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Cité SOCOGIB de la Patte d’oie : La sécurité des habitants menacée

Publié le vendredi 10 août 2007 à 07h23min

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Henri S. Kaboré, 2e adjoint au maire de Bogodogo

La cité SOCOGIB de la Patte d’oie, en face du Centre de contrôle de véhicules et automobiles (CCVA) à côté de la gare Ouaga-inter, est devenue le lieu de stationnement et de chargement de gros camions (poids lourds).

Une équipe de Sidwaya s’est rendue sur les lieux, le mercredi 8 août 2007, pour constater le désordre en passe de menacer au quotidien, la sécurité des riverains.

Il est 14h 45 mn, lorsque nous arrivons à la cité de la Patte d’oie, au secteur n°15 de Ouagadougou, mercredi 8 août 2007. A son côté Est, de grosses remorques sont garées de part et d’autre d’une voie non bitumée parallèle à l’avenue des Tensoba. A bord des véhicules, se trouvent des marchandises et des passagers. Un des conducteurs de camion, Tibé Douti, qui s’apprête à partir au Togo, confie : "J’ai marqué un arrêt ici, juste pour prendre des bagages. Nous avons l’habitude de compléter notre chargement ou bien de manger avant de prendre la route pour l’extérieur du Burkina.

En stationnant à Ouaga-inter, nous sommes obligés de payer des taxes qui s’élèvent à 1500 F CFA. Ici non". Comme Douti, nombre d’autres routiers : maliens, ghanéens, togolais...stationnent dans les allées de la cité, obstruant la route principale permettant aux habitants de la cité de regagner la ville. "Mes enfants ont failli se faire écraser par un chauffeur en pleine manœuvre de marche arrière," s’est plaint un habitant de la cité Jean-Claude Bonkoungou. De son avis, la cité est devenue une gare. "J’étais obligé de chasser des passagers et des vendeuses de devant ma porte," a-t-il ajouté.

Pourtant, ceux-ci étaient encore sur les lieux. Certains vendent des cigarettes, des oranges et d’autres petits articles, pendant que d’autres encore ont installé des restaurants. Le voisin de M. Bonkoungou, Rasmané Dabo lui, n’a pas eu beaucoup de chance. Le 6 mai 2007, un apprenti-chauffeur ghanéen a heurté sa boutique, blessant gravement six occupants du local et occasionnant des dégâts matériels importants.

Ainsi, des cas de fractures et de traumatisme crânien ont été enregistrés. "J’ai déboursé plus de 150 000 F CFA pour soigner les miens, sans le soutien financier de l’auteur du crime, pas même moral," a-t-il dit avec amertume. Une habitante de la cité, Mme Ouédraogo Madeleine, a également été victime de ces stationnements.

Elle est restée deux semaines à la maison pour se soigner. En effet, elle se rendait à mobylette à son lieu de travail lorsqu’elle est rentrée en collision avec un autre usager de la route. Ceci parce que les deux usagers n’ont pas pu se voir à temps à cause des camions stationnés.

Des stationnements dangereux

"Il y a trop de bruits dûs à l’arrivée et au départ des camions, aux bavardages des commerçants et autres badauds," a fait savoir M. Boukoungou. La cité est hantée par des délinquants de tout accabit. "A deux reprises nous avons surpris des voleurs en train de s’emparer de marchandises déchargées," a affirmé M. Bonkoungou. Par ailleurs, les riverains craignent pour l’éducation de leurs enfants. Il est en effet ressorti de leurs propos que certaines personnes profitant du grand nombre de véhicules en stationnement et de l’obscurité, se livrent à des relations sexuelles en plein air.

Selon Hady Cissé, un des résidents de la cité, à partir de 3h du matin, on ne peut plus dormir car "les camionneurs, démarrent leurs engins, les font "hurler" et klaxonnent à qui mieux mieux". Pendant que les victimes sus-citées racontent, chacune, sa mésaventure liée d’une manière ou d’une autre à la présence de ces engins dans la cité, un jeune homme observe à distance. Il s’agit de Patrice Traoré, l’organisateur de "tout le "Show".

"Je suis celui qui a organisé tout ce qui se passe ici depuis déjà quatre ans," a-t-il expliqué. Au début, il achetait avec quatre autres personnes, des oignons qu’il stockait pour acheminer au Togo, au Bénin et au Ghana par des camions remorques. Nous avons été amenés au fil du temps à inclure le transport des passagers pour combler les déficits de marchandises, lesquelles varient en fonction des périodes de l’année, a déclaré Patrice Traoré. Pour lui, le chômage justifierait leurs activités. "C’est parce que nous n’avons rien à faire que nous nous adonnons à ce travail". J’ai une femme et quatre enfants à nourrir.

Que faire ? Ceux qui veulent nous en empêcher sont contre nous car nous cherchons de quoi avoir juste à manger parce qu’il faut bien que nous vivions de quelque chose”, s’est justifié M. Traoré. L’empêcher d’excercer ce travail revient à lui en chercher un autre systématiquement.

Les autorités communales face au problème

Une délégation des habitants de la cité est allée voir le père du jeune Traoré, dans le but de trouver une solution à l’amiable. Initiative qui s’est soldée par un échec. Toute chose qui a amené les habitants à adresser une pétition signée de 45 personnes à la mairie de Bogodogo, le 21 mai 2007. La même année, une lettre ouverte lui a été adressée dans le but de trouver une solution au problème. Mais de l’avis des populations, jusqu’ici, rien ne semble inquiéter Patrice et ses compagnons. A la mairie de Bogodogo le 2e adjoint au maire, Henri Kaboré a déclaré ne pas être au courant d’une pétition déposée par les habitants de la cité, relative au problème de stationnement des camions.

Le responsable du détachement de la police municipale à la mairie a indiqué : "Vous savez, nous avons eu à intervenir plusieurs fois dans cette zone (cité SOCOGIB) mais dès que nous tournons le dos, le même désordre s’installe à nouveau". "C’est comme cela à Ouagadougou", a-t-il conclu. "Il faut vous rendre à la direction de la police municipale qui aurait probablement reçu la pétition des habitants de la cité SOCOGIB", a suggéré le policier.

Séraphine SOME
Abdoulaye SERE
Jean-Baptiste OUEDRAOGO


Attend-on le pire pour agir ?

Des accidents, des vols et des actes d’immoralité de tous genres. Tel est le quotidien des problèmes auxquels sont confrontés les habitants de la cité SOCOGIB de la Patte d’oie. Elle est visiblement devenue une gare routière depuis 2004. Doit-on attendre le pire avant de chercher à résoudre le problème ?

Il n’y a pas de sot métier, dit-on mais il y a assurément des métiers dangereux qui sont en marge de toute légalité. Le hic est que ceux-là même qui sollicitent le suffrage de la population tout en lui promettant monts et merveilles semblent ne pas s’en préoccuper. Se porter garant de la gestion de la cité commande qu’on soit soucieux des problèmes des populations, ce qui ne semble pas être le cas des autorités communales.

De toute évidence, le problème de gestion dans les communes se pose. L’arrondissement de Bogodogo étant désormais informée qu’une pétition a été déposée depuis le 21 mai 2007, (pétition dont elle ignorait l’existence), alors, les habitants de la cité SOCOGIB de la Patte d’oie peuvent espérer une intervention salutaire en vue de solutionner leur problème.

S.S.
A.S.
J-B.O

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