FICOD Burkina et Niger.

L’avènement des processus de décentralisation dans ces pays est matérialisé par la création des collectivités territoriales (communes et régions) et se veut être un engagement des autorités à soutenir le développement local aux côtés des bailleurs de fonds prêts à financer les infrastructures et des équipements communaux. En outre, il est admis que l’insuffisance des équipements collectifs, d’éducation et de santé, de routes, d’assainissement et d’eau, entravent considérablement la croissance des activités, moteurs du développement. Consciente de cette situation, la coopération allemande, à travers la KFW, a décidé d’accompagner les gouvernements à travers des instruments spécialisés que sont les Fonds d’investissement pour les collectivités décentralisées (FICOD). Les financements de ces fonds se sont orientés dans cette dynamique de permettre aux populations de croire à la décentralisation comme catalyseur du développement à la base, en appuyant les communes dans la construction d’infrastructures socio-économiques, d’eau et assainissement, de pistes, d’infrastructures marchandes et divers ouvrages publics.

Le constat a été fait que ces réalisations souffrent malheureusement d’un manque d’entretien et de bonne gestion. Comment améliorer la gestion et surtout l’entretien de ces infrastructures ? Cette préoccupation a été analysée dans ces différents aspects par les participants à cet atelier et a été suivie de propositions portant sur l’inventaire ou l’état des lieux des infrastructures dans les communes pour connaître l’existant et leur état physique afin d’assurer une meilleure planification et prise en charge de l’entretien.

Il est incompréhensible que face à la rareté des ressources et à l’énormité des besoins des populations, l’on laisse se dégrader des investissements qui ont coûté des millions et qui sont acquis grâce aux contribuables, plus d’autres pays amis que des contribuables locaux. Une réaction rapide aurait permis, par exemple, de dépenser 1000F CFA pour l’achat du goudron pour arrêter une infiltration d’eau de pluie au plafond ; mais l’irresponsabilité conduit à la négligence, et ce sont des dépenses de 50 000, sinon plus, qu’il faut prévoir après. Dans les pires des cas, il faut encore avoir recours aux mêmes bailleurs pour une réhabilitation. Que dire des caniveaux ! Comme pour dire qu’il n’y a pas de responsabilité et d’obligation face aux biens publics. Les maires, de leur côté, accuse la qualité de certaines infrastructures qui, mal conçues et réalisées, coûtent plus cher en entretien que certaines anciennes infrastructures qui datent pourtant du temps « colon ». En tous les cas, il faut une prise de conscience collective pour optimiser les investissements en assurant une bonne qualité des travaux et un bon entretien du peu disponible. L’entretien et la gestion des infrastructures nécessitent aussi que les communes disposent (en propre ou des technicités d’accompagnement dans la commune) d’un capital humain en qualité et en quantité assez proportionnelle. Des propositions ont aussi été faites qui orientent les exécutifs municipaux dans une démarche de planification et de budgétisation de l’entretien et de la gestion. L’expérience développée par les FICOD Burkina et Niger en matière de comptabilisation des recettes et dépenses spécifiques des infrastructures à caractère marchand, a permis de démontrer qu’un accroissement des recettes budgétaires par la maîtrise des recettes et dépenses des infrastructures était possible. Ceci est très important quand on sait par ailleurs que pour beaucoup de communes, ces investissements constituent la première source de recettes budgétaires.

La mise en œuvre de toutes ces propositions qui visent la durabilité des investissements nécessite l’engagement réel des maires et de leurs conseils, l’implication des acteurs de la société civile et le développement d’une communication opportune pour cultiver de bons réflexes citoyens dans le comportement des populations.

Enfin, dans la chaîne de réalisation des infrastructures qui va de l’identification du projet jusqu’à sa mise en exploitation, les participants, tout en proposant les trois formes d’accompagnement possible aux communes, à savoir la maîtrise d’ouvrage directe communale, la maîtrise d’ouvrage assistée et la maîtrise d’ouvrage déléguée, ont encouragé fortement les communes à contractualiser judicieusement certaines prestations (avec le privé, les ONG ou des associations de développement), à avoir le réflexe de recourir aux services déconcentrés de l’Etat (les lois de décentralisation ont des dispositions incitatives dans ce sens) mais aussi à développer entre elles des relations de partenariat à travers l’intercommunalité.

Bakary TRAORE


Docteur Blumenberg, responsable FICOD/KFW

1. Quelles préoccupations sous-tendent le traitement de ces thèmes ?

La maîtrise d’ouvrage des réalisations par les communes, c’est-à-dire assurer le bon entretien, est une priorité qui doit être partagée entre les bailleurs et les bénéficiaires. Les bailleurs de fonds financent les réalisations avec les impôts des populations des pays partenaires, et, naturellement, on veut voir une pérennité, une durabilité de ces investissements. En plus, il faut rentabiliser le mieux possible les investissements pour les groupes cibles. C’est pourquoi dans les séminaires des autres années, nous avons discuté des éléments techniques de la maîtrise d’ouvrage de l’accompagnement des infrastructures.

Il faut aussi assurer les aspects financiers, c’est-à-dire comment on peut dans les budgets des communes, avec leurs moyens assez limités, assurer quand même un maximum d’entretien.

L’autre aspect de notre intérêt, c’est la solidarité municipale et son financement. La lutte contre la pauvreté est une grande priorité pour presque tous les bailleurs et tous les autres partenaires. En même temps, on a vu, au début de l’indépendance, la responsabilité de l’Etat qui a pris en charge la scolarisation, les soins médicaux, mais d’une manière assez simple. Avec l’intensification de la scolarité, et des soins médicaux, les coûts ont atteint aujourd’hui un niveau qui dépasse la possibilité de l’Etat. C’est donc plus ou moins payant par les gens qui fréquentent ces formations, mais les couches simples ne peuvent pas payer.

Il ne faut pas oublier que l’Etat fait les grandes conceptions mais l’institution la plus proche de l’individu, c’est la commune. C’est pourquoi on cherche des pistes pour assurer avec le faible niveau financier de beaucoup de communes, un engagement concret pour assurer une scolarité pour les couches faibles, et, en cas d’urgences, assurer des soins médicaux.

Le Pays

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