Il est 9 heures ce mercredi 22 août, quand Sitti Ayayivi arrive au siège de la Société de distribution de gaz (SODIGAZ). Il est venu se renseigner sur la disponibilité des bonbonnes de gaz butane de 3 kg. « Ça fait deux semaines que j’envoie la servante pour charger la bonbonne de gaz, mais elle est chaque fois revenue me dire qu’il n’y en avait pas chez les revendeurs. J’ai donc décidé de venir moi-même à SODIGAZ pour en avoir le cœur net », a-t-il confié. C’est son jour de chance puisqu’il reste une seule bonbonne de gaz butane de 3 kg disponible, mais il n’a pas apporté la sienne.

L’agent qu’il trouve sur place le rassure en lui disant qu’il la lui réserve. 30 minutes plus tard, il revient avec la bonbonne vide qu’il échange contre une autre pleine en lâchant un sourire qui en dit long sur sa satisfaction d’avoir enfin pu avoir du gaz butane. Ce n’est malheureusement pas le cas d’Hamidou Derra, un vigile envoyé par son patron à la SODIGAZ pour avoir une bonbonne pleine de 6 kg. « Il n’y a toujours pas de gaz », lui lance par la fenêtre un agent.

La bonbonne reste donc attachée au porte-bagages de sa bicyclette. Le vigile est dépité parce que cela fait bientôt un mois qu’il ne parvient pas à l’échanger.
La coordonnatrice régionale de la SODIGAZ, Mariam Boly, affirme que : « C’est depuis la première décade du mois d’août qu’on rencontre des problèmes d’approvisionnement en gaz à partir de la SONABHY (ndlr : Société nationale burkinabé d’hydrocarbures) ».

La conséquence de cette pénurie, c’est « l’approvisionnement au compte-goutte », puisque Mme Boly affirme : « On reçoit de toutes petites quantités ». C’est la même rengaine chez les autres marketeurs, c’est-à-dire TOTAL et ORYX même si le chef d’agence de TOTAL Bobo, Ernest Toé estime que : « Actuellement, ça va beaucoup mieux ».
Le directeur régional de la SONABHY à Bobo-Dioulasso, Hyppolite Bassolé explique que cette pénurie de gaz butane est générale à la sous-région ouest-africaine.

Un problème national d’origine sous-régionale

« Cette pénurie date du mois de juillet, mais comme la SONABHY a des capacités de stockage assez importantes (200 tonnes pour le dépôt de Bobo-Dioulasso), ce n’est qu’à partir de ce mois d’août que le consommateur l’a ressentie », ajoute le directeur régional. Les camions de transport de gaz butane auraient été en attente pendant 45 jours à Cotonou au Bénin où la SONABHY s’approvisionne en grande partie.

La pénurie aurait été accélérée dans la ville de Sya en raison d’une sortie importante de bonbonnes de gaz vers des pays voisins. « Cela a porté la moyenne journalière d’approvisionnement en gaz butane à plus de 20 tonnes par jour contre 10 tonnes en temps ordinaire », précise M. Bassolé.

En effet au dépôt de gaz de la SONABHY, les commandes du 22 août ont été respectivement de 7,943, 7,761 et 9,271 tonnes de gaz butane pour TOTAL, ORYX et SODIGAZ, soit un total de 24,975 tonnes. « Elles étaient de 19 tonnes pour ces mêmes marketeurs le 21 août », affirme le responsable du dépôt, René Zakané. Le 16 août par contre, la SONABHY n’a servi personne en gaz butane.

Au dépôt, plusieurs camions attendaient en effet d’être ravitaillés en bonbonnes de toutes tailles pendant qu’un camion citerne était vidé de son contenu de gaz butane. « Le problème, c’est que tout le monde veut le maximum en même temps », confie le directeur régional qui estime que les choses commencent donc à rentrer dans l’ordre.

Urbain KABORE

Sidwaya