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Saint-Sylvestre à Sya : L’année 2008 accueillie avec joie et enthousiasme

Publié le vendredi 4 janvier 2008 à 08h58min

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Comme les années antérieures, Bobo-Dioulasso a célébré avec faste, le passage de l’année 2007 à 2008. Un peu partout en ville, des coups de pétards et des feux d’artifice ont marqué minuit au cours du réveillon de la Saint-Sylvestre. Que ce soit au gouvernorat, à la Place de la mairie, dans les boîtes de nuit, les maquis, les familles et certains “ grins ”, l’ambiance a atteint son paroxysme aux “ 12 coups de minuit ” annonçant la naissance de 2008.

Les corps constitués avec à leur tête, le gouverneur de la région des Hauts-Bassins ont vécu à leur manière, les derniers instants de 2007, loin des rythmes endiablés des discothèques et des bars-dancings. Directeurs, chefs de projets et autorités administratives et militaires étaient presqu’au grand complet dans la résidence du gouverneur pour vivre ensemble et dans la plus grande convivialité, la transition en 2008. A 23 h déjà, la salle des banquets nouvellement aménagée dans la résidence du gouverneur, accueillait du monde. Une heure plus tard, la sirène de la commune retentissait. Il est minuit, une nouvelle année de commence. Des accolades accompagnées de voeux “ bonne année ” et des cris de joie fusaient de partout. Cette bonne ambiance sera interrompue brièvement par l’annonce de la toute première intervention de l’année 2008, du gouverneur, annonce faite par le directeur régional de la Promotion de la femme, Assane Badini en tant que doyen des corps constitués. Le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Bêbrigda Mathieu Ouédraogo a d’abord salué ces retrouvailles entre autorités de la ville qu’il a qualifiées de républicaines. “ Merci d’être venus parce beaucoup auraient pu aller fêter ailleurs ”, a-t-il déclaré.

L’année 2007 a été difficile dans la région des Hauts Bassins, a-t-il dit, faisant allusion aux calamités naturelles, notamment aux inondations qui ont mis plus de 10 000 personnes hors de leurs habitations. Mais cette fois encore, la chaîne de solidarité n’a pas failli. C’est pourquoi le gouverneur a salué les efforts consentis de part et d’autre, et surtout l’abnégation au travail des producteurs, qui ont permis de couvrir les besoins en céréales. “ Personne ne peut être heureux quand ailleurs les gens vivent dans la misère ”, a indiqué le gouverneur avant d’exhorter ses administrés à cultiver les vertus de la solidarité et de la citoyenneté et à exploiter au maximum ce qu’il y a de potentiel dans la région. Pour ce faire, il a invité l’ensemble des acteurs au développement à “ former un corpus ”. Après ces propos pleins de symboles, ce furent les réjouissances. Le gouverneur et son épouse ont ouvert le bal. Ils ont été vite rejoints sur la piste de danse par les invités. Le champagne, le buffet bien garni et les sonorités actuelles et des temps anciens font monter les décibels. Au petit matin alors que l’ambiance était toujours survoltée en ville, au gouvernorat par contre, sous le poids de la fatigue, les danseurs désertaient la piste qui accueillait de moins en moins de candidats. On préférait alors deviser par-ci, par-là, debout ou assis, toujours un verre à portée de main.

Des feux d’artifice à l’Hôtel de ville

L’Hôtel de ville de Bobo-Dioulasso a grouillé de monde pendant la nuit de la Saint-Sylvestre. Le maire de la commune, Salia Sanou, les maires d’arrondissements, les conseillers municipaux, les députés de la province, les partenaires de la commune et un grand public ont assisté au réveillon organisé par la commune à la Place de la mairie pour marquer le passage de 2007 à la nouvelle année 2008. Une vingtaine d’artistes et de troupes musicales ont tenu le public en haleine pendant plus de 6 heures d’horloge. Madess, Adji, Floby, Diabaté et sa petite sœur, le Trio inséparable + 1, ont fait danser le public dans leurs rythmes endiablés et sous le crépitement des pétards qui s’amplifiait au fur et à mesure qu’on s’approchait de 00 heure. A cette heure précise, la sirène retentit ! L’Hôtel de ville s’illumina de feux d’artifice. Les accolades succédèrent aux accolades assorties de vœux du nouvel An. Le maire Salia Sanou prend alors la parole pour livrer son message, le tout premier qu’il prononce en cette année 2008.

A cette occasion, l’édile exprime sa reconnaissance à tous ceux qui l’accompagnent dans la réalisation de son mandat et dresse le bilan de l’année 2007. Il relèvera que l’année en question, a été marquée par de nombreuses concertations sur les voies et moyens du développement de Bobo, par les élections législatives qui se sont déroulées dans un climat serein, par les visites du président du Faso et du Premier ministre, par le démarrage de certains chantiers et par le soutien aux populations victimes d’inondations. Pour le maire Salia Sanou, beaucoup reste encore à faire. De ce fait, il invite les uns et les autres à redoubler d’effort pour la relance économique, sociale et culturelle de la ville de Sya. Le traditionnel réveillon de la commune de Bobo-Dioulasso s’est poursuivi jusqu’aux environs de 2 heures du matin avant que les gens ne se séparent.

Embrassades et explosions de joie au “Tarkaye”

Au “ Tarkaye”, l’un des maquis les plus prisés de la ville de Bobo-Dioulasso, la transition entre l’année 2007 et 2008 s’est passée comme le veut la tradition en ces circonstances. Accolades, souhaits de meilleurs vœux (santé, succès, prospérité, longévité…) et détonations de pétards ont marqué l’instant décisif : minuit tapant. Mais avant ce moment tant attendu, les lieux grouillaient de monde quand nous y sommes arrivés aux environs de 23 h 40. L’année 2007 agonisait. L’entrée principale du maquis est noire de fêtards. L’excitation des uns et des autres est visible. On se bouscule pour payer le ticket d’une valeur de 1 500 FCFA qui donne accès au “ Tarkaye ” en cette nuit assez spéciale de la St- Sylvestre. Personne ne veut rater l’occasion de s’éclater et aborder de fait l’année 2008 dans la bonne humeur.

Et c’est là que Madou Traoré, un habitué du “ Tarkaye ”, est venu vivre les instants de bonheur avec sa bien-aimée et des amis. “ Je souhaite la prospérité et la paix pour mon pays, le Burkina ”, a-t-il lâché aux premiers instants de la nouvelle année , tout occupé à savourer les belles sonorités du faiseur d’ambiance de son maquis préféré, DJ Soul qui a fait danser plus d’un jusqu’ à l’aube.

Avant cette virée au “Tarkaye ”, nous nous étions d’abord rendus à l’une des rues de Sya pas comme les autres. Il s’agit de celle jouxtant le maquis “Le Hibou”, un autre “ temple de joie ” très fréquenté par les Bobolais. Ce “ couloir de l’ambiance”, serait-t- on tenté de dire, situé à deux pas de l’Hôtel de ville, est en effervescence tous les week–ends car bordé de bars et maquis. Inutile donc de vous dire que la nuit de la St-Sylvestre a été féerique à cet endroit. Il est 23 heures passées de quelques minutes quand nous arrivons à ce centre névralgique des nuits bobolaises. On se croirait dans un marché. C’est une foule des grands jours de réjouissances. Le tohu-bohu des mobylettes et des voitures se mêle au brouhaha des fêtards. Les coups de klaxons fusent de partout. La fièvre de la fête a atteint son paroxysme ici. Si certains en famille ou en amoureux ont pris place dans un bar ou maquis pour s’évader, d’autres qui n’attendaient que leur arrivée font tourner leurs affaires.

L’occasion est très belle pour se faire de l’argent. Pendant que les vendeurs de poulets braisés et autres grillades, à l’image des frères Simporé installés en face de “Le Hibou ”, reçoivent des commandes à n’en pas finir, ceux des pétards fouinent à la recherche d’éventuels clients. On nous a même proposé d’acheter des pétards à 750 ou à 1000 FCFA selon le nombre de coups de détonation de la “ bombe ”. Une proposition que nous avons gentiment déclinée pour la simple raison que nous ne tolérons pas l’usage des pétards, quelles que soient les circonstances. C’est également dans ce “ couloir de l’ambiance ” qu’une famille de mendiants est venue chercher de quoi subsister et non pour fêter comme les autres. Ainsi va le monde !

Un réveillon convivial dans les domiciles et les “ grins ”

Certaines personnes ont préféré une nuit de la Saint-Sylvestre entre amis dans des domiciles ou des “ grins ” (lieux de rencontre et de causerie entre gens d’une même génération). Ils trouvent cette formule plus conviviale et comportant moins de risques d’accidents. Ainsi, de Sarfalao (secteur n°17) à Colma (secteur n°11) et de Kodéni (secteur n°20) au secteur n°25, les domiciles et les “ grins ” de la ville de Sya où les gens ont réveillonné, ont vibré pour marquer le passage de 2007 à 2008. A minuit, une grande clameur, accompagnée de pétards, a accueilli la nouvelle année. Les appareils de musique ont lâché dans la foulée l’inusable morceau “ Bonne année, bonne année ” de Sam Mangwana.

La grande particularité du réveillon de la Saint-Sylvestre dans les “ grins ” a été la présence de postes téléviseurs connectés à des lecteurs de Compact discs (CD) qui diffusaient les clips des chansons les plus prisées du moment à Bobo-Dioulasso.

Du select au 421

La boîte de nuit de l’Hôtel 421 est connue pour être le lieu de fréquentation des Bobolais d’en haut, selon la formule rendue célèbre par l’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin. Le prestige de cette boîte, doublé du droit d’entrée touristique, dissuasif a filtré naturellement les entrées. Du coup, en cette nuit du 31 décembre 2007, l’ambiance carnavalesque de la ville en proie à la fièvre festive tranchait d’avec celle du night-club du 421. Au lieu de “ se mettre sur leur 31 ” et de “ se fâcher ” comme on dit de ceux qui choisissent de rompre avec l’ordinaire en tout point de vue, le temps de la fête, là-bas était entre gens bien, en groupe ou par couple autour d’une bonne table sous la lumière tamisée de ce cadre enchanteur.

C’est lorsque la sirène annonça minuit, au rythme du sempiternel “ Bonne année, bonne année ” de Sam Mangwana et “ Taper dans mon dos ” de Magic System en vogue actuellement, que la piste de danse auparavant déserte commença à se noircir de monde. De la musique pour réchauffer les cœurs, et une petite danse pour rapprocher les corps. On se souhaite réciproquement ce qu’il y a de mieux pour l’année 2008.

Dehors, au milieu du concert de pétards et des vrombissements, un talibé de 5 ans luttant pour se couvrir de ce qui reste de ses vêtements contre le froid glacial se demande si les Bobolais sont devenus fous. La fête, connais pas ! Cela s’est surtout révélé quand nous avons fait un tour au Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou (CHUSS). A mesure que la boisson coulait, la cadence des rotations des pompiers s’emballait (5 véhicules mobilisés pour les interventions) et la liste des blessés admis aux urgences s’allongeait. “ A chaque heure au moins, nous déposons un blessé aux urgences ”, nous a précisé Ali Ouédraogo de la 2e compagnie de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers. En notre présence au CHNSS, ils y ont transporté un blessé touché à la cuisse par balle suite à un braquage dans la zone des écoles. Nous apprendrons après, l’arrestation de l’un des bandits.

La mobilisation et la présence discrètes des forces de sécurité aux coins des rues a calmé l’ardeur des trouble-fêtes. Les autres cas d’urgences étaient essentiellement le fait de coups et blessures volontaires selon l’infirmier de service, Siébou Hien. Jusqu’au moment de notre passage à 0h 35 mn, on ne déplorait pas de perte en vies humaines. A la maternité du CHUSS, deux fillettes sont venues au monde respectivement à 23 heures, et 23 heures 30 mn . Il n y a donc pas eu de bébé 2008, a regretté Désiré Sié Dah, l’infirmier de garde. Peut-être que les fillettes ont, elles aussi, voulu être de la fête !

La Rédaction/Bobo


Les sapeurs-pompiers très sollicités

Les fêtes de fin d’année attendues avec joie sont pourtant redoutées du fait des excès d’alcool, des cas de vols, d’agressions et d’accidents qu’elles entraînent. Cette fois-ci encore, il y a eu des victimes à Bobo-Dioulasso. En effet, dans la nuit de la Saint-Sylvestre, les sapeurs pompiers ont dû sortir 28 fois pour secourir des personnes en détresse contre 24 en 2006. Sur ces 28 cas d’interventions, on relève 18 accidents de la circulation dont une perte en vie humaine et 7 secours à victimes. Dans le même temps, les soldats du feu ont enregistré une fausse alerte et 2 alertes motivées, c’est-à-dire des cas où les victimes n’ont pas été évacuées.

Le lendemain 1er janvier, un dispositif renforcé à la BNSP a permis de secourir, selon le lieutenant Moctar Haïdara Taboré, 36 personnes. Ce chiffre se décompose ainsi : 26 cas d’accidents dont un décès, 7 secours à victimes, un cas d’incendie, une alerte motivée et une autre qui s’avèrera fausse. Pour faire face à cette forte sollicitation, le patron des pompiers a dû “ réveiller ” deux ambulances auparavant sur cale, portant ainsi le nombre de ces véhicules à quatre. C’est dire que les soldats du feu n’ont pas du tout chômé pendant ces fêtes de fin d’année, preuve s’il en était besoin, que les innombrables appels à la prudence n’ont pas été suivis.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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