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Déguerpissement au secteur n°30 de Ouagadougou : La grogne de la population

Publié le jeudi 18 octobre 2007 à 07h22min

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La population du secteur n°30 grogne... Et pour cause ? La mairie de Bogodogo, suite aux travaux d’aménagement d’une voie, a procédé, mercredi 17 octobre 2007, à la démolition des maisons qui sont situées sur la future voie.

"Nous ne bougerons pas. Ces maisons seront nos tombes, " a scandé la population riveraine du marché "Tang bogdin yaar" du secteur n°30, le mercredi 17 octobre 2007. Les bulldozers qui ont été envoyés démolir les maisons de ceux qui vivent dans la zone non-lotie du secteur n°30 et qui refusent de déguerpir ont rencontré la résistance de la population. Ce refus de la population de quitter les lieux tient du délai court accordé par la mairie.

"Il y a environ deux semaines que nous avons été informés de la démolition de nos maisons. C’était un lundi et le maire nous a dit que la démolition commencerait mercredi. Donc un délai de trois jours qui a été repoussé à aujourd’hui 17 octobre", du comité de crise mis en place par la population. Selon M. Lankoandé, ils ont essayé de rencontrer le maire en son temps pour discuter du délai, mais personne n’ a voulu les écouter. "On ne nous a pas montré de parcelles parce que les paysans auraient toujours leur mil sur les terrains. On nous dit d’attendre la fin des récoltes. Ces paysans ne sont pas plus Burkinabè que nous" , poursuit M. Lankoandé. La population est convaincue que les responsables de la mairie veulent garder par devers eux un fonds de dédommagement que l’Agence française pour le développement (AFD) aurait débloqué.

Des leaders du comité de crise affirment avoir rencontré le directeur de l’AFD qui leur aurait dit avoir décaissé l’argent. La condition pour qu’ils déguerpissent, c’est leur montrer les parcelles et les dédommager. Et pour montrer leur détermination, des militaires armés, habitants la zone non-lotie, soutenaient les manifestants. Ils étaient prêts à affronter la police nationale et municipale et la gendarmerie qui protégeaient les démolisseurs. Entre ceux qui menaçaient le maire de destitution car étant élu par eux, il ya ceux qui tenaient un discours plutôt conciliant. C’est l’exemple du Abontin Awê : "J’ai douze personne en plus de ma mère chez moi. A l’heure actuelle, je ne sais pas où les caser. Je demande aux autorités de nous accorder un peu de temps. Sinon, ils vont révolter les gens". A la mairie, le premier responsable de l’arrondissement de Bogodogo, Mme Drabo née Ouédraogo Zénabou nie toutes les accusations de la population. Selon elle, il y a des instigateurs qui soulèvent la population.

Les conseillers ont fait du porte-à-porte pour leur remettre les papillons et les inviter à venir constituer des dossiers et à chercher des logements. "Nous leur avons dit de patienter jusqu’à la fin des récoltes pour identifier leur terrain. Car il faut être humaniste en ne détruisant pas les champs des paysans. Mais pour ceux qui ne nous croient pas, ils pouvaient aller verser 6000 F au cadastre pour qu’on leur montre leur parcelle", a soutenu Mme Drabo. A propos du financement et du dédommagement, le maire pense que la population a été mal informée. L’AFD a débloqué plus d’un milliard pour faire des voies et de l’assainissement. Pour le maire de la commune de Ouagadougou, il n’y a pas de raison pour que les travaux s’arrêtent. La population, dit-il, a été informée du déguerpissement.

Certains même auront des parcelles alors qu’ils n’y avaient pas droit. Ils sont installés de façon illégale. "Je pense que quand on est dans cette situation, on doit savoir négocier et demander la clémence des autorités", a dit Simon Compaoré. D’autant plus que la route profitera à tous. Il est donc indispensable, selon eux, que les travaux se poursuivent. A notre arrivée, les bulldozers étaient déjà partis sous escorte policière.

Jonathan YAMEOGO
(Stagiaire)

Sidwaya

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