LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Henri Kobizara, maire de Pô : "Ce n’est pas une rébellion mais nous refusons l’injustice"

Publié le lundi 27 août 2007 à 08h31min

PARTAGER :                          

Henri Koubizara

Mr Henri Kobizara, le maire de Pô depuis les élections municipales de 2006, est manifestement un homme qui est attaché à sa ville et qui veut son développement. A l’occasion d’un séjour à Pô, nous avons pu lui poser quelques questions. Voici ses réponses.

San Finna : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mr Henri Kobizara (H.K.) : Bonsoir à tous les lecteurs de San Finna. Je vous remercie pour cette possibilité de m’adresser à vos lecteurs. Je suis donc Henri Kobizara, Ingénieur Hydraulicien, agent donc de l’Office national de l’Eau et de l’Assainissement. Depuis mars 2007, je suis le Maire de la commune de Pô.

San Finna : Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt, les différentes péripéties quant à votre élection. Quel commentaire en faites-vous ?

H.K : Comme vous le savez, on était beaucoup habitué à une situation pratiquement de monopole de la mairie de Pô. Beaucoup n’entendaient un changement surtout un changement qui ne soit pas du parti de la majorité. Cela semblait quelque chose qu’il ne fallait pas accepter. Il fallait donc faire violence à la démocratie malgré tout ce que nous avons fait, malgré toute l’opposition de la population.

Nous avons souhaité que les choses ne soient pas perturbées parce qu’en réalité, notre problème à Pô, ce n’est pas une question de parti mais une question de personne. Seulement, nous avons besoin de nous organiser pour mieux développer notre localité. La politique est ce qu’elle est, les gens ont troublé l’ordre des choses. Nous sommes repartis aux élections et je pense que la population a tranché.

San Finna : Pô, ville rebelle, dit-on : mythe ou réalité ?

H..K. : C’est vrai qu’à Pô, ce n’est pas une rébellion mais seulement nous refusons l’injustice. C’est peut-être que nous disons haut et fort ce que les autres pensent bas. La culture Masseina fait que nous disons les choses de façon crue les choses telles qu’elles sont.

San Finna : Quel bilan faites-vous après votre installation à la mairie de Pô ?

H.K. : Comme vous le savez, c’est depuis mars que nous présidons aux destinées de cette mairie. Nous sommes en train de réorganiser l’administration communale ; nous avons adopté un organigramme, nous avons désigné les responsables de sections, ce qui n’était pas le cas. Il y a la situation du personnel qui demandera à être revue pour donc se conformer aux textes.

Il y a aussi les actions de développement que nous sommes en train de mener. On avait à l’époque pris des contacts avec des partenaires au développement, il faut les relancer.. Voilà un peu ce que nous faisons. Mais déjà, avec l’éclairage public, nous pensons que cela est un pas de géant et je pense pour tout dire que les choses sont en train de se mettre petit à petit en place.

San Finna : Parlez-nous de la vie sociopolitique de cette cité

H.K. : Vous savez, dans notre contrée, c’est à la veille des élections qu’il y a un bouillonnement politique. Actuellement, il n’y a pas assez d’activités politiques, après les municipales et les législatives. Les choses sont actuellement au point mort.

San Finna : En votre qualité de bourgmestre de la ville, qu’est-ce qu’il faut véritablement pour impulser le développement de Pô ?

H.K. : Nous sommes en train de réfléchir à ce que nous devons faire. Je disais tantôt à des amis que le président Blaise Compaoré disait que le Burkina dit être un pays émergent. Hé bien : nous, nous disons que Pô doit être un pôle émergent. Pô est une ville où il y a beaucoup de potentialités. En ressources naturelles, nous avons plein de fruits sauvages qui peuvent être transformés en jus et même en liqueur, pourquoi pas ? En matière d’environnement, nous avons une belle nature et de la faune également. Il nous faut développer le tourisme et à ce niveau précis, nous avons des contacts et élaboré des sites touristiques. Je lance un appel à tout opérateur pour investir dans la ville de Pô, une ville frontalière, une ville qui accueille 80 % des touristes qui séjournent au Burkina Faso. Ce qui est sûr, ceux qui vont investir ne vont pas le regretter.

San Finna : Beaucoup d’eau a coulé sous le pont de la désinformation quant à l’assise de votre parti dans le Nahouri. Qu’en dites-vous ?

H.K. : Il faut reconnaître que j’ai intégré le Parti africain de l’indépendance (PAI) il n’y a pas longtemps. Le PAI était dans la commune, dans la province mais était très embryonnaire. Quand j’ai commencé à militer dans ce parti, avec les camarades qui sont sur place, nous avons adopté des stratégies pour nous implanter. Il nous fallait donc réfléchir. Nous nous sommes donc fait remarquer aux municipales et nous battons pour voir dans quelle mesure nous pourrions affronter les prochaines législatives.

San Finna : Quel message avez-vous à l’endroit de la population ?

H.K. : Je voudrais tout simplement dire à la population de dépasser certaines querelles inutiles pour se dire qu’il n’y a pas plus fils de Pô que quelqu’un d’autre. Je crois que chacun à son niveau a quelque chose à apporter. Il faudrait que chacun puisse apporter ce qu’il peut pour que nous puissions avancer. Quand vous regardez la commune de Pô, elle ne mérite pas d’être à ce stade de développement, et quand on vous dit que c’est après quelques mois que nous avons l’éclairage public, vous n’en croyez pas vos oreilles. Nous sommes en quête d’infrastructures hôtelières et autres. Et je suis sûr que si les filles et fils de Pô se retrouvaient à Pô pour prendre des décisions de développement, nous ferions un grand tout. Je crois qu’on a intérêt à regarder ailleurs, comment les autres font et faire comme eux. Je pense qu’après les élections notre seul objectif reste le développement.

San Finna : Votre coup de gueule ?

H.K. : C’est le niveau de développement auquel la commune se trouve. Une commune urbaine et bientôt la 3ème mandature : nous caracolons dans les 60 millions FCFA de budget. Vous voyez que cela ne peut rien faire du tout, et surtout que la moitié part déjà en personnel. C’est vraiment demander que les fils de Pô réfléchissent par deux fois à cette situation.

San Finna : Votre coup de cœur ?

H.K. : Je me rends compte que notre commune regorge de potentialités.

Seydou Diabo

San Finna

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km