LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Dégradation des infrastructures routières à Manga : Des travaux d’envergure en chantier

Publié le mercredi 25 juillet 2007 à 07h54min

PARTAGER :                          

Jean Claude Bouda, maire de Manga

Dans notre édition du 22 juin dernier dans la rubrique “ Constat ”, nous avons fait l’état de la dégradation des infrastructures routières à Manga. Selon l’esprit de cette rubrique qui est de susciter le débat sur des sujets de société, nous donnons la parole aux autorités concernées par le phénomène.

Le présent numéro aborde les causes diverses liées à la dégradation des routes, les actions entreprises et les perspectives pour un meilleur réseau routier.

Le précédent numéro de constat a été diversement apprécié par les usagers et les responsables des structures interpellés. Si le maire de la commune de Manga, Jean Claude Bouda, s’est abstenu de tout commentaire sur l’article, le directeur régional des Infrastructures et du Désenclavement, Yahya Saba, lui, n’a pas manqué d’exprimer son indignation quant au traitement de l’information. Quant aux usagers, ils considèrent cet article comme un porte-parole qui a présenté des préoccupations réelles.

Des bulldozers ronronnent sur l’axe Manga-Gulagon

Moins d’une semaine après la publication de l’article précédent de constat, des travaux d’urgence ont été mis en œuvre sur les points critiques des infrastructures routières. Selon le Secrétaire général du ministère des Infrastructures et du Désenclavement, Issa Toé, une situation des dégradations avait été acheminée en vue de requérir l’autorisation d’engager des travaux dits d’urgence.

Selon le directeur régional, c’est cette procédure qui a permis d’obtenir l’accord de principe des autorités bien avant la publication de l’article. Ces travaux d’urgence coûteront à l’Etat la bagatelle de soixante millions de francs. La situation d’urgence impose à l’entreprise attributaire du marché, un délai d’exécution de deux mois.

Pour Bruno Bika, technicien de génie rural et conducteur de travaux, la route sera remise en état avant ce délai. Les travaux à effectuer concernent cinq points critiques dont les plus inquiétants sont les ouvrages de Louré et de l’entrée de Gomboussougou sur l’axe Manga-Gulagon. Ils devraient permettre de reconstituer les remblais emportés par le déversement des fortes pressions ayant emporté plus de quatre mille 4 000 m3 de terre.

La protection des remblais s’impose, également. Pour cela, la réalisation de perrés et la mise en place d’un tapis de moellons est prévue. Pour éviter des situations similaires, a confié Monsieur Bika, l’aval des ouvrages se verra renforcé par la mise en place de gavions à base de cailloux sauvages.

L’exécution de toutes ces tâches ne va pas sans difficultés. En effet, compte tenu de la période hivernale, l’entreprise est confrontée à un problème de main d’œuvre qualifiée. Monsieur Bika évoque aussi les perturbations de l’emploi de temps liées aux pluies auxquelles s’ajoutent la grande distance à parcourir pour transporter certains agrégats. Cependant, l’entreprise n’a encore rien perçu pour les travaux. Qu’à cela ne tienne, garantira le technicien, toutes les dispositions matérielles et financières seraient réunies pour l’exécution des travaux. “C’est vrai qu’en travaux public il faut attendre parfois longtemps avant d’être payé, mais comme l’Etat a toujours réglé ses dettes, nous sommes sereins".
Si sur l’axe Manga-Gulagon, des actions sont en cours, il n’en est pas pareillement pour la voirie municipale et les autres pistes d’accès à Manga.
De la situation, le maire de Manga dit en être conscient. Seulement, la commune est limitée en moyens, selon lui. Les usagers des axes Manga-Kaîbo, Manga-Basgana, Manga-Zigla devraient donc prendre leur mal en patience.

Une journée sur le réseau routier

Les causes des dégradations sont de deux ordres : les facteurs liés aux phénomènes naturels et les actions liées à l’action de l’homme. Pour Yahya Saba, “l’eau est l’ennemi n° 1 de la route”. Il illustre ses propos par le fait que les précipitations du 6 juin (150 mm) ont conduit à l’aggravation de l’état de dégradation de certaines routes du réseau. Quant aux actions de l’homme, le directeur régional les qualifie d’“actes de vandalisme et d’incivisme”.

Les plus récurrents et les plus dégradants sont le ramassage des agrégats dans les fossés latéraux, le non-respect des barrières de pluies, les excès de vitesse, les surcharges. L’importance du trafic joue aussi un rôle important en matière de dégradation. M. Saba estime que son réseau a un important trafic du fait que Le maire, lui, indexe les entreprises de transport de sable. L’importance du trafic sur la RN 29 s’est beaucoup intensifiée avec la découverte de l’or à Youga avec son cortège de gros engins qui passent et repassent à longueur de journée. Certains usagers que nous avons trouvés sur place accusent la qualité des travaux lors de leurs exécutions.

C’est en compagnie du chef du service régional des routes et des pistes rurales, M. Négalo, que nous avons passé une journée sur le réseau routier. Cette journée a consisté, en compagnie des techniciens, en la vérification et en des mesures des points réhabilités du bitume, à la mesure des distances des fossés latéraux curés, en la vérification de la pose des panneaux de signalisation et de la qualité des rechargements des nids de poule sont autant d’activités auxquelles s’est adonnée l’équipe. “Nous prêtons également attention au déblayage des voies en vue d’en assurer une meilleure visibilité des usagers ”, a précisé M. Négalo. Un total de cinquante huit tâches dont chacune a sa période d’exécution et sa procédure de mise en œuvre ont été identifiées pour les travaux routiers.

214 km de bitume et 416 km de routes en terre forment le réseau classé entretenu par la direction régionale des Infrastructures et du Désenclavement du Centre-sud. Au compte de l’année 2006, cent quarante trois(143) millions, sur un total alloué de cent soixante quatre millions (164) millions soit un taux d’exécution de 88 %, ont permis à la direction régionale d’assurer l’entretien courant de son réseau. Dans le contexte actuel du Burkina, l’entretien automatique de toutes les routes n’est pas encore possible, justifiera M. Saba.

Au cours de la pérégrination, l’étroitesse d’un ouvrage a retenu l’attention. Située à la sortie de Gogo, l’ouvrage est de trois mètres de largeur contre près de cinq de profondeur. Sa dangerosité est accentuée par l’absence de garde-fous. Bamogho de Nobéré, vedette de la chanson traditionnelle, que nous avons rencontré sur cet axe, a déploré une telle situation. Selon les autochtones riverains, cette route aurait été construite en 1950. Le programme de réhabilitation exécuté en 1983 n’a pas pris en compte la reprise du pont, ont expliqué les techniciens des infrastructures.

Perspectives

La route étant un facteur primordial de développement, des initiatives sont prises à tous les niveaux pour accroître quantitativement et qualitativement l’offre en infrastructures routières. Dans son argumentaire, le directeur régional s’est référé aux programmes de bitumage dont l’étude vient d’être entamée, et aux dernières conventions en matière de désenclavement dont le Fonds de l’entretien routier (FER) qui viennent d’être signées par notre pays.

La région du Centre-Sud, ajoutera-t-il, dispose d’un plan régional de désenclavement dont le financement apportera des solutions idoines aux préoccupations des populations. La commune de Manga vote annuellement une enveloppe de huit millions pour l’entretien courant des routes. Ce montant, reconnaît le bourgmestre, est loin de résoudre le problème. C’est pourquoi, Jean Claude Bouda invite des partenaires à appuyer la commune dans ce sens. Quant aux entreprises qui ont contribué à la dégradation, le maire dit avoir sollicité leur intervention. La mise en œuvre du plan quinquennal de développement de la commune prévoit la réalisation de bon nombre d’infrastructures.

La commune souhaite aussi instituer un service de la voirie municipale. En attendant, la direction régionale est confiante qu’avec le dispositif de communication mis en place par le gouverneur de la région et qui met en contact autorités administratives, communales, forces de sécurité et services techniques des infrastructures, le réseau du Centre-Sud ne connaîtra pas de coupure. "Wait and see ".

Zakaria BAKOUAN
(AIB Manga)

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km