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Gnami Valentin Konaté, maire de Dédougou : "Il n’est pas évident que j’aille au bout de mon mandat"

Publié le lundi 4 février 2008 à 11h33min

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Gnami Valentin KonatéPorté à la tête de la commune de Dédougou après les élections municipales de 2006, Gnami Valentin Konaté est le 3e maire en 3 mandatures depuis 1995. Après quelques mois d’exercice, le bourgmestre de Dédougou est victime non seulement de la guerre des clans au sein de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), mais aussi de la politique politicienne des autres partis du microsome politique de la commune.

L’environnement social était tel qu’il a failli démissionner. Dans l’entretien qui suit, il dépeint la situation qu’il vit après son installation, fustige le comportement de ceux qui l’ont convaincu à accepter la charge. Il lève aussi un coin de voile sur le redéploiement du personnel et réfute les accusations selon lesquelles il a battu campagne pour l’Union pour la république (UPR).

"Le Pays" : Est-il facile de diriger la commune de Dédougou ?

Gnami Valentin Konaté : Ce n’est pas facile de diriger la commune de Dédougou. Elle fait partie d’un environnement qui date aussi bien du présent que du passé. Nous nous sommes inscrits ici en politique depuis la loi cadre de 1946 et nous, je veux dire par là les Bwaba, avons eu à la fois la chance et la malchance d’avoir deux de nos illustres fils au plus haut niveau des responsabilités. Je veux parler de Ouézzin Coulibaly et de Nazi Boni qui ont dirigé à la fois aussi bien le RDA que le PRA. Mais au-delà des divergences politiques, ils ne se sont pas inscrits dans une logique de consensus qui aurait pu permettre à leur fief d’aller de l’avant. Cela apparaît aujourd’hui comme une sorte de malédiction. Apparemment nous n’avons pas rompu avec le cercle infernal des oppositions, des tiraillements au niveau de la commune de Dédougou en particulier. Tant que nous n’allons pas changer de mentalité, quel que soit le maire en place, il ne pourra pas travailler.

Comment conjurer alors cette malédiction ?

Il faudra changer les mentalités. Et ce n’est pas par un coup de bâton magique. Tous les acteurs sociaux, les acteurs politiques doivent se donner la main et travailler à faire en sorte qu’au-delà des divergences politiques l’on s’entende sur l’essentiel qui est la construction de la cité. J’ai insinué une image il n’ y a pas longtemps qu’à Dédougou nous sommes tous en train de construire la maison. Mais il y a ceux qui montent les briques et ceux qui les démontent. Malheureusement ceux qui démontent les briques sont plus nombreux si bien que la maison ne sera jamais construite.

Finalement tout le monde ne construit pas …

Oui, c’est vrai mais le constat est malheureusement là. Tant que de façon générale on ne va pas changer les mentalités, le problème demeurera. Il appartient donc à tous les acteurs sociaux et politiques à quelque niveau qu’ils soient de se mobiliser pour la construction de la maison. Et quand on parle de construire la maison, il faut se retrouver sur l’essentiel, et l’essentiel, c’est le point d’accord qui permet à chacun d’enterrer un tant soit peu son moi profond, d’enterrer son égoïsme pour viser l’intérêt général. Pour l’instant, ce n’est pas encore fait à Dédougou.

Qu’attend-on ?

Les mois que j’ai passés ici m’ont permis de faire un constat. Lorsque vous accédez à ce poste de responsabilité, il y a des gens qui sont contre vous et il y en a qui sont avec vous. Mais le drame, ce n’est pas ceux qui sont contre vous. C’est ceux qui sont avec vous ; ils vous ont accompagné, vous ont mis à votre place et vous lâchent au lieu de vous soutenir. Au départ, j’ai donné mes principes en tenant compte de la profession que j’ai assumée. J’ai le sens de recevoir la critique si elle peut m’amener à corriger mon action. Ils ont insisté. Je leur ai aussi dit qu’il ne s’agira pas de dire que vous êtes présents. Si vous constatez que le maire fait des choses qui ne vous conviennent pas, approchez-le et dites-lui que ce qu’il a fait n’est pas bon, au lieu de dire dans son dos que ce qu’il fait n’est pas bon. Je dis que probablement c’est ce à quoi mon prédécesseur a été confronté et elle s’est mise à faire la guerre tous azimuts. Mon tempérament ne me permet pas de faire une guerre tous azimuts. Je me suis fait une idée de la politique à Dédougou, une politique qui n’est pas constructive mais qui vous sape le moral tous les jours. Je me suis fait une philosophie. Je prends mes dispositions, je gère comme je l’entends, mais en demandant des conseils à des personnes qui sont soucieuses du développement de la commune. Par rapport au groupe qui m’a poussé, m’a accompagné aujourd’hui, je me sens seul et abandonné. C’est exactement la situation à laquelle mon prédécesseur a été confronté.

Est-ce à dire qu’aujourd’hui, vous regrettez d’avoir accepté les propositions qui vous ont conduit à la tête de la mairie ?

Je ne regrette pas parce que j’ai accepté. J’assume. Comme je l’ai dit, je donnerai le meilleur de moi-même. Les quelques ressources intellectuelles et physiques qui me restent contribueront à assumer mon mandat jusqu’au bout.

Vous aviez cependant menacé de démissionner. Quelles en étaient les réelles motivations ?

Effectivement, face à la situation que j’ai dépeinte tout à l’heure, j’avais décidé de démissionner parce que je n’ai jamais demandé à être maire, je n’ai jamais déposé ma candidature. Ce sont les gens qui m’ont sollicité et ce sont des gens qui m’ont dissuadé de démissionner sinon je l’aurais fait. J’ai dit ce jour-là que si je démissionne, même mon épouse ne saura pas où je suis. Je ne me suiciderai pas, mais on ne saura pas où je suis.

Avec le recul et face à la situation qui s’enlise, pensez-vous avoir pris la bonne décision ?

Il faut toujours écouter les conseils, parce que ceux qui m’ont approché, ceux à qui je m’étais confié m’ont dit que si je le fais à l’heure actuelle, ça ne rendra pas service à la commune de Dédougou. C’est pourquoi je suis resté. Mais, la menace reste. Elle reste.

Qu’est-ce que cela veut dire exactement ?

Si véritablement les choses ne changent pas fondamentalement, il n’est pas évident que j’aille au bout de mon mandat. Pour moi, l’année 2008 est une année charnière. Si les choses ne changent pas fondamentalement, la menace est là.

Mais vous n’aurez pas rendu service à la commune en démissionnant.

Si. Parce que, si je dois partir, je vais informer afin que l’on prenne des dispositions pour me remplacer. Je ne me lèverai pas comme cela pour partir. Ce que je viens de dire vient du plus profond de moi-même et c’est en toute sincérité. Je n’ai pas conçu ce mandat comme une sinécure, une activité, un domaine, une responsabilité où il faut venir se sucrer, mais comme des missions à accomplir. J’ai dit lors de mon installation que je plaçais mon mandat sous le signe de la cohésion sociale. C’est primordial. Si cet état de fait est valable pour les pays en guerre qui ne peuvent pas réussir leur développement, c’est aussi valable pour une commune où les gens passent le plus clair du temps à s’entre- déchirer plutôt qu’à construire.

En clair, vous n’avez pas été compris alors ?

Il y a des signes qui me montrent que les gens ont commencé à comprendre que ce que je dis n’est pas du bluff. Que véritablement j’ai cru en la mission qu’on m’a assignée, parce que je n’étais pas là à Dédougou au moment des querelles de clans. C’est sur cette base qu’on m’a convaincu d’accepter. Compte tenu de ma neutralité avec comme mission principale de rassembler les gens. Or, c’est précisément au sein du groupe qui m’a choisi et qui m’a accompagné qu’il y a les divergences. C’est dire que la tâche est encore immense ; elle devient incommensurable et cela pose des problèmes.

Peut-on conclure que le fauteuil du maire est redoutable ou serait-ce l’environnement du bourgmestre de Dédougou qui n’est pas sain ?

Vous avez vu juste. Effectivement, l’environnement social du maire n’est pas sain. Je ne me sens pas dans un tel climat mais j’espère que j’aurais encore le moral pour continuer de travailler.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’avoir battu campagne pour l’UPR lors des législatives 2006 ?

Je réfute ces accusations. Je n’ai donné aucune consigne ; ce sont les populations qui ont décidé de la sanction à infliger au CDP. Je n’y suis pour rien. Je reconnais avoir dit à mes camarades du CDP au cours d’un meeting à Passakongo que la région du Bwé (Nord de Dédougou qui regroupe 17 villages) est une région qui s’est sentie abandonnée et marginalisée sur le plan politique depuis des décennies. J’ai ajouté que la première fois que cette région a eu un responsable politique, c’était en 1962 à travers l’élection comme député de Diallo Amadou et en 1965, Maurice Yaméogo est venu l’insulter proprement sur la place du marché de Dédougou avec haut-parleur. Ce dernier en a été marqué et par la suite, il a plié bagage et parti en France où il est décédé. Il a fallu attendre 37 ans après (c’était en 2002) pour qu’un autre fils du Bwé soit élu comme député à travers Abel Toussaint Coulibaly.

J’ai alors dit qu’on le veuille ou non, le Bwé se reconnaît en Toussaint Abel Coulibaly parce que c’est un de ses fils de même que le Bwé se reconnaît aujourd’hui à travers l’actuel maire de Dédougou que je suis. Je reconnais aussi avoir dit qu’il y a deux choses que les gens du Bwé, qui se sont engagés dans la politique depuis 1946, n’admettent pas. L’inconstance et la trahison. Ils ont en horreur ces deux choses. Les populations de Bwé cultivent ce qu’on appelle le sens de la parole donnée. Des hommes politiques du RDA ont été chassés à Massala et à Passakongo lors d’un meeting, parce qu’ils avaient trahi Nazi Boni. Lorsque vous êtes du même parti politique et que vous vous trahissez, si d’aventure la victime est de Bwé, vous aurez contre vous toutes les régions du Bwamu et même du Dafina. Si l’information est confirmée, ils ont un réseau de communication qui leur est propre.

Tout le Bwamu est parcouru pour entendre dire qu’on a trahi notre fils, ne votez pas pour celui ou ceux qui ont trahi. J’ai également dit publiquement avoir entendu que j’avais viré à l’UPR. Si tel était le cas, j’aurais eu honte de parler publiquement parce que j’appartiens à l’ancienne génération et j’ai le sens de la parole donnée. Le fait d’avoir dit que le Bwé se reconnaît en Toussaint n’a pas été compris par certains de mes camarades qui ont commencé à faire des allégations. Et comme le président du conseil régional et moi n’avons pas été associés à la campagne, nous sommes restés chez nous parce que nous n’avons pas voulu nous présenter en intrus à l’état- major provincial de la campagne. Les paysans, en plus de ce qu’ils ont appris, ont tiré la conclusion surtout que l’UPR avait déjà devancé le CDP dans tous les villages du Bwé, le travail de riposte qui devait être fait n’a pu l’être parce que ceux à qui la direction de campagne avait confié cette mission ne connaissaient pas le terrain.

Aujourd’hui, vous restez militant CDP ou avez-vous migré vers d’autres partis ?

Il n’y a aucun doute. Je suis et reste au CDP. J’ai adhéré de moi-même au CDP depuis une décennie ; le jour où je vais démissionner, j’écrirai à qui de droit pour le lui faire savoir. Mais, jusqu’à preuve du contraire, je reste au CDP.

La mise en place des comités villageois de développement est-elle effective dans votre commune ?

Nous avons mis sur pied les bureaux de tous les villages. Cependant, il faut que le conseil municipal les valide avant que véritablement les membres élus commencent à travailler. Une session extraordinaire est prévue à cet effet.

Le redéploiement du personnel intervenu trois mois après votre installation fait et continue de faire des gorges chaudes. Y avait- il nécessité d’un tel redéploiement ?

Pratiquement à chaque session du conseil municipal, j’étais interpellé de façon agressive sur ce redéploiement de septembre 2006. Mais je n’ai jamais répondu. Le Code général des collectivités donne des prérogatives au maire dans ce sens. Nous n’avons pas, dans un élan impulsif, procédé dans la première semaine de notre arrivée à un redéploiement du personnel. Nous nous sommes accordé un temps pédagogique d’observation de trois mois au cours duquel nous avons écouté, entendu et vu parce que nous ne voulions pas de préjugé. Nous voulons voir et juger sur pièce. Nos observations ont été confirmées par des signaux d’alarme de la gendarmerie sur les agissements de certains agents, responsables des services au niveau de la mairie. Nous avons alors pris nos responsabilités et avons procédé au redéploiement du personnel pour ne pas briser la carrière de certains agents.

Ce redéploiement n’a-t-il pas créé un dysfonctionnement de l’administration communale qui, au fil du temps, s’enlisait ?

Ce dysfonctionnement existait déjà. Il existait du fait de l’agissement de certains responsables de service. A titre d’exemple, pour les déclarations de naissance, les gens défilaient ici pendant deux ou trois mois. Mais aujourd’hui, en moins de deux semaines, les demandeurs ont leurs papiers. Il faut ajouter que les déclarations de naissancen’étaient pas remises à la mairie mais à domicile.

Nos investigations ont révélé que des registres d’état civil étaient en ville, tenus par des gens à la solde du responsable. Je n’ai pas voulu faire du tapage parce que j’ai voulu protéger mon prédécesseur et l’agent. Je ne me reproche rien parce que le redéploiement était nécessaire. Maintenant, il a été interprété comme un coup de marteau politique.

N’aviez-vous pas failli en ne sanctionnant pas les travailleurs qui ont déserté la mairie à l’issue de ce redéploiement et qui continuaient à percevoir leur salaire ?

Administrativement, cela peut paraître comme une faillite. Mais nous sommes dans le domaine politique. Le redéploiement a pris une tournure politique. Pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, j’ai préféré m’abstenir de sanctionner dans un souci d’apaisement.

Seraient–ce les raisons du nouveau redéploiement en vue ? Si non dans quelle logique s’inscrit-il ?

Il s’inscrit dans la ligne directe du nouvel organigramme autour duquel le conseil municipal s’est mis d’accord. Nous avons prévu des postes qui vont répondre à la mise en œuvre de nos projets.

La grogne de la police municipale a-t-elle trouvé une solution définitive ?

L’approche pour résoudre ce problème a été une approche sociale et de conciliation sinon une situation similaire ne peut pas arriver au niveau de la police nationale. Les policiers municipaux ont changé de hiérarchie. Ils ont refusé de reconnaître l’autorité de leur commandant, des deux adjoints du maire. Lorsque le maire est absent, il y a un intérimaire. Ils ont refusé de reconnaître l’autorité du directeur régional de la police, ils ne lui ont pas rendu les honneurs. C’est inadmissible.

Leurs revendications sont –elles justes ? Le reste du personnel était aussi sur la braise estimant que leurs conditions de travail n’étaient pas des meilleures.

Leurs conditions de travail ! Nous avons trouvé les mêmes conditions de travail ; cela ne date pas d’aujourd’hui.

Oui, mais ils demandent une amélioration…

Par quel canal ? Est – ce q’ils vous ont donné la preuve qu’ils ont fait une approche dans ce sens auprès du maire. Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais vu un cahier de doléances. Ce sont ceux qui se sont sentis frustrés par le redéploiement qui ont mené des actions pour accompagner la police municipale. Nous avons fini par trouver des réponses à nos questions.

Quelles sont ces réponses ?

Que les policiers n’ont pas agi seuls. Qu’ils ont été manipulés. Cependant, il va falloir qu’ils se disciplinent parce qu’ils ont un statut particulier. Ils se sont inscrits dans une logique revendicative. Lorsqu’on parle de revendication, c’est syndical. La police municipale, en tant que corps paramilitaire, n’a pas de syndicat. Cela confirme que les policiers n’ont pas rompu avec le noyau qui les a appuyés dans leurs revendications.

Quel noyau ?

Je ne le nommerai pas. C’est un secret (Rires). Nous avons trouvé la police municipale dans un dénuement presque total alors qu’elle a été recrutée en 2002. Elle a connu les budgets 2004, 2005, 2006. La police municipale nous accompagne dans les tâches de mobilisation des ressources et de la sécurisation des citoyens. Compte tenu de cette spécificité, nous avions dit que nous voulons une police digne et à la hauteur de la commune. C’est précisément au moment où nous avons commencé à nous occuper d’elle, qu’elle sort les griffes. On ne comprend rien. Si ce n’est pas de la récupération, leur action ne s’explique pas.

La divagation des animaux dans la ville pose un véritable problème d’insécurité. Comment comptez-vous juguler ce phénomène ?

C’est un problème à caractère national. Vous avez le choix entre appliquer les textes en ignorant les réalités sociales ou bien de faire une approche prudente en tenant compte des réalités sociales. En principe, on ne devrait pas voir en divagation quelque animal que ce soit. C’est le principe. La loi est là qu’on peut appliquer à la lettre. Si vous demandez aux éleveurs d’enfermer leurs bêtes et de les entretenir 12 mois sur 12, le prix du bétail va augmenter. Et comme nos villes sont à la fois urbaines et rurales, il y a de la tolérance.

Un des responsables de l’administration communale aurait soustrait des animaux à la fourrière pour sa consommation personnelle et faire des cadeaux à des tierces. Quelle a été votre réaction ?

J’ai eu les informations au fur et à mesure. Lorsque nous avons lu l’information dans votre journal, nous l’avons convoqué dans mon bureau avec le premier adjoint. Je lui ai dit que c’est parce que nous sommes dans un pays qui compte beaucoup d’analphabètes. Si jamais quelqu’un vient nous interpeller en disant qu’il a vu un agent soustraire ces bêtes de la fourrière pour aller en faire des méchouis ou en faire des cadeaux, je le laisse entre les mains de l’intéressé et de la justice. Personnellement, les animaux qui seront vendus aux enchères, je ne veux pas l’argent a fortiori prélever à la fourrière pour aller manger.

Quels sont vos vœux de nouvel an à l’endroit des citoyens de la commune de Dédougou ?

Que Dieu mette un peu d’eau fraîche sur le cœur de chacun des citoyens afin que véritablement chacun taise ses rancoeurs et pense à la défense de l’intérêt et à la construction de la commune de Dédougou !

Propos recueillis par Serge COULIBALY

Le Pays

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