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M. Roger Dehaybe : "Ouagadougou constituera une étape importante dans la vie de la Francophonie"

Publié le mercredi 19 mai 2004 à 07h42min

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Présent à Ouagadougou dans le cadre des ateliers et séminaires préparatoires au Xe Sommet de la Francophonie, M. Roger Dehaybe, administrateur général de l’Agence internationale de la Francophonie (AIF) se prononce sur l’importance du rendez-vous burkinabè dans la vie de l’institution et son implication dans la résolution des conflits.

Sidwaya (S.) : Dans quel cadre êtes-vous actuellement au Burkina Faso ?
Roger Dehaybe (R.D.) : Je suis venu voir des amis.

D’ailleurs, je viens souvent dans ce pays rencontrer des partenaires importants de la Francophonie. Mon séjour actuel s’explique par la préparation du sommet qui se tiendra en novembre prochain . Dans ce cadre, nous organisons une série d’activités que nous appelons "Activité d’environnement du sommet". Pour l’année 2004, toutes les actions sont axées sur les domaines de l’énergie, de l’économie et de la culture ici au Burkina Faso. Cette semaine, il n’y avait pas moins de trois évènements organisés et soutenus par l’Agence internationale de la Francophonie. Sont de ceux-là, un séminaire sur l’économie, l’énergie, le congrès syndical francophone et la semaine des acteurs nationaux sur le NEPAD. Je suis à Ouagadougou pour participer à ces travaux et pour écouter les conclusions des uns et des autres.

S. : Quelles leçons tirez-vous des conclusions de ces rencontres ?

Roger Dehaybe

R.D. : Participer à ces rencontres, c’est déjà apporter sa contribution à la réflexion des chefs d’Etat et de gouvernement sur le thème du Sommet de la Francophonie.

Il est clair que la problématique de l’énergie est une des composantes du développement durable.

Si je pense également au congrès syndical, je crois que le développement durable ne peut pas se faire avec le gouvernement seulement . Il faut l’implication de la société civile. C’est ce que les syndicats ont voulu réaffirmer à travers leur rencontre de Ouagadougou.

En ce qui concerne le NEPAD, plus qu’un projet de développement, c’est un esprit basé sur des investissements, des infrastructures. C’est une composante importante du développement. Tous les travaux de Ouagadougou constituent pour nous, une somme de contributions qui pourront être utilisées à l’intention des chefs d’Etat et de gouvernement. Au mois de juin sera organisé un colloque avec l’Agence universitaire de la Francophonie. Il portera sur la thématique du développement et rassemblera des universitaires et des scientifiques. Ceux-ci apporteront leurs contributions. Ce n’est pas pour flatter les Burkinabè, mais il est rare de voir un Sommet de la Francophonie aussi riche en préparation thématique que scientifique et politique comme celui de Ouagadougou. L’on sent également tout le sérieux qui est mis pour son organisation matériel.

Il appartient donc aux organisateurs de faire la synthèse d’une manière éclairée de tous ces travaux, réflexions et contributions pour que les Chefs d’Etat et de gouvernement les aient sur leur table au moment du sommet.

S. : Quel sera l’apport du Sommet de Ouagadougou dans l’avancée de la Francophonie d’une façon générale ?

R.D. : Il y a trente ans que l’Agence internationale de la Francophonie existe. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à des sommets de chefs d’Etat et de gouvernement. La Fancophonie a toujours travaillé sur des thèmes relatifs à l’éducation, à l’agriculture, la culture, l’économie, la place de la femme, les nouvelles technologies , etc. Ces sujets faisaient l’objet d’une réflexion au niveau des ministres ou des chefs d’Etat. Mais voilà que le Burkina Faso l’identifié un thème sur "La solidarité et le développement durable". Ce thème à lui seul prend en compte l’ensemble des préoccupations des sommets antérieurs. Le Sommet de Ouagadougou ne se penchera pas sur un seul aspect du développement.

Le rendez-vous de Ouagadougou sera une rencontre de synthèse. Ce sera l’occasion de faire le point des actions de la Francophonie depuis trente ans. L’institution va également redéfinir sa stratégie pour rebondir en identifiant de vraies priorités. Du point de vue de l’importance des travaux et de leur contenu, Ouagadougou sera un tournant dans la vie de la Francophonie. Hanoï a été certes un tournant mais au plan institutionnel car c’est lors de ce sommet que le poste de secrétaire général a été créé.

Et aujourd’hui, personne ne peut nier le travail considérable abattu par M. Abdou Diouf.

Le sommet de Ouagadougou apportera une touche particulière au contenu des actions de la Francophonie.

S. : Le Sommet de Beyrouth a abordé la dimension politique de la Francophonie. Cet aspect est-il pris en compte aujourd’hui par la Francophonie, vu les conflits en Afrique ? Que fait la Francophonie pour la résolution des conflits ?

R.D. : La Francophonie politique n’est pas seulement la résolution des conflits. Elle se bat pour la diversité culturelle pour faire en sorte que l’UNESCO adopte une convention sur ce sujet.

Lorsque la Francophonie prend position pour l’éducation pour tous, elle fait de la politique. Mais c’est de la politique transversale qui embrasse tous les domaines.

Pour ce qui concerne la résolution des conflits, la Francophonie est active mais elle ne peut pas se substituer ni aux Nations unies ni à l’Union africaine.

Les cas du Togo, de la République démocratique du Congo ou de la Côte d’Ivoire ont vu l’implication de la Francophonie qui a abouti aux accords de Linas Marcoussis. Elle est membre du Comité de suivi à Abidjan ; le représentant spécial du secrétaire général de la Francophonie œuvre aux côtés des autres institutions pour l’application des accords. La Francophonie est active, mais je le répète, elle ne peut pas remplacer les acteurs nationaux dans la résolution des conflits. Elle vient toujours accompagner et éclairer les protagonistes des conflits dans la recherche de la paix.

Propos recueillis par Zakaria YEYE
et Ibrahiman SAKANDE
Transcription : JESP
Sidwaya

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