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Ouahigouya : "Il faut déterminer une banlieue pour les éleveurs"

Publié le jeudi 31 janvier 2008 à 09h56min

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La pratique de l’élevage et la construction sur l’espace public de poubelles privées en pleine ville de Ouahigouyaa sont critiquées par l’auteur des lignes suivantes. Il interpelle les autorités communales afin qu’elles mettent fin à cette situation qui fait ressembler la cité de Naba Kango à un capharnaüm.

"Tanga nord et Tanga sud, Tanga commerçant et Tanga aborigène, telle est la bipolarisation de la ville créée artistiquement par Mongo Béti dans "Ville cruelle". Malheureusement, cette fiction romanesque est toujours d’actualité en dépit du temps qui a suivi la publication de cette œuvre. Ouahigouya est une des plus vieilles villes du Faso. Mais elle est une revivification, une réincarnation, en tout cas une résurrection de la ville cruelle de Tanga.

En effet, depuis le retour de notre pays à la démocratie en 1991, nous avons vu se succéder à la mairie de Ouahigouya, Bernard Lédea Ouédraogo, Simplice Ouédraogo, Issa Joseph Diallo, et maintenant Abdoulaye Sougouri, sans qu’aucun d’eux n’eût assez de poigne pour faire face à l’élevage dans les rues des secteurs 5, 6, 8 et 9 en particulier, et tous les secteurs en général.

Nous avons perçu dans leur attitude la méfiance mais surtout le calcul de politiciens en quête de voix ; autrement dit, ils ont préféré sacrifier la sécurité des usagers que de s’attaquer à ces éleveurs indélicats. Combien de fois peut-on voir, par jour, moutons et chèvres traverser la route de Mopti et obliger les usagers à procéder à des slaloms pour retrouver l’équilibre ? Que l’on n’aille pas trouver dans cet article la main d’un opposant ou d’un militant proche du parti majoritaire. Loin s’en faut. Nous ne sommes qu’un observateur indépendant, comme le journal "Le Pays".

Au contraire, nous ne croyons même pas que les partis politiques tels que ceux dont dispose notre pays soient en mesure d’apporter des transformations utiles au bon moment et au bon endroit pour le peuple. En revanche, nous pensons, à l’instar des alter- mondialistes, que la société civile peut amener un développement humain durable à notre pays. Quel parti politique a dit non aux APE ?

Par moments, nous nous interrogeons si la ville de Ouahigouya a un conseil municipal. Nous n’irons pas jusqu’à croire qu’il est monocolore d’autant que 2 formations politiques se battent à fleurets mouchetés pour un leadership.

Du reste, la police municipale rappelle au moins que la ville a un maire ; elle qui a une drôle de façon d’assurer la sécurité des populations consistant à se cacher puis à sortir des "maquis" non pour sensibiliser mais pour pénaliser, pour verbaliser.

Rien à l’horizon du bonheur

Nous pensions que M. Abdoulaye Sougouri au moins apporterait hic et nunc (ici et maintenant) des réformes profondes susceptibles d’améliorer la vie des Ouahigouyalais. Mais, jusqu’à présent, rien ne semble poindre à l’horizon du bonheur. Partout dans la ville se dressent dans les rues soit des enclos de bétail, soit des poubelles privées souvent bâties avec des briques et dont la hauteur varie entre 15 cm et 1,20 m.

Nous n’ignorons pas le dualisme des villes africaines. Reste qu’après 48 ans d’indépendance, les éleveurs doivent sinon rejoindre la campagne, du moins aller à la périphérie de la ville pour exercer leurs activités.

Nous avons applaudi à l’unisson le départ de Issa Joseph Diallo, car il a été des plus atypiques. En effet, lors d’un lotissement, il a osé refuser les papiers légalisés par la police pour n’accepter que ceux qui l’ont été à la mairie ; il a osé refuser les versements faits à la BICIA et BIB-Ouaga pour n’accepter que ceux faits à Ouahigouya ; il a osé faire gazer les gens qui voulaient faire leur versement dans les banques à Ouahigouya ; il a osé multiplier par 2 au moins la taxe de résidence ; il a osé..., et nous en oublions.

Cependant, il est parti en laissant des traces utiles comme les feux tricolores et les marchés des secteurs 10 et 13, même si une étude n’a pas précédé leur construction.

Plaise à Dieu que la vile de Naba Kango ne reste pas après le départ de M. Abdoulaye Sougouri une reproduction de Tanga dans "Ville cruelle" où la route de Mopti ne serait qu’une démarcation entre Tanga riche et Tanga pauvre ; entre Tanga à élevage anarchique à l’est et Tanga propre à l’Ouest. Nous concédons que le Yatenga est une province dont l’élevage occupe une place de choix. Cette activité est même porteuse et/ou bénéfique pour tous les pauvres en quête d’emploi. Si le guichet unique dont dispose la ville de Ouahigouya est apparu comme une panacée, il reste que les associations et les structures organisées évoluant dans l’élevage ne devraient jamais perdre de vue que dans la ville, la zone commerciale ne saurait servir de cadre approprié pour une telle œuvre.

Comme l’on ne peut pas faire d’omelettes sans casser des œufs, nous proposons aux différents maires en général, et au nôtre en particulier, à défaut de faire une ZACA à Ouahigouya, de déterminer une banlieue pour les éleveurs, toutes choses nécessaires pour la fluidité de la circulation dans cette ville moyenne en pleine expansion grâce à la Coopération suisse."

Korka Diallo

Le Pays

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